La phase III du programme Gender Equality and Women Empowerment Program (GEWEP) a été officiellement clôturée jeudi le 27 février 2025. Ce programme, qui s’est déroulé sur cinq ans (de mars 2020 à février 2025) a eu un impact profond et transformateur sur la vie de nombreuses femmes dans plusieurs provinces du Burundi. Ce programme a non seulement transformé la vie des femmes, mais il a aussi contribué au développement durable des communautés et au renforcement de l’égalité des genres.
Nicedore Nkurunziza, coordinatrice du programme GEWEP III, estime que l’objectif principal dudit programme était l’autonomisation économique de la femme et il a été atteint.
La journée du 27 février 2025 a été marquée à Bujumbura par la clôture de la phase III du programme Gender Equality and Women Empowerment Program (GEWEP), qui a duré cinq ans, depuis mars 2020. Dans le cadre de ce programme, CARE Burundi et ses partenaires ont œuvré dans 64 communes réparties dans huit provinces du Burundi ; à savoir : Rumonge, Bujumbura, Bubanza, Kayanza, Gitega, Ngozi, Kirundo et Muyinga. De nombreux partenaires ont joué un rôle crucial dans le succès de ce programme. Les résultats sont remarquablement positifs : les communautés ont transformé leurs vies, passant d’une situation de grande précarité à un niveau de vie nettement amélioré.
Grâce à ce programme, 124 « belles collines » ont vu le jour et ces communautés continuent à progresser. Les femmes participant aux groupes d’épargne et de crédit Nawe Nuze (VSLA) sont désormais économiquement, socialement et politiquement autonomes. Elles ont acquis des biens fonciers et certaines d’entre elles ont même pu les enregistrer en leur nom. Par ailleurs, ces femmes occupent des fonctions de leadership dans leurs communautés, nombreuses étant élues à la tête des collines ou faisant partie des conseils collinaires. Elles jouent ainsi un rôle crucial dans la gestion communautaire, la résolution des conflits et la promotion de l’éducation, notamment en envoyant leurs enfants à l’école. Elles soutiennent également les orphelins et d’autres personnes vulnérables, contribuant ainsi à améliorer les conditions de vie dans leurs foyers.
Bref, ces femmes sont devenues de véritables vecteurs de changement dans leurs communautés, incarnant une transformation à tous les niveaux. Le terme « Kirumara », signifiant « importante », reflète bien leur rôle essentiel, car elles nourrissent le pays et sont le pilier de leurs familles et de leurs communautés.
Témoignages inspirants
Les bénéficiaires du programme GEWEP III ne manquent pas de partager des témoignages inspirants sur les changements qu’elles ont vécus. Beaucoup d’entre elles expriment leur gratitude envers CARE Burundi qui les a soutenues dans leur développement personnel et communautaire.
Marie-Thérèse Girukwishaka, originaire de la colline Rweza en commune et province de Gitega raconte comment, avec d’autres femmes elle a fondé une coopérative agricole. Grâce à l’épargne collective, la coopérative a pu acheter une motopompe d’une valeur de 1 100 000 FBu qui permet ainsi d’irriguer les champs pendant la saison sèche. Elle attribue ce succès au soutien de CARE, qui leur a offert de nombreuses formations entrepreneuriales dans le cadre du programme GEWEP III.
Chantal Ngabireyimana, de la colline Butobwe en commune Mwakiro, province de Muyinga, témoigne également des bénéfices tirés du programme GEWEP III. « GEWEP III nous a ouvert les yeux. Nous nous sommes regroupées et avons commencé à épargner. Nous avons lancé des activités génératrices de revenus et, nos maris, initialement réticents à cette idée, ont progressivement compris l’importance de la contribution de la femme dans le ménage », indique Mme Ngabireyimana. Aujourd’hui, les femmes susmentionnées ont constitué une coopérative agricole de 255 membres. Chaque membre a contribué à hauteur de 21 000 FBu pour louer une propriété foncière de 4 hectares. Pour la première saison, ce terrain a produit 13 tonnes de maïs écoulés chez ANAGESSA pour un montant de 21 millions de FBu.
La liste des témoignages est longue et tous louent les bienfaits du programme GEWEP III dans leurs communautés.
Le bilan du programme est prometteur
Nicedore Nkurunziza, coordinatrice du programme GEWEP III, se réjouit des résultats obtenus. Selon elle, l’objectif principal du programme était l’autonomisation économique de la femme et il a été atteint. « Les femmes ont amélioré leur capacité à prendre des décisions concernant les biens du ménage, ont augmenté leurs revenus, créé des emplois et développé des activités génératrices de revenus », indique Mme Nkurunziza.
