La plaine de l’Imbo fait face à une extension grandissante de la ville de Bujumbura. Les nouvelles constructions s’étendent aux espaces jadis réservés aux activités agricoles. Ce phénomène se remarque surtout dans la partie Nord-Ouest de la capitale (Burere, Kiyange, Rubirizi et Kinama) où les rizières sont envahies par de nouvelles constructions
La ville de Bujumbura n’a cessé de s’accroître au cours des années. Tandis que la population burundaise était estimée à environ 4 millions d’habitants en 1980, elle a aujourd’hui triplé pour atteindre 12 millions d’habitants. Parallèlement, la population urbaine est aujourd’hui estimée à 1 million pour une densité avoisinant 10 000 hab. /km2 pour la seule ville de Bujumbura. L’exode rural devient de plus en plus un phénomène difficile à contrôler. Cette seule grande ville du pays attire des milliers de ruraux pour diverses raisons comme les études, le rapprochement familial, les raisons liées à l’emploi … Le rapport national sur l’habitat paru en 2015 montrait que la recherche de l’emploi constituait le premier motif du déplacement des personnes avec 38% des cas. La poursuite des études représentait 21% des cas, tandis que les raisons sécuritaires et le rapprochement familial constituaient 18% des cas.
Ainsi, les prix du loyer explosent et le logement devient la priorité pour des familles se jugeant capables de s’offrir un bâtiment modeste. Tout le monde veut se mettre à l’abri des difficultés liées au loyer. Dans son agrandissement, cette ville qui s’est spontanément développée dans la plaine de l’Imbo qui aurait été une véritable réserve agricole selon certaines opinions, n’a pas cessé de grignoter sur les terres cultivables.
Les champs au départ réservés à la culture du riz sont progressivement engloutis par la ville en expansion.
Des zones agricoles menacées
Les terres cultivables, en l’occurrence celles de la zone Butere ou celles de la zone Kinama font face à une disparition progressive. La riziculture qui se pratiquait dans ces espaces ne constitue plus une priorité pour les nouveaux propriétaires des parcelles. Ni eau, ni boue ni inondations récurrentes ne semblent faire peur à ces âmes obstinées par le seul objectif : avoir son propre logement à Bujumbura. A Butere, des hectares de terres cultivables sont envahis par des constructions. Les maisons poussent comment des champignons. Les champs au départ réservés à la culture du riz sont engloutis par la ville de Bujumbura en expansion. En arrivant sur place, on aperçoit de nombreuses nouvelles maisons entourées de champs encore cultivables. Les voies de circulation sont quasi inexistant et sans formes géométriques régulières. Dans cette zone marécageuse, les ruelles sont boueuses et les habitations éparpillées.
Dans ces quartiers fantômes, les gens se lancent dans une forme de compétition dans la conquête de ces terrains et les champs font place aux constructions. Les zones marécageuses n’ont pas effrayé les gens qui sont à la quête des parcelles à bâtir.
La construction des maisons d’habitation ne constitue pas la seule menace à l’espace cultivable. Certaines activités anthropiques viennent s’ajouter à cette dernière. A Buterere, des espaces auparavant destinés à la culture du riz sont envahis par des fabricants de briques. Malheureusement, les espaces cultivables sacrifiés pour des intérêts de courte durée ne sont pas récupérables.
Ce n’est pas un phénomène nouveau
La menace que fait peser l’extension de la ville de Bujumbura de la ville sur les espaces cultivables ne date pas d’hier. L’histoire récente de la capitale économique le témoigne. Depuis des années, l’expansion de cette ville a occasionné la disparition de vastes espaces agricoles. Selon des témoignages, la ville de Bujumbura a connu un vrai essor depuis les années 70. Jusque dans les années 80, la ville était encore de petite taille. Gikungu et Gasenyi étaient occupés par des champs de coton et de manioc. Jabe était encore une réserve non bâtie et les quartiers périphériques comme Kinama et Buterere était réservées à la culture du riz. Cependant, les services en charge de l’urbanisation n’ont pas pu freiner ou contrôler l’expansion de la ville. Les quartiers périphériques ont continué à se développer dans l’ignorance totale normes d’urbanisation. Actuellement, il est impossible de reconnaître la limite entre le rural et l’urbain.
Au niveau de l’économie, les pertes sont énormes. En effet, la plaine de l’Imbo est le principal périmètre de production du riz consommé à Bujumbura et à l’intérieur du pays. La gestion des espaces se trouvant à la périphérie de la capitale économique permettrait de protéger les espaces cultivables et d’éviter des pertes socioéconomiques énormes en cas de catastrophes naturelles.