Le ministère en charge de la sécurité publique annonce une batterie de mesures pour renforcer la sécurité routière. A la surprise générale, une grande partie de la ville de Bujumbura est bouclée pour les transporteurs utilisant les deux roues et les tricycles dits Tuk-tuks. Les Boda-Bodas qui se comptent par milliers en Mairie de Bujumbura ne vont plus s’approcher du centre-ville. La capitale économique se referme-t-elle sur elle-même ? Cette décision a été prise pour réduire les cas d’accidents sur la voirie urbaine selon les autorités.
Benjamin Kuriyo, Directeur de publication
La nouvelle est tombée mercredi soir après une réunion animée sur le plan de déménagement de la ville des motos et des taxis motos. Sans exception aucune, personne n’est autorisée à franchir la zone interdite à bord d’une moto y compris les journalistes ou ceux qui se déplacent à moto ou encore ceux qui détiennent des motos de service dans les différentes sociétés. Le ministre de l’Intérieur, du Développement Communautaire et de la Sécurité Publique Gervais Ndirakobuca est catégorique : pas question qu’aucun de ces engins roulants ne peut franchir les limites pour être logé dans la zone interdite.
Cette mesure ouvre la voie à une litanie de lamentations chez les passagers. Ils évoquent de grosses difficultés liées à la mobilité dans la ville de Bujumbura. La zone interdite aux transporteurs par tricycles, motos ou vélos concentre le gros de l’activité économique. La majorité des sièges des banques commerciales et des assurances se trouvent au centre-ville. De plus, cet endroit regorge de gros commerces, de magasins de vente de textiles, de matériaux de construction, les galeries commerciales, etc.
Parallèlement, les tricycles étaient considérés comme dernier recours pour se rendre à l’hôpital, s’approvisionner au marché ou encore envoyer ses enfants à l’école puisque les bus assurant le transport en commun empruntent un itinéraire bien déterminé. Des milliers de personnes se déplacent à bord des boda-bodas à des coûts abordables comparativement aux taxis-voitures.
Sur le plan socio-économique, le secteur des transports fait vivre plusieurs familles. C’était un métier en vogue qui attirait la convoitise. Les fonctionnaires, les commerçants, les jeunes diplômés reconvertis en chauffeurs remuent ciel et terre pour avoir un permis de conduire ou acheter un engin de transport. Pas mal de ménages vivent au dépend du transport. C’est un business florissant. Cette décision peut entraîner la chute des revenus au niveau des ménages. Déjà, certains anticipent une baisse de la valeur des tuk-tuks ou des motos qui étaient il y a peu hors de prix. Les recettes (versement journalier) seront réduites à leur simple expression. D’autres n’écartent pas la possibilité de migrer vers les pays limitrophes notamment la République Démocratique du Congo (RDC). Cela étant, les transporteurs attendent l’assouplissement de ces mesures pour faciliter la libre circulation des personnes d’autant plus que la paix a été recouvrée sur l’ensemble du territoire selon les autorités.
Pour rappel, les taxis-motos sont interdits de circulation dans le centre-ville de Bujumbura depuis le mois de février 2016 pour des raisons d’insécurité. A l’époque, l’autorité municipale accusait les motards d’être de mèche avec les « criminels » qui perpétraient des attaques à la grenade en plein centre-ville de Bujumbura. Ainsi, depuis six ans la commune Mukaza reste bouclée. Les motards ne peuvent plus aller au-delà des ponts érigés sur les rivières Ntahangwa au Nord et Muha au Sud qui restent jalousement gardées par les forces de l’ordre jour et nuit. Dans la foulée, un couvre-feu a été imposée aux motards qui travaillent jusqu’à 18 heures du soir et les conducteurs des tuk-tuks qui doivent disparaître de la circulation avant 19 heures pile.