A la sous-colline de Nyarurambi de la colline Gitibu en commune Cankuzo, se trouve un petit village des Batwa. Ces derniers mènent une vie malheureuse malgré qu’ils pratiquent la forge et la poterie. Leurs métiers ne rapportent presque rien parce qu’ils sont exercés de façon rudimentaire et ne disposent pas de beaucoup de débouchés. Et leur agriculture n’est pas productive, à cause de l’exiguïté des terres à cultiver. Ils ne disposent même pas d’habitations décentes pour plus de confort. Pour ce faire, un coup de pouce est nécessaire pour réconforter ces oubliés
Estimés à 1% de la population burundaise, les Batwa dits aussi autochtones vivent généralement à l’écart des autres composantes de la population burundaise et également dans une pauvreté sans nom. Il en est de même pour ceux de Nyarurambi à Cankuzo.
Depuis des années, leurs métiers traditionnels (la poterie et la forge) constituent leurs principales sources de revenus. Mais, actuellement, les ustensiles de cuisine qu’ils produisent sont fortement concurrencés sur le marché local par des ustensiles modernes. Pire, ces Batwa n’ont même pas de lopins de terre suffisants pour cultiver afin de nourrir leurs progénitures.
Evolution en decrescendo de la forge et de la poterie
Les familles des Batwa mènent une vie malheureuse, ils n’ont même pas d’habitations décentes, encore moins des terres cultivables.
Depuis longtemps, la forge et la poterie ont occupé une place importante dans le Burundi d’antan. Les objets métalliques qu’on utilisait dans la vie courante résultaient de la forge. D’une petite aiguille d’un Burundais lambda à une lance qui servait à sécuriser le pays, tout cela était l’œuvre des forgerons. Ils vivaient de leurs métiers, car ils étaient très sollicités par les hommes de toutes les classes sociales. Pourtant, tout change, tout évolue.
Avec l’avènement des colonisateurs au Burundi, des objets modernes remplaceront progressivement les objets traditionnels grâce à leur efficacité et à une manipulation facile. Cette révolution marque le début du déclin de la forge et de la poterie. Ces métiers n’ont plus de sens pour qu’un artisan en vive. Actuellement, les produits de ces métiers peinent à s’imposer sur le marché.
Malheureusement, les Batwa de la commune Cankuzo et plus précisément sur la sous-colline de Nyarurambi continuent à exercer ces métiers malgré la modicité des revenus. « Dès mon jeune âge, je pratique la forge. Hélas, elle ne me rapporte presque rien en termes de revenus parce que mes produits sont d’une qualité très inférieure à celle des produits importés. Comme il n’y a pas d’autres alternatives, je suis contraint d’assumer cette vie de chien », raconte Emile, un homme rencontré dans son atelier dans le village des Batwa de Nyarurambi. Il ajoute que, par exemple, le marteau coûte autour de 2 000 FBu malgré que la production de cet objet nécessite un travail très fatigant.
Tout comme la forge, la valeur de la poterie n’est plus la même que celle d’autrefois. Actuellement, les gens n’ont forcément pas besoin des pots traditionnels pour cuire la nourriture, car les ustensiles modernes sont de loin meilleurs, ils en ont pris le relais. « Bien que la matière première (argile) ne soit plus facile à trouver, les pots que je fabrique coûtent moins cher, mais ils sont de moins en moins sollicités. Le faible revenu que je tire de ce travail ne me sert presqu’à rien », confie Matilde, une femme Mutwa.
Des habitations indécentes et des terres cultivables en manque
Les métiers traditionnels des Batwa n’ont plus de valeur pour leur permettre de vivre comme il faut. Pour y remédier, l’agriculture semble être une alternative. Dans le village de Nyarurambi, autour de leurs maisons couvertes de paille, il y a diverses cultures, mais la surface cultivable est très exiguë.
« Sous le toit d’une maison fort exiguë et mal couverte, nous sommes une famille de 7 personnes, y compris les enfants. Les revenus tirés de nos métiers ne peuvent en aucun cas couvrir nos besoins quotidiens. Raison pour laquelle nous essayons de pratiquer l’agriculture », confie Emile. Il ajoute que même si l’agriculture fait figure de voie de sortie, les terres cultivables sont insuffisantes pour faire manger toute la famille. Chaque famille ne se contente que d’exploiter la parcelle qui abrite sa hutte.
Le rôle de l’administration
« Les problèmes auxquels fait face la communauté des Batwa sont connus de tous, la pauvreté extrême vient en premier. En tant qu’association œuvrant dans la protection et la promotion de cette catégorie de personnes, nous continuons à hausser le ton pour que l’Etat burundais et les institutions ou organisations habilitées fassent quelque chose dans le but d’améliorer les conditions de vie de ladite communauté », s’indigne Emmanuel Nengo, représentant légal de l’association « Unissons-nous pour la Promotion des Batwa » (UNIPROBA). M. Nengo souligne également que les efforts institutionnels ne suffisent pas à eux seuls pour promouvoir les Batwa. Pour lui, ces derniers sont appelés à conjuguer leurs efforts en travaillant laborieusement. Sinon toutes les initiatives en leur faveur tomberont à l’eau.