Les produits pétroliers dominent les importations burundaises, à raison de 15,2% au cours du deuxième trimestre de l’année 2020. Ils constituent ainsi une pierre angulaire de l’économie nationale dans la mesure où leur prix influe sur la valeur des autres produits et/ou services. Dans ce numéro, vous allez découvrir les facteurs qui interviennent dans la fixation des prix du carburant et les défis du secteur pétrolier
Avec un taux de 15,2% au deuxième trimestre de l’année 2020, les carburants sont placés à la tête des importations burundaises. Le Burundi a toujours utilisé le carburant 100% importé. Les importations sont estimées à 65.422.000 litres des trois produits pétroliers (essence, gasoil et pétrole) en 1995 et 129.290.000 litres en 2018. Les cargaisons de carburants transitent par les deux grandes villes côtières, à savoir : le port de Dar-es-Salaam en Tanzanie et celui d’Eldoret au Kenya. De là, les camions citernes chargent la marchandise à destination du Burundi. Le gouvernement du Burundi a le monopole de la fixation des prix des carburants à la pompe suivant parfois les conditions imposées par les prix pratiqués sur le marché international, mais aussi d’autres facteurs internes.
Selon Léonidas Sindayigaya, porte-parole du ministère de l’Hydraulique, de l’Energie et des Mines, le prix du carburant sur le marché international varie chaque jour et la fixation du prix dépend du choix des pays. « Certains pays ont choisi de s’adapter chaque fois aux prix du carburant en vigueur sur le marché international. Le Burundi, lui, a opté pour le renouvèlement de la structure du carburant tous les deux mois. La structure du carburant du mois d’avril par exemple comprend la moyenne du mois de février et celle du mois de mars », explique-t-il.
Quid de la structure du carburant ?
L’ordonnance ministérielle n° 760 du 7 octobre 2020 portant révision de la structure officielle du prix des carburants fixe le prix de l’essence à 2 400 FBu par litre. D’après cette structure, pour chaque litre d’essence consommée, l’automobiliste s’acquitte des taxes et d’autres frais pour alimenter les caisses de l’Etat. Ce sont notamment la taxe carburant (210 FBu), les frais pour le stock stratégique (194,678 FBu), le fonds routier national (80 FBu) et la Taxe sur la Valeur Ajoutée de 334, 784 FBu. Le parc automobile est en nette augmentation. Parallèlement, la consommation du carburant augmente d’année en année. D’après les statistiques de la Banque Centrale, en 2000 les engins roulant ont consommé 29 684 000 litres d’essence et 31 711 000 litres de gasoil. Pour l’année 2019, les quantités de carburant consommées ont presque doublé pour atteindre 53 921 000 litres d’essence et 73 237 000 litres de gasoil. Cela présage que le fonds routier national est plus qu’alimenté pour réparer les routes ou en construire d’autres. Par simple calcul arithmétique, on constate que le fonds routier national a engrangé plus de 10 milliards de FBu.
Les facteurs influençant le prix du carburant à la pompe
Léonidas Sindayigaya précise qu’il y a des fois où le prix du baril de pétrole baisse sur le marché international et que le gouvernement du Burundi juge bon de garder la structure des prix du carburant antérieure. Il en découle alors les fonds stocks stratégiques qui servent à couvrir d’autres besoins dans l’économie nationale. Il tient à préciser que les prix des carburants sont jonglés tout en prenant la précaution de ne pas heurter le consommateur.
Un autre défi est lié au manque d’entrepôt des carburants sur le territoire national. « Le Burundi n’a pas de stock stratégique. On est contraint alors de s’approvisionner en carburant dans des sites étrangers », fait savoir M. Sindayigaya. Un autre problème majeur est la fluctuation de la monnaie burundaise par rapport au dollar.
Insuffisance d’entrepôts, un fardeau pour les pétroliers
Le Burundi ne compte que cinq entrepôts agréés. La Mairie de Bujumbura en a quatre. Un autre est situé à Gitega. Selon Sindayigaya, celui de Gitega a été endommagé lors de la crise de 2015. Les travaux de réhabilitation et d’agrandissement de cet entrepôt sont en cours selon la même source. La répartition et l’insuffisance de ces entrepôts constitue un défi majeur.
Les régions situées à de longues distances de ces cinq entrepôts sont obligées de trop dépenser pour s’approvisionner soit à Bujumbura ou à Gitega. Cette situation a certes un impact sur le prix du carburant à la pompe et influe du même coup sur le revenu du consommateur.
Pour rappel, des cinq entrepôts existants sur tout le territoire national, seuls deux appartiennent à l’Etat et un seul se trouve à l’intérieur du pays.
Le gouvernement devrait avoir de ses propres entrepôts et les répartir sur tout le territoire national. La répartition de ces entrepôts doit tenir en considération la disposition des entrepôts existants. Et tout cela pour sécuriser cette source indispensable du revenu national.
ELEMENTS DE LA STRUCTURE |
ESSENCE SUPER |
GASOIL |
PETROLE |
FOT($/L) |
0,402121 |
0,373198 |
0,351570 |
FRAIS T1 |
0,00375 |
0,00429 |
0,00429 |
TRANSPORT DAR-ES-SALAAM-BUJUMBURA($/L) |
0,17000 |
0,17000 |
0,17000 |
C&F($/L) |
0,57587 |
0,54748 |
0,52586 |
TAUX DE CHANGE(BIF/US $) |
1950,4514 |
1950,4514 |
1950,4514 |
COÛT ET TRANSORT (en BIF) |
1123,208 |
1067,841 |
1025,656 |
COULAGE TRANSPORT |
3,370 |
3,204 |
3,077 |
ASSURANCE |
5,616 |
5,339 |
5,128 |
CIF BUJUMBURA |
1132,193 |
1076,384 |
1033,861 |
DECHARGEMENT DEPOT |
5,000 |
5,000 |
5,000 |
FRAIS BANCAIRES |
15,000 |
15,000 |
15,000 |
DROITS DE DOUANES |
0,000 |
0,000 |
0,000 |
REDEVANCE ADMINISTRATIVE |
0,000 |
0,000 |
0,000 |
TAXE CARBURANT |
210,000 |
210,000 |
210,000 |
DROITS D’ACCISE |
246,410 |
234,850 |
54,700 |
PRIX DE REVIENT |
1625,451 |
1557,251 |
1333,946 |
COULAGE DEPOT |
4,876 |
4,672 |
4,002 |
FRAIS STOCK GOUVERNEMENT |
0,210 |
0,210 |
0,210 |
FONDS ROUTIER NATIONAL |
80,000 |
80,000 |
0,000 |
IMPACT SOCIAL CARBURANT |
0,000 |
0,000 |
0,000 |
FONDS STOCK STRATEGIQUE |
194,678 |
220,527 |
227,674 |
T.V.A |
334,784 |
327,340 |
274,168 |
COUTS ET TAXES AVEC T.V.A |
2240,000 |
2190,000 |
1840,000 |
PRIX DE GROS |
2330,000 |
2280,000 |
1930,000 |
MARGE DE GROS |
90,000 |
90,000 |
90,000 |
MARGE DETAIL |
65,000 |
65,000 |
65,000 |
PRIX DE DETAIL |
2395,000 |
2345,000 |
1995,000 |
TRANSPORT LOCAL Mairie de Bujumbura |
5,000 |
5,000 |
5,000 |
Prix à la pompe en Mairie de Bujumbura |
2400,00 |
2350,00 |
2000,00 |