21 pays qui constituent le COMESA peinent à concrétiser l’intégration effective. Exigence de visas avant d’entrer dans les pays membres, les balances commerciales déficitaires, la cherté du transport aérien, l’insuffisance des infrastructures de transport terrestre…tels sont les défis qui entravent cette intégration. Du coté burundais, la non compétitivité industrielle est une opportunité, car cela témoigne de la virginité du terrain
Selon Jean Claude Kanene, assistant du ministre du Commerce, du Transport, de l’Industrie et du Tourisme, le commerce intra-comesa est déterminé par le volume des échanges que les pays membres sont à mesure de fournir. Cela dans le cadre du marché commun. Ce qui contribue au développement des économies et, partant, au bien-être de la population. C’était lors d’un atelier régional sur la promotion du commerce organisé à Bujumbura par le Marché Commun de l’Afrique Orientale et Australe (COMESA) du 11 au 12 décembre 2023.
Cependant, informe-t-il, le marché commun doit être soutenu pour une intégration profonde et réelle.
Pour faciliter l’intégration au COMESA, M.Kanene indique que les efforts fournis par le Burundi sont liés à l’élimination des barrières commerciales et des restrictions à la libre circulation des personnes. En témoigne la délivrance du visa à l’entrée, la digitalisation des services d’immigration…
Encore plus d’efforts pour le pays
Denis Nshimirimana, Secrétaire général de la Chambre Fédérale de Commerce et d’Industrie du Burundi (CFCIB) précise que le pays est sous-industrialisé. D’après lui, le terrain est encore vierge. Ce qui constitue une opportunité.
« La zone du COMESA compte environ 600 millions d’habitants, soit presque la moitié de la population habitant toute l’Afrique. Même si le pays quadruple ou quintuple sa production industrielle, il a un marché vaste, surtout qu’en tant que cœur de l’Afrique il se trouve au centre de gravité de tous les pays », déclare M.Nshimirimana.
IL signale également que le pays a une pluviométrie qui s’étend sur 8 mois. Ce qui est un atout de taille pour irriguer les champs. Le secrétaire général de la CFCIB rappelle aussi que le pays regorge tant d’opportunités dans le secteur agricole surtout, les fruits et légumes, mais aussi dans les services.
Nonobstant, il déplore que le secteur touristique n’est pas exploité. « Les sites touristiques ne sont pas aménagés », regrette-t-il avant d’éclairer que le pays a une main-d’œuvre moins coûteuse et jeune.
M.Nshimirimana propose toutefois de revoir la qualité de la formation.
Les importations largement supérieures aux exportations
Le secrétaire général de la CFCIB confirme même que du côté du COMESA le commerce présente un déséquilibre.
« Le volume des exportations est estimé à 8, 5%. Les importations étant évaluées à 91, 5%, le gros de ceux-ci est acheté en Europe, dans les pays asiatiques ou aux Etats-Unis d’Amérique (USA). C’est une même tendance que dans la Zone de Libre Echange Continentale Africaine où 14 à 15 % sont des exportations tandis qu’environ 85% des importations proviennent de l’extérieur de la zone », s’inquiète M.Nshimirimana.
Le rapport sur la promotion du commerce au sein du COMESA signale que les importations du COMESA de tous les produits en provenance du monde a augmenté de 44 % au cours des 10 dernières années. Elles sont passées d’un marché évalué à 165 milliards USD en 2013 à un marché évalué à 236 milliards USD en 2022.
Pendant la même période, les importations intra-COMESA ont diminué de 16 % au cours des 10 dernières années, passant d’un commerce intra-COMESA évalué à 12 milliards USD en 2013 à un commerce intra-COMESA évalué à 10 milliards USD en 2022.
« Le COMESA n’a importé que 4,3 % de sa demande totale pour tous les produits des pays du COMESA en 2022 », notifie le rapport.
Le document fait remarquer que les exportations du COMESA vers le monde de 2013 à 2023 sont évaluées à 839 milliards USD, soit 75% tandis que les exportations du COMESA vers les pays membres sont évaluées à 46 milliards USD au cours de la période considérée 2013-2022, soit 5,5%.
Un transport lacunaire
M.Nshimirimana reconnait que les échanges entre les pays du COMESA ne sont pas développés. Il attribue cela au transport aérien qui est cher. Pour lui, en partant du Burundi, se rendre par avion au Congo Brazaville ou en République Démocratique du Congo (RDC) coûte plus cher que voyager vers la France.
Et de continuer : « Les infrastructures de transport routières ne sont pas développées. Il n’existe pas par exemple de route reliant le Burundi et Kisangani en RDC. Là où les routes sont en bon en état, la circulation des camions est gêné par une multiplicité de ponts bascules ».
Au niveau du COMESA, dit M.Nshimirimana, on n’a pas un système de suivi électronique de cargos. Il se demande par ailleurs, pourquoi le transport maritime n’est pas développé alors qu’il est moins cher. « Les fleuves comme Zambèze, Nil… ne sont pas exploités », martèle M.Nshimirimana.
Le Burundi a signé pas mal d’instruments du COMESA et se prépare déjà à accueillir le 23ème sommet des chefs d’Etats et des gouvernements prévu vers la fin de l’année 2024. Après la signature de l’accord sur l’accueil dudit sommet et sa feuille de route, il compte mettre en place très prochainement un comité national mixte pour commencer les préparatifs.
Le 22ème sommet des chefs d’Etat et des gouvernements s’est tenu à Lusaka en Zambie le 8 juin 2023.