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Au nom de la loi, ils ont célébré leur union

Si dans une société moderne le mariage est le fruit d’un consentement entre un homme et une femme, les parents et la société en général se permettent de s’y ingérer au nom de la coutume. Pourtant, seule la loi a le dernier mot

Il s’agit d’une histoire d’un certain Olivier Iribagiza, un jeune homme de 28 ans et de Jacqueline Ndikumagenge de 57 ans qui ont décidé de se marier. L’histoire fait la buzz sur la toile. Certains évoqueraient l’envoûtement du garçon par la femme. D’autres diraient que c’est par profit que le jeune homme a accepté de se marier avec cette femme. Les tantes du jeune homme se sont opposé à ce mariage et ont décidé d’adresser une correspondance au maire de la ville de Bujumbura pour l’annuler étant donné que la loi dit que le droit de former opposition à la célébration d’un mariage appartient à tout intéressé, au ministère public, ainsi qu’à l’officier d’état civil. Cependant, cette opposition doit être motivée par l’absence de l’une des qualités et conditions requises pour contracter mariage ou l’existence de l’un des empêchements au mariage. Après avoir analysé les dispositions légales régissant  l’opposition à la célébration d’un mariage, le maire a rejetée l’opposition et le mariage été célébrée.

L’opposition au mariage doit être motivée par l’absence de l’une des qualités et conditions requises pour contracter un mariage ou l’existence de l’un des empêchements au mariage.

Que dit la loi ?

D’abord, le code des personnes et de la famille, dans son article 87, stipule que le mariage est l’union volontaire de l’homme et de la femme conforme à la loi civile. La loi fixe ainsi l’âge minimal pour se marier. L’homme, avant vingt-et-un ans révolus et la femme avant dix-huit ans révolus ne peuvent pas contracter un mariage. Néanmoins, le gouverneur de province peut accorder  dispense d’âge pour motifs graves. Là, il faut signaler que la loi ne dit rien sur l’âge maximal pour se marier.

Cependant, le mariage est prohibé dans certains cas. De l’article 97 à l’article 112, le code parle des empêchements possibles, notamment le mariage entre  parents et entre alliés, entre l’adoptant, l’adopté et leurs descendants, entre l’adopté et le conjoint de l’adoptant ainsi qu’entre l’adoptant et le conjoint de l’adopté.

Pour le remariage (après veuvage ou divorce), la loi prévoit une période de viduité (article 102). « Afin d’éviter les conflits de filiation paternelle concernant les enfants qui ont pu être conçus pendant la période au cours de laquelle les époux se trouvaient en instance de divorce ou encore pendant la période qui a précédé le décès du mari de la mère, la loi institue un délai de 300 jours pendant lequel cette dernière ne peut contracter un nouveau mariage », explique Christophe Bavumiragiye, enseignant des cours de droit dans les universités.

L’ingérence de la société a une explication

Si cette différence d’âge entre les futurs mariés fait suscite  l’ingérence des parents, c’est que dans la coutume burundaise le mariage n’est pas un acte individuel.  Il a une forte dimension communautaire. Un autre constat est que cela ne devient un problème  que lorsque la femme   est plus âgée que l’homme.

Cela aussi a une explication. Bavumiragiye explique que dans la conception africaine en général et burundaise en particulier, la dignité de l’homme  et de la femme se mesure en fonction  de la paternité et de la maternité et l’enfant est toujours  considéré comme une richesse. Donc, quand une femme a atteint l’âge de ne pas concevoir, cela est vu du mauvais œil par la famille du futur époux  «Ainsi, le statut de père et de mère a la préséance sur celui d’époux et d’épouse», dit-il.

Autrefois, le mariage était une affaire de famille tandis qu’aujourd’hui, c’est tout à fait le contraire : les futurs conjoints arrangent tout à leur guise. Peu importe le motif derrière, seule la loi peut trancher

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