Les glissements de terrain, l’effondrement et l’éboulement de terrains sur les rivières Kanyosha, Mpimba et Muha constituent une menace sérieuse pour la ville de Bujumbura. Les infrastructures dans les quartiers de Musaga, kanyosha, Rohero, Gasekebuye… sont menacées. C’est un constat fait ce samedi 22 decembre2018 lors d’une visite de terrain effectuée par un reporter de Burundi Eco
Les infrastructures érigées le long de la rivière Kanyosha sont menacées par la rivière Kanyosha. Les propriétaires des maisons environnantes demandent au gouvernement d’intervenir dans les plus brefs délais. Au quartier Busoro de la zone Kanyosha sur la 12ème avenue, à quelques mètres du pont séparant la zone Musaga et la zone Kanyosha, la situation est catastrophique. Deux maisons se sont déjà effondrées, d’autres sont sur le point de céder, se lamente le propriétaire d’une maison située à cet endroit. Quelques riverains ont déjà déménagé. D’autres assistent impuissamment à cette situation.
Le lit continue à s’élargir
Le lit de cette rivière ne cesse de s’élargir. Un grand ravin s’est formé le long de la rivière. Les méandres s’effondrent du jour au jour. Le pont Kanyosha reliant Kinanira à Kanyosha n’est pas épargné. Les crues de la rivière le fragilisent. Les riverains font savoir que les murs de soutènement commencent à tomber l’un après l’autre. L’administration devrait s’en préoccuper. Les riverains essaient de se protéger en aménageant des digues avec des sacs remplis de sable et de branches d’arbres. Cependant, ils jouent en perdant, car la situation persiste.
L’extraction du moellon, du sable, du gravier et des pierres empire la situation
Le pire est que les gens continuent à extraire le moellon, le sable, le gravier et les pierres dans la rivière kanyosha. Le lit de cette rivière s’élargit et, par conséquent, les arbres qui protègent les rives tombent un à un. Les riverains demandent au gouvernement de protéger le plus rapidement possible les maisons menacées d’écroulement.
Qu’en est-il de la rivière Mpimba ?
Pas mal d’infrastructures erigees le long de la rivière Mpimba au niveau de la zone Musaga sont menacées par les glissements de terrain, l’éboulement et l’effondrement. Les bords s’affaissent dans les eaux de cette dernière. Les habitations riveraines sont menacées. Les habitants indiquent que quelques maisons se sont déjà écroulées suite à ces catastrophes. Ainsi, les propriétaires des maisons longeant la rivière sont inquiétés par la saison pluviale qui risque d’emporter d’autres maisons. Ils expliquent que les dégâts seront énormes si les travaux de réhabilitation ne seront pas effectués dans les meilleurs délais.
L’ECOFO Musaga III menacée
Il en est de même au niveau de l’Ecole Fondamentale Musaga III. Cette école primaire située sur la 2ème avenue de la zone Musaga est menacée par la rivière Mpimba. Quelques classes sont déjà fissurées et risquent de s’effondrer. Les parents des élèves qui fréquentent cette école demandent la réhabilitation de ces classes et des mesures de protection avant la survenance de tout accident. Les mêmes informations précisent que si rien n’est fait, les murs de ces classes vont s’affaisser.
Les enseignants et les parents s’inquiètent
Les enseignants tout comme les parents des élèves qui fréquentent cette école s’inquiètent beaucoup et craignent de probables accidents: « Si on ne veut pas qu’un jour on se retrouve face à l’irréparable, il faut qu’on procède vite à la réhabilitation de ces locaux. Sinon, les élèves et les enseignants à cette école sont vraiment en danger», alerte un parent d’un élève qui fréquente cette école. Les infrastructures de la partie Sud de l’établissement sont les plus menacées. A ce niveau, le mur de protection est déjà surmonté par les eaux s’il pleut. Les habitants de ce quartier rencontrés à la deuxième avenue indiquent que les élèves risquent de tomber dans la rivière.
