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Bururi : Une pénurie de carburant qui ne dit pas son nom

La province de Bururi connait depuis plus d’une semaine une pénurie de carburant que ce soit pour le mazout ou l’essence. Les deux stations-service fonctionnelles sont à sec. Les spéculateurs s’invitent dans la partie et les transporteurs haussent par conséquent les prix du ticket  exponentiellement. Les clients sont dans le désarroi. Ils ne savent plus sur quel pied danser. Reportage 

Nous sommes dimanche le 10 octobre 2021. A 18h 30, nous sommes sur le parking qui se trouve au chef-lieu de la province Bururi. Aucun véhicule menant vers Rumonge, Matana ou au centre de Kiremba ne s’y trouve. Au moins 5 motos sont sur le lieu. Pourtant, de nombreux voyageurs sont là avec leurs bagages.  Nous voulons nous rendre au centre de Kiremba. C’est dans la zone Muzenga de la commune de Bururi. Ce centre se trouve à à peu près 8 Km du chef-lieu de la province.

Il va falloir que vous soyez au moins à deux personnes pour que le motard démarre sa moto. Chacun doit payer 2000 FBu pour un trajet qui, auparavant, en temps normal coûtait 1500 Fbu.

« Nous faisons face à une pénurie de carburant, si vous n’êtes pas au moins deux personnes, je reste garé ici. Sur les stations-services, il n’y en a plus», lâche un motard se trouvant sur les lieux avant d’ajouter qu’il vient d’acheter un litre d’essence pour une somme de 5 000 FBu, soit le double du tarif officiel.

Suite à la pénurie créante de carburant, les transporteurs faisant le trajet Bururi-Rumonge ont haussé le ticket de transport.

La situation devient intenable

Lundi le 11 octobre 2021, il est 8h. Nous sommes au parking de Kiremba. Quelques motos sont également garées là-bas. Mais là, il faut trois personnes pour que le motard démarre sa moto et chacun paie deux mille FBu, soit un montant total de 6000 FBu pour arriver à Bururi. « Je passe une heure à attente pour qu’on soit trois personnes. Certaines personnes refusent de payer et préfèrent se rendre à Bururi à pied. Les véhicules de type Probox esquivent le tronçon Bururi-Kiremba.

« Ces derniers jours, on se rabattait sur Rumonge, Matana ou Makamba mais, actuellement, il n’y a plus de carburant », fait savoir un motard. Maintenant, le carburant s’achète en clandestinité. Les gens spéculent et le vendent dans des bidons. Mais lorsque les policiers t’attrapent, ils saisissent ton carburant. « Je viens d’acheter un litre et demie à 8 000 FBu. Un litre se négocie autour de 6000 Fbu chez un particulier», explique-t-il. Et d’ajouter : « Nous sommes obligés de hausser le prix du ticket de transport. Sinon, on travaillerait à perte », s’explique-t-il. Certains préfèrent même  arrêter.

Même les transporteurs faisant le trajet Bururi-Rumonge ont haussé le ticket de transport. Actuellement, les voyageurs sont contraints de décaisser une somme de 4000 FBu au lieu de 3500 FBu auparavant. Un chauffeur d’un véhicule de type Probox nous précise également que trouver du carburant à Rumonge est devenu un casse-tête. « Les stations-services n’en ont pas. Et si le carburant est disponible, il faut compter deux heures avant que les stocks ne s’épuisent », indique-t-il.

Plus d’une semaine sans être servi

Un pompiste rencontré sur le lieu nous précise qu’une période de plus d’une semaine peut se passer sans que sa station soit servie en carburant,  que ce soit le mazout ou l’essence. « L’essence s’est épuisée depuis lundi le 4 octobre tandis que le mazout est introuvable depuis vendredi le 8 octobre», fait-il savoir. On s’approvisionne dans la ville de Gitega, mais le patron nous informe qu’on ne peut pas en avoir sans nous dire plus sur les causes de cette pénurie, a ajouté le pompiste.

L’administration dit être au courant de cette pénurie et des spéculations qui l’accompagnent. Remy Ndayubaha, conseiller du gouverneur chargé du développement précise que l’administration collabore avec la police dans la lutte contre les spéculations. « Si les spéculateurs sont attrapés, on saisit leur carburant qui est souvent transporté dans des bidons ». Il propose d’être informé sur les quantités de carburant destinées à la province de Bururi. Selon lui, cela faciliterait dans le suivi des approvisionnements ou si cette  quantité est arrivée en entier.

Léonidas Sindayigaya, porte-parole du ministère en charge de l’énergie fait savoir que le stock national de carburant est suffisant. Il précise néanmoins que des défaillances peuvent surgir au niveau des importateurs du carburant et des propriétaires des stations-services.

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