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Commerce transfrontalier : Les femmes plaident pour plus d’assistance

L’échange transfrontalier constitue la principale source de revenus pour un grand nombre de commerçants exerçant dans l’informel, en majorité des femmes modestes qui transportent leurs produits agricoles d’un endroit à l’autre.  Il y a une importante dimension « spécifique au genre » liée à cette question. Les moyens de subsistance et les activités de ces femmes commerçantes sont actuellement mis à mal par une prédominance de paiements non-officiels et de violence physique à la frontière

Les femmes qui effectuent le commerce transfrontalier au niveau de Gatumba demandent que leur activité soit formalisée

A la frontalière du Burundi et de la République Démocratique du Congo, le petit commerce alimentaire constitue une source vitale de revenus pour les ménages. Il est pratiqué à 80% par les femmes. Le commerce transfrontalier n’est rien de plus qu’un mode de survie pour ces femmes. Dès l’aube, elles se mettent en route pour vendre du manioc ou des tomates de l’autre côté de la frontière espérant en tirer un maigre profit, juste assez pour faire vivre la famille. Les hommes ne participent pas à cette activité, perçue comme inférieure. Cette situation rend le commerce transfrontalier particulièrement dangereux pour les femmes. Les revenus générés par les activités commerciales à petite échelle jouent un rôle clé dans la réduction de la pauvreté dans les zones frontalières.

Des problèmes hantent ce petit commerce

« Nous faisons parfois face aussi à la corruption des gens en tenue civile qui nous obligent à payer des taxes, qui profitent de l’ignorance de certaines femmes pour leur soutirer des bakchichs », confie Sophie Nsabimana, une des femmes qui effectuent le commerce au poste frontière de Gatumba. Souvent, elles perdent ainsi la moitié de leur maigre bénéfice. Avec les restrictions sur les frontières, ces femmes affirment qu’elles paient parfois beaucoup au niveau de la RDC. «La police congolaise nous dit que le problème se trouve au niveau du Burundi qui exigen des taxes exorbitantes sur les produits en provenance du Congo. On ne comprend pas les procédures», témoigne Virginie, une autre commerçante de Gatumba. Elle raconte qu’il est souvent fréquent que trois ou quatre commerçants puissent ne pas payer les mêmes taxes alors qu’ils ont importé les mêmes produits, de mêmes quantité et qualité. « Ceci est une grande difficulté entre les commerçants. Si tel commerçant a payé des frais de dédouanement à un prix plus élevé alors que tel autre a dédouané à un prix très réduit, il y aura une différence des prix au niveau du marché, a-t-elle expliqué.

Grâce aux formations, les femmes commencent à y voir clair

Un projet de Traidlinks soutenu par TradeMark East Africa leur a donné des réponses très concrètes. Il a permis à 200 femmes de bénéficier de formations, afin qu’elles ne soient plus démunies face aux taxes. Fortes de leurs connaissances des règles du commerce transfrontalier et des véritables droits de douane, elles ne se laissent plus rançonner. « Nous leur avons bien expliqué toutes les procédures légales afin qu’elles ne passent plus dans la clandestinité avec tous les risques qui en découlent », indique Jean Louis Mutendela, chargé des services de développement commercial EAC-RDC au sein de Traidlinks. Malgré que le commerce transfrontalier opère dans le secteur informel, les bénéfices tirés de ce dernier servent principalement à couvrir les besoins de première nécessité tels que l’alimentation ou la scolarisation. Ce qui laisse peu de possibilités de réinvestissement dans l’activité commerciale. Les revenus tirés du commerce transfrontalier sont souvent la principale source de revenus des ménages concernés.  « Actuellement, nous essayons de les regrouper en coopératives pour pouvoir contracter des crédits dans les microfinances. Comme ça elles peuvent augmenter leurs revenus et rehausser le niveau de vie de leurs ménages », fait savoir M. Mutendela.

En attendant que le commerce transfrontalier soit admis dans le secteur formel, les femmes qui l’exercent demandent plus d’assistance et de sécurité car, grâce à cette activité, des milliers de familles parviennent à survivre.

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