Notre source à Musaga fait aussi savoir que la pluie qui s’est abattue sur cette localité la nuit du 07 février 2018 a empiré la situation : « Entre la 2ème et la 3ème avenue où passe la rivière Mpimba, cinq maisons ont été détruites. Plusieurs latrines ont été démolies. Les habitants demandent aux administratifs de faire tout leur possible pour réhabiliter cette rivière, avant qu’il ne soit trop tard.
Au niveau de l’endroit situé dans le voisinage de l’Institut Supérieur des Cadres Militaires (Iscam), des arbres ont été plantés le long de la rivière en vue de freiner le rythme d’effondrement de terrain. Le constat est que si rien n’est fait dans l’immédiat, le pont reliant la zone Musaga et l’Iscam pourra aussi être endommagé et la route qui va vers cet endroit sera impraticable.
Selon les sources sur place, une descente a été déjà effectuée par les administratifs et les responsables de l’environnement pour faire le constat des dégâts. Les habitants disent qu’ils attendent impatiemment la solution qui va être prise. Selon eux, des travaux d’urgence sont nécessaires pour la stabilisation des berges de cette rivière Mpimba. Cette dernière est parmi d’autres rivières qui traversent différents quartiers de la municipalité de Bujumbura. Celles-ci constituent de plus en plus une menace pour les infrastructures environnantes suite aux glissements de terrain causés par les eaux de pluies.
Quid de la Rivière Muha ?
A la rivière Muha, le glissement de terrain est aussi une réalité comme sur les rivières Mpimba et Kanyosha. Beaucoup d’arbres fixateurs sont plantés sur les rives de cette rivière pour réduire les impacts négatifs de la destruction des berges de cette rivière. De plus, des gabions ont été mis en place pour freiner la pression de l’eau entre les quartiers Gatoke et Gasekebuye.
Pourquoi l’énervement de ces rivières ?
Pour Floribert Kezimana, géographe et ami de l’environnement, la frustration de ces rivières commence en amont dans les contreforts qui surplombent la ville de Bujumbura. Ces montagnes influencent la dynamique pluviale. Le sol n’est pas protégé par une couverture végétale. La structure du sol et les pentes raides font que le coefficient de ruissellement soit supérieur au coefficient d’infiltration.
Comme aucune chose n’arrête la force de l’eau, on a toujours des inondations qui détruisent tout ce qui est sur son passage. Un autre facteur c’est la dynamique des paysages qui est à l’origine des glissements de terrains. Dans ce cas, la plaine encaisse des inondations.
Pour Kezimana, les gens qui extraient du moellon, du sable et du gravier dans la rivière Kanyosha empirent la situation.
Kezimana rejette la responsabilité sur les services de la planification urbaine qui ne font pas des études fouillées avant la distribution de ces parcelles comme les études pédologiques et l’étude d’impact environnemental. Il demande à la population de ne pas accepter les parcelles octroyées dans des endroits dangereux.
Pour lui, le gouvernement devrait protéger le plus rapidement possible les maisons menacées d’écroulement.
Alternatives
Le gabionnage, la construction des murs de soutènement ainsi que la plantation des arbres en amont et en aval des rivières qui traversent la ville de Bujumbura sont les principales actions à réaliser pour inverser la tendance. Comme alternative crédible, le gouvernement devrait commander une étude pluridisciplinaire où se retrouveraient les ingénieurs, les géographes, les économistes environnementalistes etc. Leur tâche sera d’étudier tout ce qui est nécessaire pour la durabilité du projet, surtout que les sections inférieure, moyenne et supérieure n’ont pas les mêmes problèmes ni les mêmes besoins.
Et de demander aussi au gouvernement de mener toujours des études d’aménagement quand il s’agit de faire des travaux de grande envergure comme la viabilisation des terrains ou la construction d’autres infrastructures.