Alors que le monde entier célèbre la journée contre le travail des enfants, au Burundi plus de 19000 enfants sont des travailleurs domestiques. Les associations engagées dans le domaine de l’enfance demandent au gouvernement de ratifier la convention 189 concernant le travail décent pour les travailleurs et travailleuses domestiques.
« Eliminer le travail des enfants dans les chaînes de production, c’est l’affaire de tous ! » ; tel est le thème choisi par l’Organisation Internationale du Travail (OIT) cette année pour célébrer la Journée Internationale dédiée à la lutte contre le travail des enfants le 12 juin de chaque année.
Une menace pour l’avenir du pays
Selon une enquête menée par l’ISTEEBU en collaboration avec l’UNICEF en mars 2014 sur le travail domestique des enfants dans les provinces de Rumonge, Gitega, Ngozi et Bujumbura Mairie, 19031 enfants sont des travailleurs domestiques. Parmi eux, on compte 13 239 filles et 5792 garçons. 46 % de ces enfants sont âgés de moins de 16 ans et 54 % ont l’âge compris entre 16 et 18ans. D’après la même enquête, ces enfants proviennent de toutes les provinces, mais la plupart proviennent de la province de Ngozi (27 %), Kayanza (19 %), Gitega ( 14 %) et Karusi (11 %).
Pour Me Jacques Nshimirimana, secrétaire général de la Fédération Nationale des Associations engagées dans le domaine de l’Enfance au Burundi, (FENADEB), cette situation constitue une menace pour l’avenir du pays. « Beaucoup d’enfants sont emprisonnés, d’autres abandonnent les études et le taux de scolarité va decrescendo ».
Me Nshimirimana indique que la FENADEB est très préoccupée par ce phénomène qui commence à prendre une ampleur inquiétante. C’est pour cela que la FENADEB se joint au monde entier pour célébrer la journée internationale contre le travail des enfants. A cet effet, la FENADEB lance un appel pressant au gouvernement du Burundi, à la communauté burundaise, aux parents et enfants et à tous les partenaires de l’éducation pour qu’ils prennent des mesures urgentes afin d’éradiquer ce phénomène et d’offrir un espace digne aux enfants.
Un cadre légal sur le travail des enfants lacunaire
Selon Me Nshimirimana, le travail des enfants est un sujet qui trouve un espace aussi bien dans les textes internationaux que dans les textes nationaux.
Au niveau international, les instruments de référence sont surtout les conventions de l’OIT, notamment la convention n0 138 sur l’âge minimum d’admission à l’emploi, la convention n0 182 sur les pires formes du travail des enfants, la convention n0 189 sur le travail décent pour les travailleuses et travailleurs domestiques, la CDE et ses protocoles facultatifs et la Charte Africaine des droits et du bien-être de l’enfant.
Me Nshimirimana fait remarquer qu’à l’exception de la convention n0 189, le Burundi a ratifié tous ces instruments internationaux et a prévu des dispositions d’application dans le cadre légal national, spécifiquement dans la constitution de 2005, dans le code du travail ( qui prévoit l’âge minimum légal d’admission à l’emploi à 16 ans) et dans le code pénal.
Cependant, il souligne qu’il y a des aspects de la loi nationale qui doivent encore se conformer avec les dispositions des instruments internationaux ratifiés et le cadre légal national reste lacunaire sur l’exploitation économique des enfants.
La FENADEB recommande au gouvernement du Burundi de prendre des mesures visant à lutter contre les pires formes du travail des enfants et à réglementer le travail domestique au Burundi et ainsi de ratifier la convention n0 189 concernant le travail décent pour les travailleurs et travailleuses domestiques.
Pour la FENADEB, le gouvernement devrait rendre obligatoire l’éducation primaire au Burundi afin de réduire sensiblement le nombre d’enfants qui quittent l’école pour aller exercer des travaux domestiques.
En outre, la FENADEB demande aux organisations de la société civile engagées dans la protection des enfants et aux médias de continuer leur mission de sensibiliser la population sur les méfaits des pires formes du travail des enfants.