Le programme visait également à lutter contre les normes sociales nuisibles au développement de la femme. Aujourd’hui, les hommes ont changé leur attitude envers l’autonomisation économique de la femme et sa participation au développement. En outre, GEWEP III a renforcé la société civile en matière de leadership et de performance des organisations locales.
Le programme a également renforcé l’accès des femmes aux ressources financières via les groupes d’épargne et les activités génératrices de revenus. Il a contribué à la digitalisation en apprenant aux femmes l’utilisation de la monnaie électronique dans leurs transactions. Par ailleurs, le programme a sensibilisé les femmes à la protection de l’environnement et les a incitées à prendre des initiatives écologiques dans leurs communautés.
Mme Nkurunziza souligne que les résultats du programme s’alignent sur la vision du Burundi pays émergent en 2040 et pays développé en 2060. Toutefois, Mme Nkurunziza reconnait que le programme a dû faire face à de nombreux défis, notamment la perturbation de la mise en application des lois régissant les groupements d’épargne et de crédit, l’inflation, la pénurie de carburant, etc. qui ont limité la résilience des ménages ciblés.
Les autorités locales satisfaites
L’administration exprime également sa satisfaction quant aux résultats du programme GEWEP III. Le gouverneur de la province Muyinga Jean Claude Barutwanayo s’est exprimé au nom des gouverneurs des provinces où le programme GEWEP III a été réalisé. Il a remercié CARE Burundi pour la mise en œuvre de ce programme qui touche une catégorie sociale essentielle : les femmes. M. Barutwanayo souligne : « Dans le passé, les femmes étaient financièrement dépendantes de leurs maris, mais le programme GEWEP III a considérablement réduit l’inégalité entre les genres, offrant aux femmes rurales une autonomie financière. Cette évolution a contribué à la réduction des violences conjugales et a favorisé la stabilité familiale. »
Le gouverneur Barutwanayo ajoute que la contribution économique de la femme dans le ménage renforce son respect au sein de la famille.
Remise des certificats aux meilleurs bénéficiaires du programme GEWEP III.
Les approches d’intervention du GEWEP III
Le programme GEWEP III a adopté plusieurs approches pour atteindre ses objectifs. Parmi elles, l’autonomisation économique des femmes et des filles à travers les groupes d’épargne et de crédit, l’entrepreneuriat, l’agriculture moderne, la promotion du leadership féminin, et la santé sexuelle et reproductive. Il a également lutté contre les normes sociales nuisibles à l’égalité des genres en impliquant les hommes et la société civile dans le renforcement de la résilience et l’amélioration de la gestion des ressources.
La première approche d’intervention est celle de la « Belle colline ». C’est une approche de transformation intégrée d’une colline, d’une situation de violence vers une situation de tolérance zéro aux violences afin que les femmes et les filles vivent dans la dignité.
La deuxième approche est « Nawe Nuze Plus ». L’approche VSLA/Nawe Nuze prône pour l’autonomisation économique bâtie sur un groupe d’épargne et de crédit interne. Cette approche est constituée de 15 à 30 membres qui décident elles-mêmes de se mettre ensemble pour épargner leur argent sous forme de parts et s’octroyer des crédits plus tard. Cela pour permettre à chaque membre d’exercer des activités génératrices de revenus ou de s’acheter des biens matériels. Il y a aussi l’approche « Leadership, participation et renforcement de la société civile ». Son but est de promouvoir la participation de la femme à la prise des décisions. Le programme GEWEP III met en œuvre des activités de renforcement des capacités des femmes dans le développement de leur leadership et ces dernières l’exercent dans leurs ménages, leurs communautés et au niveau national pour influencer les services et les ressources autour d’elles.
La quatrième approche a trait à l’Engagement des hommes Abatangamuco. L’approche Abatangamuco est au centre du programme pour engager les hommes à promouvoir les droits et un environnement sans violences basées sur le genre. Les Abatangamuco constituent un réseau national d’hommes qui ont commis des erreurs dans leur ancien comportement et qui se sont engagés à changer leur manière de vivre et ont décidé de prendre un pas pour éclairer beaucoup d’autres.
La cinquième approche concerne la Santé et Santé de la Reproduction (SSR). Le programme GEWEP III promeut la santé de la femme et de la fille, d’une part pour une résilience aux chocs et pour l’accès et le contrôle des services SSR d’autre part. Le programme sensibilise la communauté à s’affilier aux mutualités de santé afin de développer la résilience aux maladies éventuelles.
Pour clore l’événement, CARE Burundi a remis des certificats aux meilleurs bénéficiaires du programme GEWEP III, en leur offrant également un soutien matériel supplémentaire pour développer leurs activités.