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Avoir accès aux crédits, un casse-tête pour les jeunes

Jeudi le 23 décembre 2021, CREOP-Jeunes a organisé à Bujumbura un atelier de réflexion et d’échanges sur « L’étude centrée sur les contours, les barrières et les opportunités d’accès aux crédits bancaires pour les microprojets des jeunes ». Il s’avère que les institutions financières se méfient des jeunes quand ils demandent des crédits pour lancer leurs projets

Dans son mot d’accueil, Lydie Ndayishimiye, Directrice Exécutive de l’organisation dénommée Création des Opportunités pour les Jeunes (CREOP-Jeunes) fait savoir que la jeunesse doit être le premier artisan de son propre développement. De ce fait, pour que les efforts fournis par l’Etat et ses partenaires techniques et financiers produisent les résultats escomptés, la plus grande partie de l’engagement revient aux jeunes.

Mme Ndayishimiye indique que CREOP-Jeunes encadre la jeunesse à travers le programme d’appui à la création des opportunités pour les jeunes. Pour ce faire, cette organisation a mis en place un système d’orientation professionnelle qui offre aux jeunes une bonne transition entre la formation scolaire ou académique et le milieu du travail. C’est à travers ce canal que les jeunes sont encadrés pour devenir de meilleurs employés ou employeurs. Pour illustrer cela, plus de 419 groupements de solidarité ont été initiés aux activités entrepreneuriales à travers le projet d’appui à la résilience socio-économique des jeunes appuyés par l’Unicef en province de Ruyigi et dans d’autres provinces.

Lydie Ndayishimiye, Directrice Exécutive de CREOP-Jeunes (à gauche) : « La jeunesse doit être le premier artisan de son propre développement ».

Malgré tout, le chômage reste un problème majeur

« La crise financière au Burundi a empiré une situation socio-économique déjà fragilisée par plus d’une décennie de crise socio-économique. Le nombre de chômeurs a augmenté à cause de pas mal d’entreprises qui ont la clé sous la porte », précise Adolphe Banyikwa, assistant du ministre de la Fonction Publique, du Travail et de l’Emploi. A cela s’ajoute le retour massif des exilés qui doivent eux aussi trouver de l’emploi.

En plus, les écoles et les universités tant publiques que privées forment un nombre élevé de lauréats alors que la disponibilité des emplois sur le marché du travail affiche une courbe descendante. Et les ménages sont dans l’incapacité de disposer un minimum de protection sociale par manque de revenus qui peuvent leur permettre d’accéder aux soins de santé, à la scolarisation des enfants, etc.

Selon M. Banyikwa, cela démontre que le chômage et la pauvreté sont des obstacles majeurs à une vie sociale réussie. Pour y remédier, les acteurs nationaux et les partenaires dans la promotion des initiatives de création d’emploi au Burundi ont des rôles et des responsabilités à jouer.

Le taux de chômage toujours en hausse

Dans son exposé, Sandrine Mukarwogera présente alors l’étude proprement dite sur les contours, les barrières et opportunités d’accès au crédit pour les microprojets des jeunes. Elle l’a réalisée conjointement avec Tharcisse Ndayizeye. A travers cette étude, elle fait savoir que le chômage des jeunes est un problème fondamental au Burundi. Aujourd’hui, le taux de chômage s’évalue autour de 45 % au Burundi, mais, en réalité, le pourcentage des jeunes qui cherchent le travail est encore plus élevé (environ 80 %). Et le secteur privé n’est pas suffisamment développé pour engager ces jeunes. En conséquence, beaucoup d’entre eux sont obligés de se tourner vers le secteur informel.

Malgré que le chômage sévisse véhément au pays, les jeunes qui se lancent dans l’entrepreneuriat font face à de nombreux défis, notamment le manque de financement. Selon Mme Mukarwogera, les barrières au financement des microprojets des jeunes sont innombrables. Les jeunes éprouvent des difficultés d’accès aux services financiers pour des raisons de non disponibilité desdits services dans leurs zones. Ils sont souvent considérés comme des bénéficiaires des prêts à haut risque parce qu’ils n’ont pas d’expérience dans la gestion des entreprises. De plus, les jeunes ont peu de biens propres pouvant servir d’hypothèque. Le kit de démarrage et la compétence technique font également défaut.

Manque de crédit, un défi à relever

Dans son exposé, Steve Kareke, conseiller au ministère de la Fonction Publique, du Travail et de l’Emploi, a confirmé que la problématique de l’accès au crédit est une entrave à l’auto-emploi et à l’entrepreneuriat au Burundi. Pourtant, le Burundi dispose d’un système financier assez diversifié, mais les produits financiers sont en général inaccessibles et inadaptés aux profils des primo-entrepreneurs. Plusieurs contraintes limitent leur accès aux financements du système bancaire et de la microfinance.

En premier lieu vient la faible culture d’éducation financière. Le faible niveau d’éducation financière est régulièrement mis en exergue par les acteurs du système financier. La culture du crédit est très faible. La plupart des jeunes porteurs de projets développent la perception que les prêts bancaires ont une vocation de gratuité et non de capital d’investissement nécessaire pour générer des profits dont une partie devra être utilisée pour le remboursement.

Deuxièmement, c’est l’incompétence dans l’élaboration des plans d’affaires fiables. Les jeunes se présentent le plus souvent devant les institutions de financement pour demander de crédits mais, malheureusement, ils sont souvent dépourvus de plans d’affaires bancables.

En troisième lieu, c’est l’incompétence technique et l’inexpérience dans la gestion des activités génératrices de revenus. Ce qui fait que les acteurs du système financier considèrent les jeunes comme des clients non recevables.

En plus de cela, les banques et les institutions de microfinance demandent des hypothèques aux jeunes alors que ces derniers n’en disposent pas. En fin de compte, les taux d’intérêt sont élevés et la durée des encours de crédits ne rime pas avec la maturité requise pour rentabiliser certains investissements.

Selon M. Kareke, pour faire de l’entrepreneuriat une solution pertinente et durable au chômage des jeunes, les systèmes de formation (écoles techniques, universités, programmes de formation en entrepreneuriat, incubateurs d’entreprises, etc.) devront prendre en compte l’éducation sur la gestion et l’inclusion financière et inciter les jeunes à épargner quel que soit leur niveau de revenus.

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