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Commune Gishubi : Les boissons Brarudi, un luxe dont ne peuvent s’offrir que les initiés

Les Burundais sont des amateurs de bière par excellence. A part le vin de banane brassé d’une manière artisanale, les produits Brarudi jouent un rôle déterminant dans l’étanchement de la soif des férus de la sainte mousse. Malheureusement, les boissons de Brarudi sont devenues rares, onéreuses et luxueuses surtout à l’intérieur du pays. Un petit tour dans la commune Gishubi de la province Gitega nous en dit long.  

Il est 14 heures au chef-lieu de la province Gitega. A cet instant, nous empruntons une moto, à destination du Sud de la province, plus précisément en commune Gishubi. Comme nous sommes en pleine période estivale, les rayons solaires frappent très fort cet après-midi.  Pire, les poussières soulevées par les pneus des engins motorisés rendent le trajet inconfortable tout au long de la route nationale numéro 16 (RN16) non encore asphaltée. Après 30 minutes de roulage, nous arrivons au centre de Nyabiraba qui est une des trois zones qui composent la commune de Gishubi. Sous l’effet de la fatigue et de la chaleur d’été, le corps humain demande quelque chose à boire. Comme tous les Burundais, amateurs de la sainte mousse par excellence, le choix le plus probable est la bière et tout particulièrement les boissons de Brarudi. La tentation est grande. Hélas ! L’escale est confirmée. C’est le moment d’étancher la soif.

Avec la pénurie des produits Brarudi, le fait de trouver une bouteille de bière dans un des bistrots de la commune Gishubi est une chance. (Photo : Bureau Communal)

Des bistrots dépourvus de bière !

Dans le centre de Nyabiraba, les bistrots à boissons alcoolisées y sont multiples. Mais, est-ce que la bière y coule à flot ? Nous entrons dans un bar pour vérifier. A l’intérieur du bistrot, plus ou moins cinq individus sont assis sur des bancs, mais personne n’a une bouteille en main, sauf qu’ils sont concentrés sur leurs téléphones. «Ici, il n’y a pas de produits Brarudi. Les boissons de cette société sont rares dans cette commune. Même les quelques mini dépôts de ces produits sont servis occasionnellement. En conséquence, les citoyens lambda ne peuvent pas avoir de quoi boire», indique le serveur du bar. Et d’ajouter : « Si les détenteurs des bistrots se débrouillent pour trouver les boissons ailleurs par exemple dans la province de Mwaro ou dans la commune de Makebuko, dans ce cas, le prix d’une bouteille de bière doit augmenter. A titre illustratif, une bouteille de bière Primus doit s’acheter à pas moins de 2000 FBu et une bouteille d’Amstel 65 cl coûte entre 2500 FBu et 3000 FBu. Mais dans ce cas, l’administration locale intervient et impose les prix officiels. Sinon, les détenteurs du bistrot sont soumis aux sanctions ».

Vu la situation qui prévaut et compte tenu des dires du serveur, il est presque impossible de trouver de quoi boire. Nous sommes obligés de quitter le lieu pour aller vers notre destination finale : au chef-lieu de la commune Gishubi (environ 7 km à parcourir). Dans dix minutes, nous voici arrivés à cet endroit. Là-bas, les bistrots sont légion. Malheureusement, ils ne disposent pas de boissons de Brarudi. Pourtant, nous apprenons qu’il y a certains détenteurs de bistrots qui ont quelques bouteilles de bière. Mais ils ne servent pas n’importe qui. La prudence oblige ! Ils les donnent à une personne de confiance. Celle qui ne pourrait pas les dénoncer aux administratifs locaux, car ces boissons sont vendues au-delà du prix officiel.

Le commerce clandestin n’est pas rentable

« Nous vendons paisiblement les boissons de la Brarudi quand le mini dépôt de ces produits est servi. Ces boissons durent au plus deux jours et par la suite les bars tarissent. Nous vivons ce calvaire pendant une ou plusieurs semaines en attendant un autre camion qui va servir les dépôts des grossistes », confie un commerçant des produits Brarudi rencontré près du chef-lieu de la commune Gishubi. « Si un commerçant parvient à avoir par exemple un casier de Primus ou d’Amstel à un prix un peu élevé, il est obligé de vendre la bière clandestinement à un prix élevé aussi pour dégager sa marge bénéficiaire. Malheureusement, on ne peut pas se développer quand le commerce est fait dans de telles conditions », regrette-t-il. En conséquence, ajoute-t-il, même les personnes qui organisent des fêtes familiales ne peuvent pas avoir des boissons pour agrémenter les invités.

« Les dépôts des produits Brarudi implantés dans la commune sont servis une fois par semaine ou une fois toutes les deux semaines. Malgré tout, l’administration locale s’est engagée à combattre toute forme de spéculation sur les boissons de la Brarudi.  Pour ce faire, nous organisons régulièrement des réunions avec toutes les parties concernées dont les commerçants des boissons et la population pour leur faire comprendre que malgré la pénurie des produits Brarudi, aucune personne n’est autorisée à les vendre au-delà des prix officiels », indique Marie Chantal Nduwayezu, administrateur de la commune Gishubi. En plus de cela, elle avertit qu’un commerçant qui sera surpris en train de spéculer sur les produits Brarudi, il sera sanctionné conformément à la loi. Cette autorité communale rappelle que la pénurie des boissons Brarudi s’observe partout dans le pays et que la commune de Gishubi n’est pas épargnée.

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