Le commerce des œufs cuits est un gagne-pain pour de nombreuses familles. En voyant les vendeurs ambulants se trimbaler avec des palettes d’œufs cuits, on a l’impression que c’est un rien du tout. Sauf que derrière ce rien du tout se trouve un gagne-pain pour beaucoup de familles
Dans le numéro précèdent, on vous avait exposé comment le prix de l’œuf a grimpé et que certains restaurants ou même les petits commerçants ambulants ont du mal à s’approvisionner en cette denrée qui devient de plus en plus chère. Le commerce des œufs a été plus souvent associé à une autre activité génératrice de revenus. Le circuit de distribution des œufs comprend les grossistes, les détaillants et les vendeurs ambulants. Ces derniers sont en majorité de jeunes enfants, des mineurs. Leur boulot est de réussir le challenge de verser un certain montant à la fin de la journée. Leur salaire est fixé selon qu’il est logé et nourri ou s’il se prend en charge lui-même. On les trouve là où sont concentrés beaucoup de gens surtout dans des cabarets.
Des nombreuses familles parviennent à souffler
La première chose à savoir est que ces enfants travaillent pour le compte des ménages qui les paient ensuite. Comme les grooms ou les bonnes, ces jeunes vendeurs sont engagés dans les ménages sauf qu’ils se lèvent chaque matin pour arriver à vendre deux ou trois palettes d’œufs par jour. D’après les reportages effectués sur terrain, la plupart des ménages qui emploient ces petits vendeurs arrivent à encaisser entre 5000 et 10 000 FBu par jour. Quant au vendeur, il est payé entre 20 000 et 25 000 FBu en fonction du capital investi. Cela au moment où le ménage s’engage à rationner et loger le vendeur.
Les ménages qui ont investi dans le petit commerce des œufs cuits témoignent qu’ils parviennent à souffler un peu quand ils réglent leurs dépenses journalières.
Cependant, il y a certains ménages qui préfèrent que le vendeur se prenne en charge quant à l’alimentation et au logement. Dans ce cas, le ménage lui donne un capital et se convient avec le vendeur sur le montant à verser chaque jour. Cette somme peut varier entre 2000 et 5000 FBu et n’aura aucun payement.
Même si cela parait petit, les ménages qui ont investi dans ce petit business témoignent qu’ils parviennent à souffler un peu quand ils règnent leurs dépenses journalières.
C’est la confiance qui est en jeu
Les personnes qui emploient ces jeunes expliquent cependant que pour se lancer dans le petit commerce des œufs cuits, il faut prendre un risque. « Tu rencontres une personne dont tu ne connais ni sa mère ni son père et tu lui donnes un capital aussi petit soit-il et tu attends le soir pour recevoir de sa part un bénéfice. Tu dois témoigner une certaine confiance à cet inconnu », explique un chef de famille qui a investi dans ce petit commerce. Cela étant, il arrive des fois où un vendeur disparait dans la nature avec un capital de quelqu’un et qu’il n’y ait pas de suite.
Même si c’est un travail des mineurs…
La majorité de ces jeunes vendeurs sont des mineurs dont l’âge varie entre 12 et 17 ans. Ces derniers expliquent qu’ils n’ont pas d’autres choix que de chercher un boulot à faire vu que leurs familles de l’intérieur ne parvenaient pas à les nourrir et à prendre soin d’eux. En plus, ils affirment que par rapport aux autres travaux ménagers, celui-ci est un peu évolué. Là-bas, ils expliquent que les domestiques subissent plusieurs formes d’exploitation contrairement à eux. « Notre seule préoccupation est d’arriver à trouver la somme à verser chaque soir», dit l’un d’entre eux.
Quant à aux ménages qui emploient ces jeunes, ils indiquent que ne pas les employer ne les aident pas du tout. Ils sont au courant que le travail des mineurs est interdit par la loi, mais que ces enfants sont plus protégés en travaillant qu’en déambulant.
Le constat est que souvent le commerce ambulant des œufs cuits est associé à celui des arachides grillées. Aussi, pourrait-on se demander pourquoi le commerce ambulant, qui souvent convoité par les femmes, celui des œufs ne les attire pas. Serait-il l’apanage des hommes ?