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Burundi : des pratiques qui contribuent à l’inégalité entre les filles et les garçons

Certaines activités sont considérées comme réservées aux filles : les travaux ménagers, la propreté des salles de classe, etc. Ce qui encourage l’inégalité entre les filles et les garçons.

Les tâches domestiques doivent s’accomplir indépendamment du sexe pour limiter l’inégalité entre les filles et les garçons.

 

Le Burundi est un pays où le patriarcat est roi. Dans les familles ou à l’école, les garçons sont un tout petit peu favorisés par rapport aux filles. Comment ? Il y a des travaux qui sont considérés comme réservés aux filles uniquement. Ce sont par exemple les travaux ménagers comme la lessive, la vaisselle, l’assainissement de la maison, puiser de l’eau, faire la cuisine ou faire la propreté des salles de classe/cour de l’école. Pendant que les filles effectuent les travaux ci-haut évoqués, dans la plupart des cas, leurs frères se détendent ou jouent entre eux. « Là où j’ai fait l’école secondaire, ce n’étaient que les filles qui balayaient notre classe », affirme un natif de Gitega vivant à Bujumbura. Par contre, poursuit-il, les garçons étaient plus nombreux que les filles. La classe comptait plus de 60 élèves, mais les filles étaient au nombre de 15. Le délégué de classe les a subdivisées en groupes de « balayeuses » qui devraient balayer la classe chaque matin suivant un calendrier préétabli. Mais ce n’est pas un cas généralisé car, dans certaines écoles, la propreté des salles de classe est faite par tous les élèves (filles et garçons). Par exemple au lycée municipal de Mutanga (Bujumbura). Cela a été confirmé par Aline Kaneza, lauréate de cet établissement.

Un autre cas typique c’est au niveau des ménages. Par exemple, à Bujumbura, surtout dans les quartiers populaires, dans la plupart des cas, plusieurs familles vivent dans une même parcelle. Ainsi, plus pas mal de personnes vivent ensemble, plus l’assainissement doit être rigoureux. « Là où je vis, nous sommes mixtes, mais ce ne sont que les femmes et les filles qui assurent la propreté de la cour, des douches et des toilettes. Comme le propriétaire des maisons dans lesquelles nous habitons vit ailleurs, il a planifié un horaire suivant lequel nous devons faire ces travaux. Malheureusement, les hommes ne sont pas concernés », indique Amina (pseudo), une jeune fille vivant à Buyenzi (Bujumbura) à la 10ème avenue.

La société burundaise est-elle discriminatoire ?

« La société burundaise encourage l’inégalité entre les genres, car la manière dont elle façonne les hommes et les femmes n’est pas la même », indique Blaise Izerimana, socio-anthropologue. Il ajoute que les familles font systématiquement la « division sexuelle du travail ». Une fille est élevée pour devenir une bonne mère, tandis qu’un garçon est élevé pour qu’il soit un bon homme ou un chef de famille. La fille s’occupe des travaux ménagers et le garçon s’occupe des travaux plus ou moins durs : signe de virilité et la capacité de défendre sa famille. En conséquence, cela reflète même la vie des couples, car l’homme est considéré comme numéro un de la famille et la femme vient après.

« Le patriarcat a fonctionné depuis longtemps et a fini par être intériorisé par plusieurs générations burundaises. C’est une perspective de domination de l’homme sur la femme. Même aujourd’hui, au niveau du ménage, certains hommes pensent que la femme a des limites au niveau des responsabilités. Malgré ce décalage, la femme considère cela comme normal », a indiqué Lambert Hakuziyaremye, socio-anthropologue certifié en genre et développement dans nos éditions ultérieures. Il a ajouté que la femme s’occupe des tâches domestiques (umuzezwanzu) alors que l’homme s’occupe des travaux extérieurs comme l’approvisionnement en produits de première nécessité.

Pour y remédier, M. Izerimana propose que cela commence dans les familles. D’abord, l’homme et sa femme doivent être égaux dans le sens de la complémentarité où personne n’est au-dessus de l’autre (donc la masculinité positive). Même dans l’éducation qu’ils inculquent aux enfants, qu’ils évitent une éventuelle division. Surtout, tous les enfants doivent aller à l’école et avoir les mêmes chances sans distinction aucune.

Selon M. Hakuziyaremye, pour assurer une égalité effective entre l’homme et la femme, il faut que le problème de l’inégalité soit résolu en amont d’abord, commencer par la socialisation des enfants. On doit leur donner les mêmes chances et les mêmes opportunités. Que les tâches domestiques accomplissent indépendamment du sexe de l’enfant. Tous les deux doivent grandir en bénéficiant d’une même éducation non discriminatoire.

 

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