Investir dans la transformation, mettre en place des codes miniers attractifs, une politique saine et stable sont certaines des pistes de solutions qui ont été formulées pour tirer profit des ressources minières des pays membres du COMESA
En marge du 17ème Forum Economique du COMESA, des pistes de solutions ont été dégagées pouvoir parvenir à tirer profit des ressources dont regorgent les pays membres du COMESA. Selon Julien Paluku, ministre du commerce extérieur en République Démocratique du Congo, c’est une réalité que les pays membres du COMESA occupent un rang non négligeable important dans la production des minerais.
S’inspirer du modèle des pays de l’OPEP
Pour en tirer profit, il leur demande de mettre en œuvre le modèle des pays producteurs de pétrole. Dès qu’ils ont constaté qu’ils n’en tiraient pas profit, ils ont décidé de se regrouper au sein de l’Organisation des Pays Exportateurs du Pétrole « OPEP » pour inverser la tendance.
Si les pays membres du COMESA réfléchissent dans ce sens, il espère que cela dégagera un effet qui leur permettra d’intervenir dans la fixation des prix de leurs minerais.
De surcroît, les pays membres du COMESA devraient créer des bourses. Il se demande pourquoi l’Afrique dépend toujours des bourses de Londres, de New York, de Toronto ou de Shangaï. Ce sont toujours ces derniers qui fixent les prix des minerais qui proviennent de l’Afrique.
Selon lui, c’est l’engagement des pays africains dans la fixation du prix de leurs ressources naturelles qui leur permettra de sortir de la pauvreté.
Trois défis détectés chez les africains
Selon toujours lui, les africains ont trois problèmes importants. Ce sont entre autres la peur de se lancer, d’investir et de contracter des crédits.
Il explique que lorsqu’ il était ministre de l’Industrie en 2022, il a présidé le conseil des ministres de l’industrie au niveau de l’Afrique qui a eu lieu à Niamey au Niger. A l’issue de cette réunion, il a été recommandé qu’il faut que tout pays africain consacre 10% de son budget au développement industriel, spécialement pour promouvoir la transformation.
Pourtant, il se demande combien de pays ont mis en œuvre cette recommandation. Selon lui, l’Afrique ne devrait pas compter sur les appuis des pays développés. Par contre, elle devrait elle-même valoriser ses potentialités incommensurables à travers le développement de la chaine de valeur.
Elle devra prendre cette conscience de commencer la transformation pour donner de la valeur à ses ressources naturelles et parvenir à s’imposer à la dynamique mondiale, insiste-t-il.
Il donne l’exemple de la Zambie avec la production des batteries électriques. Selon lui, elles sont constituées par le cobalt, le lithium, le manganèse et le nickel qui sont présents à tire larigot dans les pays membres du COMESA en général et au Burundi en particulier.
Comment financer le secteur minier ?
Pour financer le secteur minier, il fait remarquer que les décideurs africains devraient obliger le secteur bancaire à financer la transformation des ressources naturelles. Il s’inquiète du fait que ce secteur oriente en grande partie les fonds dans le financement de l’immobilier. Or, selon lui, appuyer le secteur de l’immobilier concourt à rendre immobile l’économie car, dans ce cas, l’argent ne circule pas.
Le financement de la transformation des minerais permettra même d’accéder aux marchés internationaux. Il argue que le parlement européen a voté une résolution qui interdit la fabrication des véhicules à moteur thermique d’ici 2035. Et les Etats-Unis ont aussi revu à la hausse la taxe sur les voitures électriques en provenance de la Chine. Donc, les africains devraient saisir cette occasion, car la Chine n’aura plus de débouchés en Europe et aux USA, éclaire-t-il.
Une politique saine et stable dans le secteur minier, une nécessité
Dr Seconde Ntiharirizwa, géologue à l’Université du Burundi fait savoir qu’il faut qu’en Afrique en général et dans la zone COMESA en particulier, il y ait une politique saine et stable qui rassure les investisseurs dans le secteur minier.
Elle indique qu’ils craignent des risques inattendus par rapport aux contrats qu’ils ont déjà signés. C’est à dire le changement au niveau des textes réglementaires et des modifications unilatérales du régime fiscal préalablement convenu en augmentant les taux d’imposition.
L’accès aux devises est aussi un obstacle majeur pour les investisseurs. Ils en ont besoin pour payer des dettes, rapatrier les capitaux et payer des dividendes aux investisseurs étrangers. Ils sentent aussi un risque élevé dans les pays où l’activité commerciale est presqu’inexistante. Ils préfèrent aller là où les autres ont déjà commencé à travailler. S’ils trouvent qu’il n’y a pas au moins quelques sociétés minières, ils ont peur de s’engager pour prendre ce risque.
Elle demande alors la mise en place des codes miniers attractifs et des codes des investissements qui énoncent clairement les règles et les garanties applicables aux droits d’exploitation et d’exportation. Et d’ajouter le fait de rassurer les investisseurs qu’ils peuvent exploiter les gisements qu’ils découvrent dans leurs recherches.
De plus, adapter les régimes fiscaux à ceux d’autres pays miniers pour permettre plus de rentabilité est une nécessité. Elle explique qu’il ne peut pas y avoir d’investisseurs si la fiscalité et le régime de change ne sont pas satisfaisants. Rendre disponibles les données sur le secteur minier est aussi d’une importance capitale.
Notons que le COMESA est composé de 21 pays.