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Burundi et Tanzanie : Huit protocoles d’accords bilatéraux signés

Au regard des cérémonies qui ont caractérisé la visite d’Etat de Son Excellence Samia Suluhu Hassan, Président de la République Unie de Tanzanie, on peut conclure facilement que les relations entre le Burundi et la Tanzanie sont fructueuses. En marge de cette visite d’Etat, huit protocoles d’accords bilatéraux de coopération ont été signés. Néanmoins, ce qui est inquiétant c’est que ces relations ne riment pas avec leur niveau de développement. Les détails dans ce numéro 

Son Excellence Samia Suluhu Hassan, Président de la République Unie de Tanzanie a effectué en dates du 16 et 17 Juillet 2021 une visite d’Etat au Burundi.  Cette haute autorité était accompagnée d’une délégation de hauts cadres et opérateurs économiques tanzaniens. A son arrivée à l’Aéroport International Melchior Ndadaye, elle a été accueillie par le Vice-Président de la République Mr Prosper Bazombanza et a été ensuite conduite à la Présidence de la République. Elle a été accueillie par son Homologue Burundais, Son Excellence le Président Evariste Ndayishimiye et d’autres hauts cadres de l’Etat burundais.

Après que le chef d’Etat de la Tanzanie ait repiqué deux plants d’arbres dans la cour du palais Ntare Rushatsi, un tête-à-tête entre les deux chefs d’Etat a eu lieu. Ce tête-à-tête a été suivi d’entretiens bilatéraux et de la signature de huit protocoles d’accords bilatéraux de coopération. Il s’agit des protocoles sur la tenue des consultations politiques et diplomatiques, les secteurs miniers, de l’énergie, de l’éducation, surtout dans l’enseignement du Kiswahili au Burundi et du Français en Tanzanie, de la santé, de l’agriculture, de la pêche et le transfert des détenus.

Lors d’un point de presse organisé à cette occasion, le Président de la République Unie de Tanzanie a fait remarqué que sa visite au Burundi s’inscrit dans le cadre du renforcement des relations d’amitié et de coopération entre le Burundi et la Tanzanie.

En outre, elle a indiqué qu’elle vient exprimer sa gratitude envers les Burundais pour le soutien et la solidarité qu’ils ont témoignés à leurs voisins Tanzaniens pendant les moments de dures épreuves lors du décès de Son Excellence le Président John Pombe Magufuli. De plus, c’est pour féliciter personnellement les Burundais pour la célébration de leur 59ème anniversaire de l’Indépendance du Burundi vu qu’elle n’a pas pu se joindre à  eux au moment de cette célébration, le 1er juillet 2021.

Un leadership appréciable

Samia Suluhu Hassan a félicité  Ndayishimiye pour son leadership appréciable depuis sa prestation de serment en tant que Président de la République du Burundi, le 18 juin 2020. Elle a reconnu les grandes réalisations de Son Excellence le Président Evariste Ndayishimiye dans la consolidation de la paix, de la stabilité et de la confiance en soi au Burundi et elle a salué ses efforts inlassables en faveur du redressement économique, de la réconciliation nationale, de la promotion de l’Etat de droit, de la démocratie et de la bonne gouvernance dans notre pays.

La Tanzanie se réjouit du probable levé des sanctions contre le Burundi

Samia Suluhu Hassan se réjouit du retrait du Burundi de l’ordre du jour du Conseil de Sécurité des Nations Unies et du Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine ainsi que du probable levé des sanctions contre le Burundi par d’autres partenaires.

Les deux chefs d’Etat ont appelé les partenaires du Burundi qui n’ont pas encore levé les sanctions imposées en 2015 à le faire immédiatement afin de permettre la relance du développement socio-économique du Burundi. Ils se sont félicités de la tenue de la 6ème session de la Commission Permanente Conjointe de Coopération (CPCC) entre le Burundi et la Tanzanie tenue à Kigoma en Tanzanie du 3 au 5 mars 2021, qui a tracé les contours du cadre de coopération bilatérale entre les deux pays dans les domaines du commerce et de l’investissement, de l’agriculture, de l’éducation, de la santé, de la justice, de la défense et de la sécurité, du développement ainsi que les consultations politiques et diplomatiques et autres.

