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Un calvaire pour les agri-éleveurs

Le secteur d’élevage traverse une grave crise. Une fièvre hémorragique virale s’est déclarée dans différentes régions du pays depuis fin avril. Les autorités provinciales sont sur pied de guerre pour endiguer la propagation de ce virus à l’échelle nationale. Désormais, le bétail reste terré dans les étables jusqu’à nouvel ordre. Aucune forme de divagation des animaux d’élevage ne sera pas tolérée. Pour couronner le tout, les marchés de bétail ne sont pas autorisés à rouvrir les portes avant que l’épidémie ne soit maîtrisée.

Benjamin Kuriyo, Directeur de publication

Il s’agit de la Fièvre de la Vallée du Rift (FVR) qui est le plus souvent observée chez les animaux domestiques. Elle attaque principalement les bovins, les moutons, les chèvres et les chameaux. Attention, il y a risque de contamination chez l’homme et de provoquer des formes plus graves et parfois mortelles. Ainsi, les amateurs de la viande doivent rester vigilants au risque d’être contaminés de manière indirecte. Dans la majorité des cas, l’infection chez l’homme résulte d’un contact avec du sang ou des organes d’animaux contaminés, alerte l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).

Il est à noter que ce genre d’épidémies peut avoir des impacts sociétaux majeurs, notamment d’importantes pertes économiques et de fortes réductions des échanges. Les épidémies récurrentes ont des répercussions sur l’économie des ménages et, partant, du pays. Les revenus des éleveurs chutent, car la plupart d’entre eux comptent sur leur bétail pour subvenir aux besoins de la famille, scolariser les enfants, payer les soins de santé, organiser des fêtes familiales etc. La filière viande est affectée négativement sur toute la chaîne de valeur. Les éleveurs, les commerçants de bétail et les bouchers réduisent leur activité. Par conséquent, les recettes communales baissent drastiquement. Ce qui handicape la mise en œuvre des programmes de développement au niveau des collectivités. 

Il importe de rappeler que l’élevage et l’agriculture sont indissociables. Le gouvernement encourage l’élevage pour améliorer la production agricole. La politique de stabulation permanente est déjà en vigueur même s’il est difficile d’évaluer avec objectivité sa plus-value. Parallèlement, des campagnes de distribution des vaches, des caprins, des chèvres et des porcelets sont organisées ici et là à travers le pays. En tout cas, le gouvernement et ses partenaires techniques et financiers se réjouissent de l’impact de la politique de repeuplement du cheptel. 

Vaut mieux prévenir que guérir, dit-on. Malheureusement, ces campagnes de repeuplement du cheptel à travers la chaine de solidarité communautaire se heurtent à un grand obstacle. Il est évident que le pays n’est suffisamment préparé pour prévenir ce genre de désastre. En 2018, la peste des petits ruminants a décimé plus de 8 000 têtes sur tout le territoire national. Plus de 4000 petits ruminants avaient péri dans la seule commune de Bugendana. Il aura fallu attendre l’intervention de la Banque Mondiale pour lancer une large campagne de vaccination contre cette pathologie. A l’époque, plus de 20 millions de petits ruminants ont été vaccinés. D’où il est temps s’il n’est pas encore tard d’anticiper sur la mise en place d’un fonds de gestion des épidémies pour prévenir les dégâts. L’aletre précoce et la réaction rapide restent de bons réflexes pour réduire les risques de voir disparaître les animaux domestiques un jour, car le danger persiste. 

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