Au fur et à mesure que la population de la capitale économique de Bujumbura augmente, la gestion des parcelles devient un casse-tête. En conséquence, les constructions anarchiques foisonnent malgré les contraintes imposées par la loi. Un petit tour à Buyenzi nous le confirme
S’il y a des quartiers anciens de la ville de Bujumbura, Buyenzi en fait partie (il est actuellement une des zones de la commune Mukaza). Dans presque toutes ses parcelles, sont construites des maisons d’habitation, des garages, des magasins et des mosquées. C’est une zone dynamique qui ne connait probablement pas de jours fériés. Ses habitants se débrouillent quasiment dans tous les domaines, généralement dans des activités informelles entre autres la mécanique automobile et le commerce. Malgré une grande présence des mécaniciens et des véhicules tombés en panne dans les rues, ces dernières sont bien tracées et une dizaine d’entre elles sont pavées. Pourtant, tout n’est pas clair. Au Nord-Est de Buyenzi, précisément aux abords de la rivière Ntahangwa, il y a un autre monde : le site « Kinogono ».
Malgré la recrudescence des constructions anarchiques, elles sont interdites par la loi.
Le Kinogono de Buyenzi est une zone d’habitation particulière, concentrée généralement au Nord-Est de cette zone urbaine, entre la 1ère et la 9ème avenue pour la plupart. Les constructions de Kinogono sont anarchiques à tel enseigne que la distance séparant les maisons d’habitation et la rivière est d’environ 5 m. Les enfants jouent au bord de cette rivière, ce qui fait que leur sécurité inquiète plus d’un, surtout pendant la saison pluvieuse. «Quand il pleut beaucoup, les eaux de la rivière Ntahangwa débordent jusqu’à ce qu’elles envahissent les cours de nos maisons via les modestes caniveaux que nous avons tracés pour acheminer les eaux de pluie vers ladite rivière. Dans ce cas, nos maisons risquent d’être démolies, et la sécurité de nos enfants est mise à prix, car ils sont beaucoup plus exposés aux noyades», raconte une femme rencontrée dans son kiosque érigé à plus ou moins 5 m de la rivière Ntahangwa.
Les parcelles sont enclavées
Ce n’est pas que la rivière Ntahangwa qui pose problème aux habitants de Kinogono. Même la voirie y fait défaut. La majorité des parcelles sont enclavées. Peu d’entre elles ont accès aux voies de circulation. Pour arriver chez eux, la plupart des habitants de la localité sont contraints de se faufiler entre des maisons construites en désordre. Le fait de maîtriser le chemin qui mène vers chez soi n’est pas chose facile, un casse-tête pour les visiteurs. Même une bicyclette a du mal à contourner les labyrinthes dont regorge Kinogono. « Quand j’apporte des bagages à la maison via un taxi ou tout autre moyen de transport, je suis obligé de les déposer à une dizaine de mètres de mon habitation. Je dois payer un portefaix pour les transporter jusqu’à ma demeure », précise un homme rencontré devant sa maison.
A considérer l’inaccessibilité de Kinogono et sa voirie impraticable, on se demande comment les camions vidange de toilettes parviennent à faire leur travail. Même au cas où un incendie surviendrait, les fourgons anti-incendie ne pourraient pas intervenir à cause des constructions anarchiques qui y sont légion.
Que dit la loi ?
La loi N°1/09 du 12 août 2016 portant Code de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Construction au Burundi donne des détails là-dessus. L’article 100 de cette loi stipule que toute construction d’un bâtiment est soumise à l’octroi du permis de construire. L’article 112 va plus loin. Nul ne peut, dans un centre urbain, entreprendre une construction de quelque nature que ce soit ou apporter des modifications à des constructions existantes sans l’autorisation préalable délivrée par le ministre en charge de l’urbanisme, de l’habitat et de la construction.
L’article 96 stipule que les terrains à bâtir sont desservis par des voies publiques ou privées permettant leur accès direct ou par une servitude de passage sur des terrains voisins. Quant à l’article 97, il stipule que l’implantation des bâtiments à l’intérieur des parcelles est faite de manière à permettre l’accessibilité aux services d’urgence, notamment les services contre les incendies, l’ambulance et les concessionnaires des réseaux.
Et la loi N°1/02 du 26 mars 2012 portant code de l’eau au Burundi, dans son article 5, montre les limites exigées pour construire. Ils font partie du domaine public hydraulique, les bords ou les rives des lacs sur une largeur de 150 m pour le lac Tanganyika et 50 m pour les autres lacs du pays, une largeur de 25 m sur chacun des bords pour les rivières affluents du lac Tanganyika dont Ntahangwa.