Burundi Eco

Un séjour prolongé à l’étranger : source de vagabondage sexuel

 

Certains chauffeurs de camions qui transitent par les pays de la Communauté Est Africaine ont du mal à s’abstenir des rapports sexuels lors de leurs voyages. Ils affirment qu’aussi longtemps qu’ils tardent à revenir au lit conjugal, la tendance à se rabattre sur les travailleuses de sexe augmente et par conséquent les risques d’attraper le Sida se multiplient. Burundi-Eco s’est entretenu avec certains d’entre eux à la gare routière de Bujumbura.

N.R est un chauffeur de camion remorque effectuant le transport transfrontalier dans les pays de l’East African Community. Il est marié et père de deux enfants. Il affirme avoir fait de longs trajets, il y a de cela six ans. Quelque fois, il passe un mois et même plus en voyage pour des raisons commerciales. Parlant celles-ci, N.R. évoque le temps que dure le chargement des camions, la rareté des devises,… « Quand nous sommes dans de telles situations, nous cherchons des femmes ou filles célibataires libres qui nous hébergent durant toute cette période de séjour en attendant la fin des opérations de chargement». Au début, ajoute t-il, on utilise le préservatif, mais aussi longtemps qu’on est familier et qu’on y passe beaucoup de jours, le condom n’est plus utilisé. Il fait savoir que celle-ci devient sa femme et constitue par extension sa famille d’accueil. Selon lui, les questions de séropositivité ou de séronégativité ne font pas partie intégrante des sujets de discussion. C’est une confiance délibérée. Les questions de dépistage volontaire n’ont pas de place. H.A explique que cela est souvent dû à ce que les frais de mission s’épuisent souvent dans les hôtels lorsque les formalités commerciales et fiscales perdurent.

Le sida toujours entouré de frayeur

H.A. partage le même point de vue avec N.R. Toutefois, il affirme que tous les chauffeurs ne se comportent pas de la même manière. « Quand on a vu quelqu’un mourir du Sida. Quand on sait les circonstances dans lesquelles vivent les orphelins du Sida et les problèmes qu’ils rencontrent dans les familles dites d’accueil, on ne peut pas souhaiter que cela puisse arriver dans ton foyer », s’indigne t-il. Il affirme qu’il n’oublie jamais utiliser les capotes chaque fois que de besoin. H.A précise que dans d’autres pays de la région comme la Tanzanie et le Kenya, chaque chauffeur-transporteur doit présenter des paquets de préservatifs sur les frontières. Il rassure qu’ils sont exigés comme le sont les documents de véhicule. Sinon une amende est imposée. Malheureusement, ajoute t-il, leur utilisation reste une interrogation.

« Kira siku anaenda safari, namuomba Mungu. Mungu wangu, urinde shetani mme wangu kwa mafanikiyo yote anayetaka kwa jina la Yesu wa Nazarethi ». Qui se traduit en Français par : « Chaque jour qu’il va en voyage, je prie Dieu. Mon Dieu protège mon mari contre toutes les tentations de Satan au nom de Jésus de Nazareth ». Telles sont les prières d’une femme du quartier Nyakabiga qui a requis l’anonymat et dont le mari est chauffeur de camion transitant par la Tanzanie. Selon elle, ce n’est pas seulement la fidélité qui caractérise leur couple, aussi plutôt la force de la prière. « J’ai confiance en mon mari. J’ai fait quatre fois que le dépistage volontaire et le résultat s’est révélé négatif. Je n’ai jamais entendu des témoignages décrédibilisant le comportement de mon époux ». Néanmoins, elle affirme connaître des familles dont les chauffeurs sont morts du Sida. Cette femme comprend les situations difficiles que ces chauffeurs endurent et les invite à s’abstenir comme le fait son mari.

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