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Buterere : Quand l’école laisse place à la décharge publique

A la décharge de Buterere, les enfants de tout âge passent leurs journées à fouiller différents objets dans les déchets. La plupart des objets qu’ils collectent sont destinés à la vente tandis que d’autres le sont pour usage familial. Certains viennent en solo tandis que d’autres sont accompagné par leurs parents. Cette situation n’est pas sans conséquences néfastes sur la santé de ces enfants. Pour y remédier, la FENAB propose que les efforts soient coordonnés entre les parents, les autorités et la communauté dans son ensemble.

Des enfants de tout âge passent leurs journées à fouiller dans les déchets ménagers des objets à revendre.

 

Si les autres enfants de son âge sont aujourd’hui à l’école, Emmanuel Irishura, 13 ans, lui passe la plupart de ses journées à la décharge de Buterere. Il a abandonné l’école lorsqu’il était en première année primaire. Cet orphelin de père a été victime de la pauvreté qui assaille sa famille et sa maman ne pouvait pas lui acheter le matériel scolaire nécessaire pour continuer les études.

Des lors, il passe tout son temps à fouiller des objets qu’il peut vendre pour se faire un peu d’argent dans les immondices.  Comme il le raconte, il est ainé de sa famille et tous les jours, il doit se lever très tôt pour maximiser les revenus. De l’argent qu’il gagne dans ce travail, Irishura donne une partie à sa maman pour chercher de quoi nourrir sa famille.

Don Divin Iteriteka est l’un de ses amis. Agé de 13 ans, il raconte qu’il ne se souvient plus à quelle époque il a commencé à venir fouiller les objets dans ces déchets, mais tout ce dont il se souvient est qu’il était vraiment très petit. Il accompagnait avec ses grands frères. Il a commencé les études, mais puisqu’il ne pouvait plus avoir le temps de collecter ces objets, il a dû arrêter les études. Il a déjà acquis une spécialité. Il ne collecte que des sachets et il a quelqu’un à qui il les revend. De cette vente, il témoigne qu’il gagne entre 5000 FBu et 10 000 FBu par jour.

Aline Ngendakumana est une maman que nous avons rencontré à la décharge publique de Buterere. Nous lui avons demandé pourquoi elles tiennent beaucoup à emmener leurs enfants à la décharge. Ce à quoi elle a répondu que c’est pour leur inculquer tôt ce métier. « Quand que tu viens avec lui ,il apprend à fouiller lui aussi. Tu ne fais que lui montrer les objets à collecter, ceux qui sont vendables », dit-elle.

Exposées à tous les maux

Cette situation n’est pas sans conséquences néfastes tant sur la santé de ces enfants que sur le plan social. Dr François Ndikumwenayo, est un médecin pneumo-pédiatre. Pour lui, les enfants qui passent beaucoup de temps près de cette décharge publique sont exposés à de graves risques sanitaires et sociaux. Cet environnement pollué favorise la contraction de maladies comme la parasitose digestive, le paludisme et les infections dues à un système immunitaire affaibli. La dénutrition chronique est également fréquente, car ces enfants vivent souvent dans la précarité et n’ont pas accès à une alimentation équilibrée.

Irishura confirme cette réalité. Il explique qu’il tombe souvent malade et souffre fréquemment de paludisme, de maux de tête et de vomissements. Lorsque cela arrive, sa mère lui achète des médicaments à la pharmacie.

Selon la FENADEB, tous les enfants en âge scolaire devraient être à l’école. Cependant, leur présence prolongée dans ces lieux les prive de la jouissance de leurs droits fondamentaux, notamment ceux liés à la protection, à l’éducation, à la santé et à l’épanouissement, tels que définis par les instruments nationaux et internationaux relatifs aux droits de l’enfant auxquels le Burundi a adhéré.

Ces défenseurs des droits de l’enfant trouvent que ce phénomène est dû à plusieurs facteurs interconnectés entre autres la pauvreté des familles, les conflits familiaux, le faible encadrement des enfants et l’implication insuffisante des autorités dans leur prise en charge.

Pour y remédier, la FENAB propose que les efforts soient coordonnés entre les parents, les autorités et la communauté dans son ensemble. La sensibilisation aux droits de l’enfant et à l’importance de la scolarisation ainsi que le renforcement des capacités des familles et le développement de projets économiques adaptés, permettraient de créer un environnement propice à l’épanouissement des enfants.

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