L’Agence de Développement du Burundi (ADB) alerte sur le fait que la balance commerciale du Burundi devient de plus en plus déficitaire. Et les conséquences sont entre autres la perte de la valeur de la monnaie, la diminution du pouvoir d’achat, la dégradation du bien-être de la population, etc.
Le Burundi a une balance commerciale déficitaire. La valeur des exportations est très inférieure à celle des importations, indique Jean Claude Cibogoye du service de promotion des investissements à l’ADB. Depuis 2005, les données de la BRB montrent que la balance commerciale du Burundi continue à être très déficitaire. A cette période, la balance commerciale était déficitaire de plus ou moins 250 milliards de FBu contre 1 500 milliards de FBu en 2019. Selon les mêmes données, la balance commerciale était excédentaire en 1964 et 1977.
Selon le Bulletin de l’OBR de 2020, au second trimestre 2020, les exportations ont diminué de 68,9% par rapport à la même période de 2019 passant de 99 114,2 millions de FBu à 30 827,7 millions de FBu. C’est au moment où les importations ont augmenté de 13,1% au second trimestre 2020 passant de 368 495,4 millions de FBu en 2019 à 416 746,6 millions de FBu en 2020. En effet, la balance commerciale au second trimestre 2020 accuse un déficit de 385 918,9 millions de FBu. Par rapport à la même période de 2019, elle s’est détériorée de 43,3%. Les échanges commerciaux ont diminué de 4,3% par rapport à la même période de 2019. Le taux de couverture des importations par les exportations a perdu 19,5 points au second trimestre 2020 passant de 26,9% en 2019 à 7,4% en 2020.
Didace Ngendakumana, DG de l’ADB : « Les quantités exportées sont largement minimes pour compenser les besoins en termes de produits de consommation et d’investissement importés ».
EAC : Le Burundi n’est qu’un consommateur
La même situation s’observe aussi dans la Communauté Est Africaine. Le Burundi n’est qu’un consommateur. L’inverse s’observe seulement avec la RDC où en 2019 la valeur des exportations représentait plus de 31 milliards de FBu. Nonobstant, avant l’intégration du Burundi dans l’EAC en 2007, la valeur des importations était égale à la valeur des exportations (2006). Cibogoye s’inquiète que l’adhésion du Burundi dans l’EAC est alors plus favorable aux autres pays membres. Leurs exportations vers le Burundi augmentent d’année en année.
Quid des conséquences ?
Cibogoye laisse entendre que les conséquences de cette situation sont néfastes. La monnaie locale perd sa valeur. Le pouvoir d’achat diminue. Les devises deviennent rares et bonjour l’inflation. Le bien- être de la population se détériore.
Pour inverser la tendance, Cibogoye invite les Burundais à consommer les produits locaux. De plus, l’exploitation d’autres secteurs d’activités tels que le café de spécialité, le thé de spécialité, les huiles essentielles, la pêche, l’artisanat et le tourisme s’avère urgente. Et d’ajouter l’exploitation des matériaux de construction et des produits agro-alimentaires, la promotion de la poterie et de la vannerie, les meubles, etc. Avant d’intégrer un bloc économique, il indique qu’il ne faut pas se précipiter. Plutôt, il faut préparer une offre suffisante, diversifiée et de qualité. De surcroît, on doit se rendre compte que les avantages sont équitables dans une communauté. Si on remarque qu’il n’y a pas de profit, vaut mieux ne pas adhérer. Selon lui, le Burundi devrait se spécialiser dans la production de certains produits comme cela se fait dans les autres pays. C’est à titre illustratif le Cacao pour la Côte d’Ivoire et le pétrole pour le Soudan. En un mot, le développement d’une économie d’échelle est une urgence.
Au regard de la performance commerciale actuelle du Burundi dans les Communautés Economiques Régionales, Didace Ngendakumana, DG de l’ADB fait savoir que chantier est vaste pour se rattraper. Selon lui, on doit relever les défis et les contraintes qui sont entre autres le manque du savoir-faire des entreprises face à la concurrence des autres pays, la dépendance sur les produits de base, etc. Selon toujours lui, les quantités exportées sont largement minimes pour compenser les besoins en termes de produits de consommation et d’investissement importés. Ce qui est à l’origine de la balance commerciale toujours déficitaire. Il ajoute que même les institutions d’appui à l’investissement et au commerce manquent de ressources et de moyens suffisants pour s’acquitter de leur devoir.
Ngendakumana suggère que la synergie de tous les intervenants et une meilleure coordination des actions d’appui et d’accompagnement des entreprises soient une nécessité pour améliorer l’état des lieux de la balance commerciale du Burundi.