La traversée de la rue dans la ville de Bujumbura demande plus de précaution. Quid de la sécurité routière pour les petits écoliers sans accompagnement pendant les heures de pointe ? Même si la situation reste inquiétante, ce problème semble attirer l’attention des administratifs et des humanitaires
A 6h40, nous sommes déjà sur le Boulevard Mwezi Gisabo. L’air est encore frais. A cette heure, le flux de circulation s’accroit déjà. Les gens profitent de la fraîcheur matinale pour se rendre au boulot. Des véhicules qui roulent à grande vitesse, des taxis vélos avisés qui déplacent leurs clients, des motards et des touks-touks, mais aussi des piétons; tous sont présents dans cette voie qui dessert le centre-ville à partir des quartiers du Nord de la capitale. Dans la mêlée, les petits écoliers qui se rendent aux différentes écoles. Cahiers en mains et vêtus de kakis, ceux-là sont facilement reconnaissables.
Une situation particulièrement difficile à certains endroits
A 7heures, nous sommes sur le chaussée Buconyori qui sépare le quartier VI et le quartier IV de la zone urbaine de Ngagara. Là, il s’agit d’un véritable phénomène. Le nombre d’écoliers qui empruntent cette voie est impressionnant. Plusieurs d’entre eux sont de petits enfants. Apparemment issus de familles à faibles revenus, ces enfants qui sont obligés de traverser ces rues dangereuses ne sont guère accompagnés. Les conducteurs de véhicules, de motos, des touks-touks et de vélos semblent peu inquiétés. Certains roulent à grande vitesse. Ce qui peut causer des accidents ou retarder la traversée de ces enfants qui se rendent à l’école.
A cet endroit, pas de policiers pour assurer la sécurité des passants. A notre arrivée, nous avons trouvé sur place des volontaires de la Croix Rouge. Au niveau de cette avenue, ils ont choisi de se positionner sur deux endroits principaux. Une des personnes interrogées sur place affirme qu’il y avait déjà eu des accidents sur cette chaussée, arguant que ce service de la Croix Rouge est d’une importance capitale.
En gilets rouges marqués d’une croix au dos et un sifflet aux lèvres, cinq volontaires de la Croix Rouge aident les petits enfants à traverser la chaussée. De temps en temps, ils coupent la circulation pour laisser le passage aux écoliers. Parfois, ils se disputent avec des conducteurs qui veulent foncer malgré l’injonction de s’arrêter. «Nous restons jusqu‘aux environs de 7 h 40 quand nous sommes rassurés qu’il n’y a plus d’écoliers dans la rue», a indiqué un membre de l’équipe.
Ce phénomène ne touche pas uniquement les quartiers du Nord de la ville de Bujumbura. Les enfants qui fréquentent l’école primaire connue sous le nom de Stella Matutina située dans le centre-ville de Bujumbura font face au risque d’accident accru surtout à la rentrée et à la sortie des cours. Parmi ces enfants, certains viennent des montagnes qui surplombent la ville de Bujumbura. A part les difficultés qui s’observent lors de la sortie de l’école, ces enfants qui ne sont pas accompagnés doivent traverser plusieurs rues à leur retour à la maison.
Un problème qui nécessite des solutions
Selon Aloys Niyongabo, secrétaire provincial de la Croix Rouge dans la Mairie de Bujumbura, le problème est réel. « Nous avons lancé ce genre d’activité lors de la semaine dédiée à la sécurité routière. Nous avons constaté qu’il s’agit plutôt d’un travail d’envergure et nous avons jugé bon de continuer ». Ce responsable de la Croix Rouge indique que le problème lié au risque d’accident grandissant pour les écoliers s’étend sur l’ensemble de la ville de Bujumbura. « Nous avons l’intention de déployer nos agents dans tous les endroits où le besoin se fait sentir», promet Niyongabo.
Diminuer les accidents routiers semble faire partie des préoccupations de cette organisation humanitaire. Selon les propos de ce responsable, la Croix Rouge qui travaille en synergie avec le ministère en charge du transport envisage de former les chauffeurs aux premiers secours. Niyongabo lance un appel aux conducteurs pour qu’ils réduisent la vitesse de roulage.
Joint au téléphone, Rénovat Sindayihebura, administrateur de la commune Mukaza promet une intervention de l’administration pour préserver les écoliers des accidents routiers dont le risque s’accroit pendant les heures de pointe. « Nous avions déjà mis en place le comité mixte de sécurité humaine. Pour le moment, nous envisageons de créer un comité mixte de sécurité routière », rassure Sindayihebura. Selon lui, ce comité qui sera dirigé par l’administrateur lui- même devra être multicolore. Directeurs d’écoles, policiers, agents de la Croix Rouge et responsables administratifs conjugueront leurs efforts pour assurer la sécurité routière des enfants. Nous n’avons pas pu obtenir la réaction de l’administrateur de la commune Ntahangwa sur ce sujet.