Au rythme de la vie estudiantine, les infrastructures de l’unique université nationale se sont dégradées depuis plusieurs années. Le campus Mutanga n’a pas échappé à cette règle. De la clôture aux infrastructures, l’état dans lequel se trouve ce campus qu’on appelle « la Paroisse des poilissimes » dans le jargon des universitaires de «Rumuri» est inquiétant. Après vous avoir récemment dévoilé le visage du campus Kiriri, Burundi Eco vous amène à la découverte de cet « ainé des campus » qui a toujours servi de référence pour l’UB
C’était dimanche le 6 juin 2021 aux environs de 11 heures. Les étudiants sortaient et d’autres entraient par une étroite entrée menant au quartier Nyakabiga. Posté à côté de l’entrée, un agent de sécurité ouvre grandement l’œil et veut connaître chaque personne qui entre. A gauche, des joueurs de foot s’entraînent en dépit du soleil accablant qui pointe au zénith. L’autre espace, vaste, est réservé aux champs. De part et d’autre, on peut voir des plantations de manioc. La poussière est partout et des brindilles d’herbes sèches prennent l’air empotées par le vent. Un sentier menant aux homes universitaires n’est pas entretenu. Pendant la saison pluvieuse, les sentiers deviennent boueux et il faut porter des chaussures adaptées à ce milieu.
Etabli sur une superficie de plusieurs ha, le campus Mutanga devrait accueillir et abriter des centaines d’étudiants internes. Plusieurs blocs ont été construits à cette fin. De l’extérieur depuis la partie Orientale du campus, la vue se porte sur un panorama plus complexe. La clôture constituée d’arbustes devenus trop hauts laisse entrevoir un intérieur qui ne susciterait pas la curiosité des visiteurs. Si on scrute l’extérieur de cet « ainé des campus » de l’université du Burundi, tout laisserait croire, pour ceux qui ne sont pas informés, qu’il s’agit d’un camp militaire.
L’état dans lequel se trouve le campus Mutanga qu’on appelle « la Paroisse des poilissimes» dans le jargon des universitaires de «Rumuri» est inquiétant.
Un milieu universitaire dans un état critique
Certains des blocs destinés à loger les étudiants n’ont pas été entretenus depuis plusieurs années. Les blocs en 2 étages communément appelés «pavillons» commencent à se détériorer. Sur certaines fenêtres, on peut apercevoir des vitres cassées qui n’ont pas été remplacées. Les toilettes sont en mauvais état et la puanteur est l’une de leurs caractéristiques. Parfois, les portes des chambres ont souvent des serrures défoncées. Dans certains pavillons, quelques chambres ont été abandonnées depuis longtemps à cause de l’état défectueux dans lequel elles sont. Des sentiers sinueux mènent d’un bloc à l’autre. Dans ce milieu qui a longtemps servi de résidence estudiantine, on dirait que les espaces servant à secher les vêtements sont de trop. Des vêtements sont étendus par terre sur de l’herbe sèche malgré la poussière envahissante de l’été. Le bar universitaire est aussi très touché par le défaut d’entretien. On peut voir de loin quelques tabourets abandonnés la nuit dehors sur une terrasse pierreuse dont le pavement a été détruit. Plus loin, à la limite de la partie résidentielle du campus, deux bâtiments ont été, depuis plus de deux ans, fermés à clé en raison de leur dégradation avancée.
En retrait, deux salles soudées faisant office de le restaurant universitaire et de salle polyvalente partagent le même destin. Le restaurant universitaire « Icuma » dans le jargon de ces étudiants qui se font appeler « poilissimes » est en piteux état. L’entretien de ce bâtiment où se prépare et se sert la nourriture semble ne pas faire partie de la préoccupation des responsables de l’université. Malgré une petite retouche remarquable sur les murs, les verres cassés n’ont pas étaient remplacés et la propreté de ces lieux laisse à désirer.
Tout n’est pas noir
Au niveau des petits logements regroupés dans ce qu’on appelle «Tropicana», on peut noter quelques avancées. « Comme l’effectif des étudiants internes a été aujourd’hui fortement réduit, plusieurs de ces chambres ne sont pas occupées », indique un étudiant rencontré sur place. Dans ces heures de la mi-journée, quelques étudiants sont en train de faire la lessive. Dans le Tropicana II, des herbes luxuriantes caractérisent certains endroits. Un corridor détruit depuis belle lurette n’a pas été réparé. Cependant, les efforts déployés par les autorités sont visibles. Les étudiants pensionnaires de Tropicana II ont le droit à des lieux d’aisance équipés de portes alors qu’ils en étaient dépourvus auparavant. Ainsi, même si la propreté n’y est pas parfaite, la situation n’est plus alarmante. C’est le même cas pour le Tropicana I. De toutes les façons, ce geste donne à espérer aux étudiants internes.
Même si l’effectif des étudiants internes a été réduit, il reste impérieux de garder cet espace propre. A part qu’il s’agit d’infrastructures publiques dont il faut garantir l’entretien, ces bâtiments de l’université publique mérite une certaine attention. Rappelons qu’il reste difficile de trouver un logement pour les étudiants dans la ville de Bujumbura.