Les femmes faisant le commerce international qui sont soutenues par leurs époux réussissent dans le monde des affaires. Malgré cela, des milliers d’entre elles font face à des tracasseries, surtout que nombreuses d’entre elles travaillent dans l’informel.
Plus de deux mille femmes faisant le commerce transfrontalier travaillent dans l’informel selon l’Association des Femmes Rapatriées du Burundi (AFRABU).
« N’eût été mon métier de commerçant transfrontalier, je suppose qu’il serait difficile à mon époux de subvenir à lui seul aux besoins de la famille », indique Chantal Ntirampeba, une trentenaire faisant la commercialisation des pagnes au marché communément appelé « Chez Sion ».
Mère de sept enfants, Mme Ntirampeba annonce que son mari est salarié et ne touche son salaire qu’à la fin du mois. Pourtant, elle peut encaisser des bénéfices chaque jour selon les ventes. Ce qui facilite l’organisation dans les dépenses de la famille.
L’indispensable intervention de l’époux
Mme Ntirampeba confirme que son business n’a été possible que grâce à la compréhension de son mari qui lui a filé le capital. « Même si je suis absente de la maison, il sait qu’il me remplace valablement », se réjouit-elle avant de rappeler que normalement le business est incompatible avec les tâches ménagères.
Et de faire remarquer : « Soit on doit posséder un enfant adulte qui s’occupe de la fratrie, soit le mari doit s’occuper des enfants, veiller à ce qu’ils mangent ou s’ils aillent à l’école ».
Toutefois, Mme Ntirampeba avoue qu’elle ne fréquente pas souvent les pays dans lesquels on s’approvisionne à cause de la modicité de son capital et de la peur des tracasseries douanières et beaucoup de barrières-tarifaires en cours de route. « Par exemple pour s’approvisionner en pagnes en RDC, nous collectons l’argent et nous l’envoyons par téléphone
Un long chemin à faire
Bienvenu Hicuburundi, responsable du projet « Mupaka Shamba Letu » au sein de l’Association des Femmes Rapatriées du Burundi (AFRABU) précise que le nombre des maris qui soutiennent leurs femmes dans le commerce international n’est pas élevé.
Pour lui, l’AFRABU encadre 900 femmes regroupés dans des associations villageoises qui font le commerce transfrontalier. Et de signaler : « Nous encadrons 180 maris qui assistent leurs épouses qui font le commerce international » avant de déplorer que l’association touche plus de 2 mille femmes qui font le commerce transfrontalier, mais qui travaillent dans l’informel.
M.Hicuburundi précise que ces dernières exercent le commerce ambulant dans les pays autres que les leurs. Ce qui génère moins de revenus. Par ailleurs, informe-t-il, ces femmes sont confrontées au harcèlement en cours de route ou sont mal perçues par l’entourage à cause des stéréotypes. Ce qui peut provoquer des incompréhensions au sein du ménage.
M.Hicuburundi déplore que ces femmes effectuent un travail fatiguant et s’épuisent facilement. D’où la nécessité d’être soutenues.
Et de regretter : « Parfois, elles ignorent leurs droits et sont malmenées dans leur travail, surtout au niveau des frontières. Ce qui engendre souvent la corruption ».
M.Hicuburundi se dit préoccupé par la législation qui veut qu’un nombre important de femmes faisant le commerce transfrontalier puisse quitter l’informel. Il explique que ce que font ces femmes contribuent dans la survie du ménage, d’où les conjoints doivent s’entraider mutuellement. Pour faciliter le travail des femmes faisant le commerce transfrontalier, il insiste sur la suppression des barrières non tarifaires, la suppression du paiement des frais pour le test Covid-19 ainsi que de pas mal de procédures au niveau des frontières.