Des bâtiments aux fenêtres dépourvues de vitres, des murs qui se dégradent progressivement, des lieux d’aisance aux odeurs insupportables, des salles de classes inondées et abandonnées…. Voilà certains des vocables utilisés pour décrire l’état du campus Kiriri qui s’écroule à longueur des années sous le regard indifférent des responsables. Burundi Eco vous fait découvrir cette situation combien inquiétante
Le campus Kiriri est aujourd’hui dans le besoin d’un secours urgent pour ne pas tomber en ruine dans un proche avenir.
Il est 10h42 min. L’aiguille d’une montre continue à tourner. Un vent léger souffle dans l’air de temps en temps, adoucissant la rigueur du soleil qui brille déjà dans le ciel bleu. Devant l’entrée du campus, c’est un calme inqualifiable. Les dernières personnes qui sont venues y faire du footing se sont retirées. A quelques mètres de là, des femmes étalent des fruits. Chasseuses d’argent aguerries, elles semblent ignorer cette chaleur de la mi-journée. Un jeune vendeur de jus de canne à sucre, dans une petite cabane tout près de la clôture du campus n’a plus de clients, mais garde un œil vigilant sur tous les passants.
Nous traversons un portail hermétiquement fermé. Dans le coin gauche, un homme coincé dans un petit bureau nous appelle par un petit sifflement. Il doit interpeller les personnes étrangères au campus. L’homme ne pose pas trop de questions et nous tend la facture. « Faut payer 300 FBu pour visiter cet endroit », avertit-il. A cette heure, les étudiants ne sont pas nombreux à l’extérieur du campus. A quelques mètres du restaurant universitaire, une dizaine de garçons échangent à haute voix. Quelques visiteurs sortant de la piscine du campus prennent le chemin de la sortie. Les terrains de jeux sont déserts. Un silence de mort règne dans ce milieu dont l’accès est désormais conditionné par un paiement cash.
Des infrastructures qui agonisent
A l’intérieur du campus, on découvre à quel point ces bâtiments de valeur sont en ruine. Certains locaux qui servaient auparavant de laboratoires sont convertis en salles de classes. A l’entrée, le regard se porte directement sur le bloc abritant les salles de classe utilisées par les étudiants de l’Institut d’Education Physique et Sports (IEPS). Avec une petite salle aux vitres cassés non remplacés au rez-de-chaussée, ce bâtiment semble le moins ancien par rapport aux autres. Tout près de là, les laboratoires sont presque vides et très mal entretenus à l’intérieur comme à l’extérieur. Les corridors qui ressemblaient autrefois à un long tapis rouge sont troués par endroits. Comme un vieux tissu, le précieux pavement en pierres taillées couvrant la grande cour du campus se déchiquette, laissant de nombreux trous où les herbes poussent. Les murs des bâtiments s’assombrissent et se dégradent dangereusement. Les rigoles servant de conduits d’eaux usées sont bouchées au pied des immeubles.
Au même rythme, les espaces de jeux servant à la fois de matériels didactiques pour les étudiants de l’IEPS et de lieux où les internes font les exercices physiques sont menacés. Entre le terrain de foot et la piscine, on voit un bâtiment en étage servant de bureaux pour différents chefs de département. Abritant des lieux d’aisance, le rez-de-chaussée de ce bloc administratif semble être abandonné depuis longtemps. Tout montre la descente aux enfers d’un campus où ont été formés d’innombrables techniciens nationaux.
Dans certaines classes, un tapis d’algues s’est déjà formé sur ces flaques d’eaux dormantes qui perdurent.
Des salles de classes et des chambres abandonnées
Le bâtiment communément appelé « Grand Home » est en état piteux. Cet immeuble à trois niveaux qui abritait auparavant des centaines d’étudiants souffre atrocement et semble sur le point de s’écrouler. Le rez-de-chaussée est la partie la plus touchée. Depuis plusieurs années, l’eau provenant des douches et des toilettes des étages qui n’est pas bien canalisée inonde les salles d’en bas. Des gouttelettes d’eau tombent continuellement, inondant les salles de classes de la partie inférieure de cet immeuble. Dans certaines classes, un tapis d’algues s’est déjà formé sur ces flaques d’eaux dormantes qui perdurent.
Dans les étages, plusieurs chambres ne sont plus occupées. Des fenêtres ont cédé définitivement. Des portes en lambeaux sont laissées entrouvertes et la lumière en provenance de l’extérieur vient se déverser dans le long corridor moins lumineux. Même les chambres encore habitables sont dans un état critique. Tout montre un immeuble qui tend vers la ruine.
Au milieu, l’immeuble est équipé des lieux d’aisance à tous les niveaux. Peu nombreuses et mal entretenues, ces latrines sont répugnantes. A l’approche de celles-ci, une forte odeur nauséabonde avertit tout visiteur sur le mauvais état de ces lieux. A l’intérieur, des flaques d’eau dans les sanitaires, des portes qui ne tiennent plus sur les cadres, des toilettes à siège sur le point d’être bouchées…
Un des campus de l’Université du Burundi, cet ensemble de bâtiments fut construit par les Jésuites qui en firent leur première école secondaire au Burundi (Collège du Saint-Esprit). La Deuxième République le transformera en propriété de l’Etat et y ouvrira un campus universitaire. Un des meilleurs espaces les plus importants dont dispose le pays et où a évolué d’innombrables personnalités, le campus Kiriri est aujourd’hui dans le besoin d’un secours urgent pour ne pas tomber en ruine dans un proche avenir.