Les banques commerciales déplorent le fait que les mesures qui sont en train d’être prises par la BRB rendent plus élevé le coût du crédit. Ce qui risque d’engendrer le niveau élevé de non remboursement du crédit. Il ne sera pas aussi facile de financer le secteur privé
Le secteur bancaire est confronté à pas mal de défis, déplore Roger Guy Ntwenguye, président de l’Association des Banques et Etablissements Financiers (ABEF) lors de la semaine dédiée au Banquier.
Il cite premièrement les griefs d’ordre macroéconomique tels que la guerre qui oppose l’Ukraine et la Russie et la pandémie de Covid‐19.
«Vous savez que ces facteurs ont paralysé le monde entier. Et le secteur bancaire burundais n’a pas été épargné, car le Burundi n’est pas une île», précise Ntwenguye. Il explique que l’Ukraine fait partie des premiers producteurs de fertilisants et que la Russie produit beaucoup de carburant.
Si ces pays sont alors instables, il indique que la majorité des pays du monde entier est par conséquent touchée, y compris le Burundi. Le niveau de l’inflation a augmenté et le cours de change du BIF a subi de grandes variations.
Le pire est que la pandémie de Covid ‐19 qui a aggravé la situation, car pas mal d’entreprises ont fermé les portes. Selon Ntwenguye, tout cela a impacté le secteur bancaire burundais.
Les autres défis sont liés à la législation à l’interne. Il cite à titre illustratif l’augmentation du taux directeur par la Banque de la République du Burundi qui est passé de 5% à 10%. Ce banquier explique que ce taux permettra aux banques commerciales de réajuster les taux d’intérêts. Autrement dit, il y aura une augmentation du taux d’intérêt.
Les conséquences risquent d’être fâcheuses
Et par conséquent, le coût du crédit sera élevé. «Pour les banques commerciales, il ne sera pas facile de financer l’activité commerciale. Pour les clients, le remboursement du crédit ne sera pas facile», argue Ntwenguye.
Selon toujours lui, cette nouvelle réforme de la politique monétaire vient s’ajouter aux autres mesures qui ont été prises ces derniers jours et qui font que le coût du crédit soit toujours élevé.
Il cite la taxe sur l’activité bancaire qui est de 8% et les frais destinés à l’inscription hypothécaire au titre foncier. « Toutes ces mesures contribuent à la cherté du crédit », déplore Ntwenguye.
Il fait remarquer que cette situation se présente ainsi au moment où le niveau de non remboursement du crédit est déjà élevé.
Plus de 1000 milliards de FBu non recouvrés
Sur un encours crédit de 6000 milliards de FBu dont 2000 milliards de FBu accordés à l ’Etat et 4000 milliards de FBu accordés aux opérateurs économiques, plus de 1000 milliards de FBu n’ont pas été recouvrés. Le secteur bancaire est très confronté à ce défi de non remboursement du crédit.
Et le pire est que les banques ne gagnent pas le procès si on porte l’affaire devant les juridictions, s’inquiète-t-il.
Audace Niyonzima, ministre ayant les finances dans ses attributions demande aux banques commerciales de contribuer au développement du pays.
Il leur a demandé de s’impliquer dans la réduction de l’écart entre le taux de change officiel et le taux de change parallèle, car le constat est qu’actuellement le marché de change est presque dans la rue.
Dans une conférence de presse organisée jeudi le 7 décembre 2023, Faustin Ndikumana, président de l’Ong locale PARCEM croit que l’augmentation du taux directeur par la BRB rentre dans le cadre de la recherche des voies et moyens de rembourser la dette publique qui est actuellement estimée à plus de 6000 milliards de FBu.
Notons que le taux directeur est le taux d’intérêt fixé par une Banque centrale pour les prêts qu’elle accorde aux banques commerciales.