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Un challenge pour la compagnie Burundi Airlines

Le gouvernement s’active pour redresser la compagnie aérienne nationale. Pour ce faire une nouvelle compagnie «Burundi Airlines» a été créée. Le capital social de cette compagnie s’élève à 15 milliards de FBu. C’est le résultat de la fusion de la SOBUGEA et AIR Burundi, un processus en cours depuis 2017. L’Etat détient 92% des actions contre 8% répartis équitablement entre la compagnie d’assurance «SOCABU» et l’ancien transporteur Belge «SABENA» en faillite. La nouvelle société a désormais un conseil d’administration. Le projet de création d’une nouvelle compagnie aérienne dans un contexte de concurrence accrue est-elle réalisable ? Les initiateurs dudit projet risquent d’avoir les yeux plus gros que le ventre.

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De même serait-il opportun de lancer une nouvelle compagnie au vu des restrictions de vols à l’échelle mondiale suite à la pandémie de Coronavirus. Dans l’entretemps, la mise en place des institutions se poursuit. Au début du mois de février, la compagnie Air Burundi a été dissoute par décret présidentiel. Un mois après, le chef de l’Etat nomme cinq administrateurs dont deux militaires et une femme pour représenter l’Etat au conseil d’administration de Burundi Airlines. La compagnie ne dispose jusqu’à présent pas de flotte. Il faut débourser au moins 220 millions USD rien que pour se procurer un Boeing 747.

L’Association Internationale du Transport Aérien (IATA) estime les pertes à 100 milliards d’euros pour les compagnies aériennes. Le transport aérien est retombé à son plus bas niveau de 2003. Le nombre de passagers est passé de 1,8 milliard à 4,5 milliards en 2019. A coup sûr, le transport aérien a été durement touché par la Covid-19. A titre illustratif, la compagnie Kenya Airways envisageait de licencier environ 1 500 employés, soit 40% de ses 3 734 salariés. La rentabilité des compagnies aériennes est remise en cause. La plupart survivent grâce aux subventions de leurs Etats respectifs.

La compagnie Air Burundi opérait dans la sous-région depuis 1975. Le seul aéronef un « beechcraft 1900 » reliait la ville de Bujumbura aux capitales Rwandaises et Ougandaises jusqu’en 2003 (année de cessation des activités). Ceux qui ont voyagé à bord d’Air Burundi gardent certains souvenirs. « On voyageait dans un petit porteur pour rejoindre Kigali. C’était un voyage de 30 min, mais il y avait des secousses quand on atteignait la zone de turbulence », se rappelle notre source. Le petit appareil pouvait transporter à peine vingt personnes. Il volait à basse altitude. Suite à l’insécurité et à la dangerosité des routes, l’appareil effectuait des vols intérieurs vers Gitega. Tout le monde voyageait ensemble comme dans un autocar du moins pour les avions petits porteurs. Sinon dans le temps Air Burundi avait de gros avions. Certains passagers estiment que dans ces conditions, le voyage à bord d’un aéronef de la compagnie Air Burundi de l’époque était assimilable à un « suicide ».

De toute évidence, la compagnie aérienne nationale du Burundi qui a mis la clé sous la porte depuis 2009 à la suite des difficultés financières aura du mal à reconquérir l’espace aérien. La concurrence ardente-cinq compagnies opèrent sur le territoire burundais-pourra produire les mêmes effets que la compagnie a connu dans le passé. Le gouvernement devrait faire preuve de prudence. Sinon il y a grand risque de mettre la charrue avant les bœufs.

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