Durant cette période de fin d’année, les cas testés positifs au Coronavirus ont sensiblement augmenté. En conséquence, le gouvernement du Burundi a pris d’autres mesures drastiques pour limiter la propagation de cette pandémie. Par contre, certaines habitudes des Burundais, notamment la célébration des fêtes familiales, peuvent coûter cher à la société burundaise. Un petit tour en commune Gishubi de la province Gitega nous en dit long
Nous sommes samedi le 18 décembre 2021 dans la zone de Nyabiraba de la commune de Gishubi. Il est presque 13 heures. Ce jour-là, il n’a pas plu. Des rayons solaires doux et un vent moins fort enjolivent ce week-end. Les habitants de cette localité vaquent normalement aux activités quotidiennes, généralement les travaux champêtres. D’autres s’habillent d’une manière plus soignée que d’habitude : c’est le jour de fête.
Dans une famille du centre de Nyabiraba se prépare une fête de remise de la dot. Les voisins et les invités viennent un après l’autre pour y participer. Au moins quarante personnes sont déjà arrivées et s’asseyent dans de petits groupes. Les hommes s’assoient à six sur de longs bancs et les femmes (y compris les enfants) s’assoient à plus ou moins huit sur des nattes d’environ 2 m2 chacune. Les membres de chaque groupe partagent la bière locale «urwarwa» avec une seule cuvette et deux chalumeaux. Ils ingurgitent la boisson alcoolisée à tour de rôle. Apparemment, ils ne se soucient pas des modes de contamination de la Covid-19.
Le partage des chalumeaux peut coûter cher à la société burundaise en cette période de Coronavirus.
Les mesures barrières ne sont pas respectées
Malgré le nombre important des personnes convives, aucun dispositif n’est mis en place pour aider les participants à se protéger contre le Coronavirus. En plus de cela, aucune personne ne porte le masque pour se protéger contre cette pandémie. Il n’y a même pas un petit seau d’eau pour se laver les mains. Les participants à la cérémonie se saluent en se serrant les mains. Certains d’entre eux s’embrassent quand ils se voient pour la première fois après une longue période. «Les liens familiaux sont plus forts que le Coronavirus», lâche une sexagénaire en embrassant une jeune fille.
Comme c’est une fête de remise de la dot, une fois tous les invités réunis, la famille du garçon se prépare à rejoindre la famille de la fille pour demander sa main. Chose faite vers 15 heures. Tout le monde se dirige vers la colline de Muhagaze située à plus ou moins 7 km du centre de Nyabiraba. Les hommes costauds transportent des bidons de bière de banane. Quant aux femmes et filles, elles transportent des paniers sur leurs têtes. Les autres, notamment les invités de marque, les accompagnent. Tous forment une file indienne et prennent le chemin vers la famille de la fille à doter. Ils partent ensemble et se touchent les uns les autres comme dans une famille, mais aucun d’entre eux ne dispose d’un petit flacon de désinfectant.
Une centaine de personnes se concentrent dans un espace étroit
Après deux heures de marche, nous arrivons à destination. La famille hôte a préparé la fête à l’avance. Les voisins attendent impatiemment les visiteurs. Avant de pénétrer dans l’enclos, ces derniers sont restés à l’extérieur pendant quelques minutes. C’est le chef de famille hôte, accompagné de quelques membres de la famille qui est venu les accueillir. Avant de souhaiter la bienvenue aux visiteurs, lui et son équipe saluent tous les visiteurs main dans la main à tour de rôle.
Après ce geste symbolique, tout le monde entre dans une modeste tribune construite à base d’arbres et couverte de sheetings. Elle mesure environ un are. A peu près 100 personnes se concentrent dans un espace aussi étroit. En entrant, aucune d’entre elles ne se lave les mains. Elles se saluent en se serrant la main et sont assis serrés sur les bancs et sur les nattes, car la distanciation sociale est presque impossible.
La fête continue comme d’habitude. Les mots de circonstance sont prononcés et la fiesta est agrémentée par la bonne musique sans oublier la bière locale qui coule à flot. Mais un seul chalumeau est partagé par plusieurs personnes.
Cette habitude est dangereuse dans cette période où le Coronavirus se propage à un rythme plus en plus inquiétant. Ainsi, la manière dont les fêtes sont organisées peut coûter cher à la société burundaise en termes de sécurité sanitaire. Certes, les émotions et le partage entre les membres d’une famille réunis dans une fête sont inévitables. Pourtant, cela est à prendre avec précaution en cette période où le Coronavirus sévit avec véhémence.