Les radios communautaires sont actuellement reconnues par des instances multilatérales comme l’UNESCO, l’Union Internationales des Télécommunications (UIT)… Seulement, ici ou ailleurs, en l’absence d’une législation et d’une réglementation claire, spécifique et appropriée, elles risquent d’avoir le même statut que celui des radios privées. D’où la nécessité d’inviter toutes les parties prenantes de ce secteur à jeter les bases de cette réflexion
Les médias communautaires constituent un élément essentiel d’un secteur médiatique pluraliste et en bonne santé. Ils sont indépendants et à but non lucratif. Ils servent et sont gouvernés par les communautés qu’ils présentent. La radio communautaire a pour rôle, ou mieux but, d’accorder la parole à ceux qui en sont privés, de servir de porte-voix aux populations marginalisées. Elle se situe au cœur du processus de communication et de démocratisation des sociétés.
La frontière entre les radios communautaires et les radios commerciales, identifiées et connues sous le vocable de radios indépendantes ne soit pas suffisamment claire. De façon particulière, cette situation s’observe au Burundi si bien qu’elle mérite d’être clarifiée et sans délai.
C’est en fait l’objectif d’une consultation nationale qui a duré trois jours sur la durabilité des radios communautaires, depuis mardi le 2 juillet 2019. Cette consultation était organisée par le ministère de la Communication et des Médias en collaboration avec l’UNESCO.
Etats des lieux des radios communautaires au Burundi
Selon les intervenants à l’ouverture de cette consultation, il n’y a pas de définition commune et claire des radios communautaires.
La majorité des radios locales émettent à partir de la capitale économique Bujumbura. Ils ne couvrent pas tout le territoire national. Les radios dites communautaires couvrent pour l’essentiel le monde rural mais il sied de constater que sur les 19 provinces que comptent le pays, seules 6 provinces sont couvertes par ces mêmes radios. Différents coins du pays comme le Centre, le Nord, et le Sud-Ouest sont couverts par ces radios alors que la partie Est du pays n’est pas couverte par beaucoup de radios communautaires.
Que dit-on dans le Plan National de Développement (PND) ?
Le PND (2018-2020) est un document de référence de tous les secteurs de développement au Burundi au niveau national, régional et international. Il prévoit la promotion du plan de développement intégral du monde rural. En son point 40 des pages 22 et 23, le PND prémédite un budget respectivement de 17,60 et 47,49 milliards pour la modernisation de la radio et de la télédiffusion et le renforcement des capacités institutionnelles des médias. Evode Ndayizigiye, conseiller au cabinet du ministère de la Communication et des Médias a demandé aux participants de saisir l’occasion pour formuler des recommandations à l’endroit des décideurs pour qu’ils tiennent en compte les radios communautaires dans l’exécution du plan.
Quid de la législation ?
Le cadre réglementaire du Burundi n’a pas prévu de dispositions particulières pour la création et l’exploitation des radios communautaires.
A la lecture des principaux textes régissant la presse au Burundi, en particulier la loi sur la presse et la loi organique sur le CNC, le législateur Burundais a parlé des médias en général et quelque part de la radiodiffusion. « A y voir de plus près, le vocable radiodiffusion communautaire n’apparait qu’une seule fois à l’article 65 abordant la publicité dans la loi N°1/19 du 14 septembre 2018 portant modification de la loi N°1/15 du 9 mai 2015 régissant la presse au Burundi de même que les radiodiffusions conventionnelles et associatives », commente Mr Ndayizigiye
Frédéric Nahimana, ministre de la Communications et Médias estime que les recommandations qui proviendront de cette consultation, permettront de créer un cadre règlementaire pour les radios communautaires, de donner une définition claire de la radio communautaire ainsi que les conditions pour l’octroi des licences.
Jean-Roland ONANA NKOA, chargé de la communication au bureau régional multisectoriel de l’UNESCO pour l’Afrique, a expliqué comment l’expérience des autres pays montre que le bon développement de ce secteur dépend de l’apport d’un financement public. Au ministre d’ajouter : « On n’aide pas celui qu’on ne connait pas. On attend plus d’éclaircissements pour cadrer l’implication de l’Etat »