Samia Suluhu Hassan, Président de la République Unie de Tanzanie accueillie par son Homologue Burundais Evariste Ndayishimiye à la Présidence de la République.

Vers la construction conjointe du chemin de fer Uvinza-Musongati-Gitega-Uvira-Kindu.

Sachant que ces derniers jours la Tanzanie avait attribué le dépôt intérieur de conteneurs situé au port sec de Kwala au Gouvernement de la République du Burundi pour faciliter davantage la circulation des marchandises à destination du Burundi, les deux chefs d’Etat ont encouragé l’organisation d’une visite technique du site du port sec de Kwala dans l’immédiat. Ils ont également pris note de l’état d’avancement de la coopération en cours entre la République du Burundi, la République Démocratique du Congo et la République de Tanzanie sur la construction conjointe du chemin de fer Uvinza-Musongati-Gitega-Uvira-Kindu.

Concernant la coopération régionale et internationale, Samia Suluhu Hassan a félicité le Burundi pour le rôle important qu’il joue dans la promotion de la paix et de la sécurité dans la région et sa contribution aux opérations de maintien de la paix de l’ONU et de l’UA en envoyant des soldats en Somalie et en République Centrafricaine (RCA). Les deux chefs d’Etat ont réitéré leur engagement à continuer à travailler en étroite collaboration avec les Nations Unies (ONU) et d’autres instances régionales et internationales pour contribuer au renforcement de la paix, de la sécurité et de la stabilité, à la lutte contre le terrorisme, à la résolution des questions liées au changement climatique et au développement durable. Ils ont souligné leur attachement aux principes de la Charte des Nations Unies et à l’ordre international fondé sur des règles.

Son Excellence Evariste Ndayishimiye, Président de la République du Burundi a exprimé sa gratitude à la République de Tanzanie pour avoir accueilli les réfugiés burundais des années 1972 jusqu’ aujourd’hui et pour la solidarité sans faille qui leur a été témoignée au fil des années. Ils se sont également félicités du retour volontaire de nombreux réfugiés burundais dans leur pays natal pour profiter des dividendes de la paix, de la sécurité, de la stabilité et de la réconciliation au Burundi. Son Excellence Evariste Ndayishimiye, Président de la République du Burundi a réitéré sa gratitude à la République Unie de Tanzanie pour le rôle majeur qu’elle a joué dans la conclusion des Accords de Paix et de Réconciliation d’Arusha et dans tout le processus de réconciliation au Burundi grâce au leadership appréciable et inspirant de Son Excellence Julius Kambarage Nyerere, premier Président de la République Unie de Tanzanie et Père de la Nation.

Burundi -Tanzanie : leurs bonnes relations sont  réciproques

D’après les propos recueillis dans certains quartiers de la Ville de Bujumbura, les relations entre le Burundi et la Tanzanie sont bonnes car même le Président Ndayishimiye y a effectué une visite, quelques mois après son investiture.  Il s’agissait de la toute première visite officielle qu’il a effectuée en dehors de son pays.

Plus de 95% des marchandises vendues au Burundi passent par le port de Dar-Es-Salaam

En marge de cette visite, le Président tanzanien a fait savoir que  le commerce burundais est énormément tributaire de la Tanzanie. Plus de 95% des marchandises vendues au Burundi passent par le port de Dar-Es-Salaam. Et depuis 2006, il a indiqué que les revenus tirés du commerce transfrontalier sont estimés à plus de deux cent millions USD jusqu’à la fin de 2019. «Plusieurs entreprises burundaises opèrent en Tanzanie, de même les nôtres sont implantées au Burundi. Nous devons consolider cette économie ensemble(…). Nous avons construit des comptoirs de transformation du Nickel(…). Nous voulons aussi que l’or ainsi que d’autres minerais du Burundi transitent par nos comptoirs et guichets à Kigoma. Ainsi, nous allons avoir des devises à partager », a ajouté le président Tanzanien.

