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Commune Kigamba : l’agriculture remplace petit à petit la poterie chez les Batwa

La poterie n’est plus rentable, les marmites sont moins chères et sont concurrencées par les ustensiles de cuisine modernes. C’est pour cette raison que les Batwa de la colline Rwamvura en commune Kigamba de la province Cankuzo pratiquent l’agriculture pour subvenir à leurs besoins quotidiens.

Noëlla Gakobwa (premier plan) estime que la poterie n’est plus rentable.

 

« Nous continuons à exercer le métier de poterie. Malheureusement, nous n’avons presque pas de clients pour nos produits. Par exemple, au marché de Kigamba, nous avons du mal à trouver des acheteurs. Ces derniers proposent souvent plus ou moins 500 FBu pour une marmite neuve alors que ces frais ne peuvent même pas acheter un kilo de farine de manioc ou la moitié d’un kilo de haricots », s’indigne Noëlla Gakobwa, 25 ans, une Mutwa vivant sur la colline Rwamvura en commune Kigamba de la province Cankuzo.

Malgré tout, elle explique que pour avoir un produit fini de la poterie, cela demande beaucoup d’énergie. Premièrement, on commence par extraire de l’argile au niveau du parc de la Ruvubu pour la transporter jusqu’à la maison sans oublier d’autres étapes importantes pour fabriquer une marmite. Si tous les matériels sont réunis, elle fabrique entre trois et cinq marmites par jour. Malgré un travail fatigant, les produits issus de la poterie ne sont pas appréciés à leur juste valeur et ils sont concurrencés par les ustensiles de cuisine modernes.

Quand les Batwa veulent hausser le prix d’une marmite jusqu’à 1000 FBu, explique Mme Gakobwa, les clients n’acceptent pas et ils sont contraints de la vendre au prix que les acheteurs veulent. Donc, c’est comme si ce sont les acheteurs qui ont le dernier mot.

L’agriculture, une alternative

Les Batwa de la colline Rwamvura affirment qu’ils ont des lopins de terre à cultiver et donc qu’ils ne comptent pas seulement sur la poterie pour vivre. « Aujourd’hui, nous ne pouvons pas vivre de la poterie, car elle n’est pas rentable. L’alternative c’est l’agriculture », indique Mme Gakobwa. Elle ajoute que quand elle travaille dans les champs d’un particulier pendant une journée, elle est payée 2500 FBu. C’est mieux que la production de cinq marmites.

Victoria Misigaro une femme Mutwa vivant sur la colline Rwamvura affirme que les Batwa sont en train d’abandonner le métier de poterie parce qu’il n’est plus rentable. L’agriculture est meilleure que la poterie. Pour illustrer cela, elle indique qu’elle peut passer même cinq mois sans fabriquer les marmites au profit de l’agriculture. Pourquoi ? Parce que quand on fabrique dix marmites pendant une semaine, tous ces produits ont une valeur d’environ 5000 FBu malgré qu’elles résultent d’un travail très exigeant sans oublier les risques de les briser à tout moment. Par contre, quand elle travaille dans les champs des voisins pendant une semaine, elle peut gagner facilement au moins 15 000 FBu. A ne pas ignorer qu’elle cultive également chez elle.

Donavine Cishahayo affirme que la dernière fois qu’elle a fabriqué une marmite, c’était il y a de cela cinq ans, car elle n’y trouve plus un intérêt particulier. Les produits de la poterie ne sont pas valorisés sur le marché. L’agriculture est son lot quotidien. Mais dans la plupart des cas, elle travaille dans les champs d’autrui pour gagner de l’argent malgré qu’elle dispose de ses propres parcelles à cultiver.

Mais la population environnante estime que les Batwa ne devraient pas délaisser le métier de poterie. « Je préfère les pots traditionnels aux ustensiles de cuisine modernes. La nourriture cuite dans les marmites produites par les Batwa me semble meilleure. Malheureusement, les Batwa sont en train d’abandonner la poterie parce qu’elle n’est plus rentable », témoigne Balthazar Kanyarushatsi. Pour lui, les Batwa de Rwamvura méritent d’être soutenus par les ONGs afin d’améliorer les techniques les techniques de production des marmites.

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