Les commerçants de la commune de Cankuzo se sont regroupés en coopératives pour rentabiliser leurs grosses étendues de champs. La production est ensuite vendue sur le marché. Ce qui ne les empêche pas de s’approvisionner dans d’autres communes, dans d’autres provinces et pourquoi pas dans les pays voisins. Cela malgré les barrières non tarifaires qui handicapent leur métier
« Nous disposons de grosses étendues de terres cultivables. Au lieu de dépenser pour s’approvisionner ailleurs, nous dépensons pour récolter et vendre nos propres productions. Nous achetons chez nos collègues les semences sélectionnées pour semer dans nos champs. C’est pour cette raison que nous avons décidé de nous regrouper en coopératives collinaires ou d’adopter la méthode de culture en bloc afin d’avoir une bonne production », déclare Eugène Rizinda, représentant des commerçants oeuvrant dans la commune de Cankuzo.
Celui-ci affirme qu’actuellement les commerçants sont encouragés à adopter cette pratique, car le gouvernement a valorisé la production en fixant les prix aux producteurs de certains produits vivriers.
Les produits vendus au marché de Cankuzo sont, selon lui, subdivisés en trois catégories, à savoir : les produits vivriers, les produits d’habillement et les produits mixtes (produits de boutique et matériaux de construction).
Eugène Rizinda, représentant des commerçants de la commune de Cankuzo : L’uniformisation des taxes communales sur un même produit diminuerait les tracasseries.
Les routes impraticables, un monstre pour les commerçants
« Les commerçants de la commune de Cankuzo s’approvisionnent surtout pour la première catégorie dans les communes de Mishiha, Gisagara et Cendajuru de la province de Cankuzo. Cela après avoir consommé leur production », fait remarquer M.Rizinda avant de signaler qu’on s’approvisionne également dans les autres provinces du pays comme Bujumbura, Gitega et Ngozi voire dans les pays voisins comme la Tanzanie.
Sauf dans la commune Kigamba où le tronçon de la route Muyinga-Cankuzo qui y passe est goudronné, les autres routes intercommunales sont impraticables. Ce qui ne facilite pas le transport des produits.
« Les commerçants fixent le prix de vente par rapport au prix de revient tout en dégageant une marge bénéficiaire. Le mauvais état des routes augmente les dépenses. Ce qui impacte les prix à la vente », explique M.Rizinda.
Des taxes communales non uniformisées
Les commerçants se voient obligés de payer les taxes communales en allant d’une commune à une autre ou d’une province à une autre. M.Rizinda annonce qu’on peut payer pour un même produit 10 FBu/kg comme taxe communale à Gitega, 2 FBu/kg pour le même produit à Bujumbura et 5 FBu/kg pour le même produit à Ngozi.
Il évoque que cela augmente les prix des produits et estime que l’uniformisation des taxes communales sur un même produit diminuerait les tracasseries.
Trouver les shillings, un arrangement
Le commerce transfrontalier n’est pas florissant à Cankuzo. «Lorsqu’on importe en grandes quantités, on manque de débouchés», déplore le représentant des commerçants œuvrant dans la commune de Cankuzo.
Toutefois, les commerçants importent de la Tanzanie du ciment. Les changes se font en shilling tanzanien. Pour trouver cette «devise», on se rabat sur les travailleurs saisonniers qui vont en Tanzanie et qui sont rémunérés en shillings tanzaniens. «Ceux-ci apportent les shillings et se retrouvent dans l’obligation de les changer en francs burundais», informe M.Rizinda.
Pour lui, le taux de change est élevé. Il n’est pas réglementé et dépend des entrées en shillings tanzaniens. Au mois de juillet 2021, un shilling tanzanien se changeait dans la commune de Cankuzo à 1,45 FBu.
Les commerçants de la commune de Cankuzo confirment que la fraude y est pour le moment bannie. Une fois pratiquée, elle constitue une menace pour leur métier. Les prix de revient n’étaient pas élevés et les fraudeurs fixaient les prix selon leurs aspirations.