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Ces fuites fiscales qui gangrènent les économies africaines

Dans un monde de plus en plus inégal, les ressources gouvernementales deviennent encore plus importantes pour les services publics sans lesquels les vulnérables deviennent encore vulnérables. C’est dans ce contexte qu’Action Aid Burundi a organisé une conférence-débat sur la mobilisation des ressources internes

André Ndereyimana,Conseiller en Recherche et Communication à Action Aid Burundi : «L’Afrique a perdu plus d’un milliard de dollars en flux financiers illicites au cours des 50 dernières années, soit un montant équivalent à l’aide publique au développement reçue par le continent au cours de la même période»

Chaque année l’Afrique perd environ 50 milliards de dollars américains sous forme de flux financiers illicites (FFI). Cet argent est acquis illégalement, transféré ou dépensé à travers la corruption, les pots de vin, le détournement par les officiels de l’Etat par le biais soit des activités criminelles, du commerce de la drogue, du trafic des êtres humains, de la vente des armes ou soit par les fuites fiscales placées dans les paradis fiscaux. «Plusieurs études, y compris le rapport du groupe de haut niveau sur les flux financiers illicites, travaillant sous l’autorité de l’Union africaine et de la Commission économique pour l’Afrique (UA/CEA) indiquent que l’Afrique a perdu plus d’un milliard de dollars en flux financiers au cours des 50 dernières années, soit un montant équivalent à l’aide publique au développement reçue par le continent au cours de la même période», précise André Ndereyimana, Conseiller en Recherche et Communication et Représentant d’Action Aid Burundi dans ce débat.

«Stop the bleeding», campagne pour mettre fin aux flux financiers illicites en provenance d’Afrique

La campagne « Stop the bleeding» ou « Arrêtez l’hémorragie» a été lancée pour la première fois en 2015 à Nairobi au Kenya sous forme d’une collaboration entre Trust Africa, le réseau pour la justice fiscale-Afrique (TJN-A), le Forum Africain sur la dette et le développement (FWN). Et depuis lors, elle a été lancée plus de 15 fois dans des pays tels que le Togo, la Zambie, l’Ethiopie, les Etats-Unis, le Zimbabwe, le Nigeria, le Rwanda, le Sénégal, la Norvège, l’Ouganda, la Tanzanie et le Burundi», précise M. Nishirimbere, activiste panafricaniste, expert en Justice Fiscale et Communication.

Cette campagne populaire est considérée comme un mouvement en faveur d’un changement de politique fondé sur des expériences africaines, impulsé par le savoir-faire des Africains et renforcé par des liens de solidarité en faveur de l’Afrique à l’échelle mondiale. La campagne élargit le débat sur les flux financiers illicites au-delà des spécialistes et cherche à mobiliser des personnes ordinaires et des groupes clés tels que les étudiants et les jeunes, les syndicats et les mouvements sociaux de base pour jouer un rôle clé de plaidoyer pour le changement.

En outre, la campagne reconnaît l’existence de ce problème de flux financiers illicites et cherche à sensibiliser et à agir contre ce fléau et à faire susciter la prise de conscience du grand public.

«Nous voulons une compréhension populaire du plus grand nombre possible de personnes à travers le plus grand nombre de secteurs possibles concernés par les FFI et la façon dont ils aggravent l’inégalité et la manière dont les gouvernements pourront utiliser ces ressources pour améliorer la vie de leur population», ajoute M.Nishirimbere

Cette prise de conscience donne lieu à une action pour que les gouvernements traquent les flux financiers illicites, s’activent pour les arrêter et les rapatrient au profit de leur peuple.

Pour y arriver, chacun peut faire progresser la cause de la lutte contre l’injustice fiscale et promouvoir le développement équitable en Afrique par des activités de sensibilisation telles que les marches et les ateliers de formation, l’élaboration des matériels de communication tels que des émissions de radio et des pièces de théâtre, y compris la collecte des signatures et le lobbying pour l’examen de la législation et la recherche entre autres activités.

La place des médias dans la lutte contre les FFI

Le rôle des médias dans la lutte contre l’enrichissement illicite est primordial. « Le journaliste conscient est appelé à conscientiser le public sur les méfaits de la corruption dans l’économie du pays et mener en toute objectivité des investigations sur les faits et pratiques de corruption et d’enrichissement illicite», indique M. Samson Maniradukunda, journaliste burundais d’investigation avant d’ajouter que le journaliste vise à révéler des informations cachées en les recoupant et en les vérifiant au moyen d’enquêtes parfois longues et minutieuses garanties par le respect de la déontologie du métier et de la protection des sources d’information quelle que soit la ligne éditoriale des médias qui le pratiquent.

Il faut noter que les réflexions présentées jetteront les bases d’autres initiatives en faveur d’un dialogue fructueux entre toutes les parties prenantes afin de contribuer à asseoir la moralité dans les affaires et à promouvoir la justice sociale.

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