Le modèle des coopératives est en vogue. Le gouvernement encourage les producteurs à intégrer les coopératives pour accroître la production. D’ailleurs, en 2019, lesdites coopératives collinaires bénéficient des financements dans la mise en œuvre de leurs projets de développement. Lors de la première phase de financement, plus de 30 milliards de FBu ont été octroyés sous forme de crédits aux 2 911 coopératives collinaires éparpillées sur tout le territoire du Burundi. Deux ans après, le gouvernement a évalué les performances des coopératives et leur contribution dans le développement du pays. Plus de 60% des coopératives font déjà des bénéfices alors que 8% sont dans le rouge. Des résultats qui rassurent les autorités mais qu’en est-il du remboursement du crédit ? Il est plutôt difficile de déterminer avec exactitude le montant déjà recouvré auprès des coopératives. Ce qui est sûr c’est que les coopératives ont déjà bénéficié d’une autre tranche pour poursuivre leurs activités.
Benjamin Kuriyo, Directeur de publication
Certes il y a des coopératives qui parviennent à fructifier leurs capitaux pour avoir des revenus, mais le leadership à la tête des coopératives influe sur leurs performances. L’étude faite par le Fonds National d’Investissement Communal (FONIC) fait ressortir quelques facteurs majeurs qui handicapent les activités des coopératives collinaires. Ce sont notamment le leadership organisationnel défaillant, l’ingérence de l’administration et/ou des services communaux déconcentrés dans l’encadrement des coopératives, l’incompatibilité des projets avec le milieu. La plupart des coopératives ont investi dans les activités agricoles sans étude préalable des besoins et du marché d’écoulement. Hélas, les producteurs se sont heurtés au manque de terres arables, à la cherté des intrants. Ce qui fait exploser les facteurs de production. La chute des prix pendant la période de récolte couplée au manque d’infrastructures de base pour conserver et/ou valoriser la production affectent les coopératives agricoles.
La mise en place des coopératives collinaires a fait couler beaucoup d’encre et de salive. Certains députés ont émis des réserves sur la faisabilité de ce projet. Ils arguent que les coopératives ont été mises en place à la va vite et n’avaient pas assez d’expériences dans la gestion financière. D’ailleurs, ils ont émis des doutes sur le mécanisme de financement de ces coopératives. Le ministre en charge des finances s’est montré plutôt rassurant. Cette politique a été largement défendue et vulgarisée auprès des bénéficiaires. « Le gouvernement appuie les coopératives existantes qui œuvrent dans la production, la transformation et la conservation des produits agricoles. Ces dernières ne sont pas des coopératives spontanées. Ce ne sont pas des fonds perdus du tout, a-t-il déclaré dans l’hémicycle de Kigobe lors de la présentation du projet de loi des finances, exercice 2019-2020.
En novembre dernier, le président de l’Assemblée Nationale, Daniel Gélase Ndabirabe a mis en garde les gérants défaillants de ces coopératives. Il s’agit d’un prêt à rembourser, a-t-il martelé. Il a recommandé aux coupables des détournements des fonds de les rembourser avec intérêts.
Le modèle coopératif repose sur des principes concernant les valeurs de prise en main et de responsabilités personnelles et mutuelles, de démocratie, d’égalité, d’équité et de solidarité. Il importe de rappeler trois des sept principes sous-tendant une entreprise coopérative. L’adhésion doit être volontaire et ouverte à tous. La coopérative doit avoir une autonomie et une indépendance des membres. Pour couronner le tout, les membres ont intérêt à travailler pour le bien-être collectif.
Normalement, les coopératives sont des entreprises centrées sur les personnes, qui sont détenues et contrôlées par leurs membres pour satisfaire leurs aspirations et besoins économiques, sociaux et culturels communs. Elles rassemblent les individus de manière démocratique et sur un même pied d’égalité. Les pouvoirs publics n’interviennent pas dans la gestion et l’organisation des coopératives. A la veille de l’adoption d’une nouvelle loi budgétaire, faudra-t-il repenser le modèle des coopératives à la burundaise pour que l’argent du contribuable soit utilisé à bon escient !