Le Burundi est tombé en récession en 2020

Néanmoins, ce qui est inquiétant c’est que les bonnes relations qui caractérisent les deux pays de la Communauté Est Africaine ne riment pas avec leur niveau de développement, laisse entendre un habitant du quartier Rohero qui a requis l’anonymat.  Selon les données de la BAD, le Burundi est tombé en récession en 2020 en grande partie à cause des effets de la pandémie de Covid-19. Le PIB réel s’est contracté de 3,3 % après une croissance de 4,1 % en 2019. La pandémie a particulièrement frappé l’industrie dont la production a chuté de 4,5 % et les services dont la production a baissé de 1,8 % par rapport à 2019. Du côté de la demande, les investissements ont chuté d’environ 3 %. La baisse de la production agricole combinée à la hausse des prix des produits importés a entraîné une forte augmentation des prix. L’inflation a augmenté de 8,5 points en 2020 pour atteindre 7,6 % comparée à –0,7% en 2019. Le déficit budgétaire a doublé pour atteindre 8,7 % du PIB en 2020 contre 4,2 % en 2019. Le taux de change entre le franc burundais et le dollar américain a baissé de 3,8 % entre mai 2019 et mai 2020.

En 2020, la dette publique représente environ 63,7 % du PIB

De plus, la dette publique intérieure du Burundi est estimée à 70%  et a fortement augmenté depuis 2015, date à laquelle les troubles civils ont provoqué un tarissement des financements extérieurs. En 2020, la dette publique représentait environ 63,7% du PIB. La dette extérieure était estimée à 18,4% du PIB en 2020 contre 36% du PIB en 2012, lorsque le Burundi a satisfait aux critères exigés pour bénéficier de l’intégralité de l’allégement de la dette dans le cadre de l’Initiative des Pays Pauvres très Endettés (PPtE). En raison du déficit commercial structurel et de l’augmentation continue de la dette intérieure liée aux déficits budgétaires persistants, le risque de surendettement du Burundi reste élevé. La mise en œuvre d’une réforme globale des finances publiques visant à atteindre un budget équilibré au fur du temps est une priorité essentielle pour la viabilité de la dette publique.

Par contre, en Tanzanie, la croissance a ralenti de 2,1% en 2020 contre 6,8% en 2019 en raison de la Covid-19. Le pays a mené une politique monétaire accommodante pour soutenir le crédit et la croissance économique, avec une réduction du taux directeur de 7% en août 2018 à 5% en mai 2020, et ce taux est resté inchangé depuis lors. L’inflation est tombée à 3,3% en 2020 contre 3,5% en 2019, en raison d’une baisse constante des prix des denrées alimentaires. Les taux de change sont restés stables en partie en raison des interventions de la Banque de Tanzanie pour assurer la stabilité du marché des changes. Les efforts d’assainissement budgétaire menés par le gouvernement tanzanien ont contribué à réduire les dépenses courantes, mais l’impact négatif du Covid-19 sur les revenus a fait croître légèrement le déficit budgétaire. Celui-ci est en effet passé de 2,0% du PIB en 2019 à 2,3% du PIB en 2020. Ce qui reste néanmoins inférieur à l’objectif du gouvernement de 5%.  Le déficit a été financé en grande partie par les emprunts sur le marché intérieur. Le déficit du compte courant s’est légèrement amélioré pour s’établir à 3,2% du PIB contre 3,4% du PIB en 2019 en raison de meilleures performances à l’exportation, en particulier les exportations de l’or.

Quid de la dette publique de la Tanzanie ?

La dette publique totale de la Tanzanie s’élevait à 39,2% du PIB en octobre 2020 au moment où la dette extérieure représentait 73,0% du total. La part de la dette publique intérieure a légèrement augmenté, passant de 26,1% de la dette totale en octobre 2019 à 27% en octobre 2020, en partie en raison de l’augmentation des besoins de financement. L’augmentation des besoins en dépenses publiques et la réduction des dons ont fait passer les besoins de financement de 1,8% du PIB en 2018 à 2,8% du PIB en 2020. Ceux-ci devraient encore augmenter de 3,2% et 3,4% du PIB en 2021 et 2022 respectivement.

Notons que  la Tanzanie devrait servir de modèle au Burundi pour se développer.

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