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Conduire un bateau, un travail pénible pour un salaire de misère

Les hommes ont toujours voyagé pour une raison ou une autre. Plus ancien que les autres moyens de transport, le transport maritime a marqué l’histoire mondiale de l’économie depuis des siècles. Burundi Eco a rencontré une des personnes spécialisées dans ce type de transport opérant sur le lac Tanganyika

Au Burundi comme ailleurs, les moyens de transport se sont développés. Parmi ceux-ci, le transport maritime.  Curieux de connaître l’histoire de ces personnes dont le métier consiste à transporter par bateau des centaines de tonnes de marchandises  sur plusieurs centaines de kilomètres le long du lac Tanganyika, nous sommes allés à la rencontre de l’un d’eux.

Né dans la ville de Bujumbura, Rémy Mukiza affirme qu’il a servi comme capitaine depuis longtemps. Passant de simple membre d’équipage à celui de capitaine assistant  sur un bateau reliant de temps en temps la ville de Bujumbura à celle de Mpulungu, ville riveraine du lac Tanganyika en Zambie, il a fini par s’affirmer en tant que professionnel du transport maritime.

Transporter par bateau des centaines de tonnes de marchandises sur plusieurs centaines de kilomètres est un travail qui demande beaucoup de courage et une santé solide.

Aujourd’hui père de six enfants et marié à une femme, cet homme entre les deux âges semble s’être habitué à ce boulot qu’il décrit comme très  fatigant. Au visage un peu philosophe, Mukiza est un homme visiblement calme, plein de vie et accueillant. Quand bien même il affirme ne pas détenir de diplôme pour le métier le qualifiant comme capitaine de bateau, c’est un homme dont les paroles mesurées font découvrir un certain niveau de connaissances.   

Le courage et la vigilance, des qualités indissociables pour tout capitaine

Le courage et la vigilance sont les principales qualités pour un capitaine de bateau. «  Surtout pendant la nuit, il arrive que tout le monde s’endorme sauf le capitaine. Là, il faut être très vigilant pour ne pas heurter un autre bateau ou perdre l’itinéraire», explique-t-il. Pour la préservation de sa sécurité, le bateau est muni d’une boussole pour son orientation et d’un radar  pour détecter les obstacles ou d’autres objets qui approchent. Au Burundi, les conducteurs de bateaux passent énormément de temps au travail. Ces livreurs de marchandises parcourent une distance de 1000 km à peu près pour joindre Mpulungu. Pour ce, ils doivent flotter sur la surface du lac Tanganyika entre 36 heures et 48 heures. « Normalement, nous arrivons à destination après 36 heures de parcours. Si le vent du lac est violent, on peut même y passer jusqu’à 48 heures », explique Mukiza. Ici, pas question d’escales. On se débat jusqu’à l’arrivée.

Au cours de leur voyage, les intempéries sont un très mauvais ennemi auquel ces infatigables doivent faire face de façon quotidienne. « Parfois, le froid frappe tellement fort qu’il n’est même pas possible de manger», confie ce vétéran du transport  maritime en souriant. La nuit sur le lac est plus redoutée que la journée pour ses intempéries trop rudes. Parfois, les tempêtes trop souvent imprévisibles retardent le voyage.

Mukiza  ne peut pas fixer la date exacte de retour à la maison. Il passe presque tous les jours dans d’interminables voyages. A part de longues heures qu’il doit passer à la surface du lac Tanganyika, il n’a pas d’horaire connu de travail. « Nous sommes obligés d’attendre plusieurs jours pour accueillir les marchandises qui viennent de très loin à bord des camions, attendre le chargement avant le retour à Bujumbura », explique-t-il.

Une vie simple mais tranquille

« Travailler sur un bateau est compté parmi les métiers bien rémunérés, sauf au Burundi », dit Mukiza. Il dit qu’il n’est pas mieux payé tout en s’abstenant de dévoiler son salaire. Cependant, il se dit quand même satisfait. Il parvient à faire vivre sa famille, à payer les frais scolaires pour ses enfants. Pour lui, un contrat solide et la couverture médicale pour sa famille sont les meilleures choses qu’il apprécie dans son métier. Quant à sa femme, elle s’occupe tranquillement de ses enfants. Nous l’avons approchée pour savoir ce qu’elle pense du travail de son mari. « Nous vivons comme ça depuis des années. Nous nous y sommes habitués », a-t-elle répondu, sourire au coin des lèvres.

En effet, ce professionnel du transport maritime affirme mener une vie  simple comme beaucoup d’autres personnes employées dans différentes entreprises au Burundi. Cet homme ne se plaint de rien. C’est l’un de ces hommes qui vivent une vie assez simple, mais tranquille.

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