Les gestes barrières de la Covid-19 ne semblent plus respectés dans différents coins de la ville de Bujumbura. Se laver les mains dans certains espaces publics n’est qu’une habitude à perpétuer ou à abandonner. Les embrassades continuent comme si de rien n’était. Le port obligatoire de masque dans le transport en commun n’est plus observé. Toutefois, le virus est toujours dans nos murs
Des seaux contenant de l’eau et du savon, il y en a devant chaque boutique, chaque maison commerciale ou chaque bureau administratif de la capitale économique, devant l’entrée des galeries… Mais le constat est que ces seaux ne sont que des épouvantails. Les personnes qui entrent dans ces locaux ne se préoccupent pas de les utiliser. Encore les propriétaires de ces locaux ne sont pas dérangés par le comportement de leurs visiteurs.
Dans le centre-ville, sur les parkings des bus, au moment où auparavant la rigueur était de mise que chaque personne qui entre dans le bus se lave les mains, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Les écoulements d’eau qui se remarquaient ne sont plus là. Le sol est sec.
Certains convoyeurs demandent aux passagers s’ils possèdent des masques avant le démarrage du bus. Et cela au cas où les policiers contrôleraient le bus. Les passagers ne portent le masque qu’à la vue des policiers.
Le port de masque dans le transport en commun : une mesure sans effectivité
Après le boom des cas positifs à la Covid-19, le ministère en charge de l’intérieur, du développement communautaire et de la sécurité publique a suspendu les boîtes de nuit et les karaokés et a rendu obligatoire le port de masque dans le transport en commun à partir du 14 janvier 2021.
La même mesure est entrée en vigueur mercredi 13 janvier 2021 pour tous les conducteurs des véhicules (voiture, taxi, bus), leurs convoyeurs et les rabatteurs. Etaient également concernés les conducteurs de tricycles, de taxi-motos et de taxi-vélos. Mais, le jour de notre reportage, ni les passagers, ni les convoyeurs, ni les rabatteurs ne portaient le masque. Nonobstant, certains convoyeurs, demandent aux passagers s’ils possèdent des masques avant le démarrage du bus. Et cela au cas où les policiers contrôleraient le bus. Les passagers ne portent le masque qu’à la vue des policiers, constate-t-on malheureusement.
Quand un centre de dépistage peut être un lieu sûr de contamination
A cause des récentes pluies qui se sont abattues sur Bujumbura et qui ont fait que certains sites de dépistage soient inaccessibles, le ministre de la santé publique a annoncé que le dépistage se poursuit dans les hôpitaux et dans les enceintes des locaux communément appelé Bon Accueil situé dans la zone Bwiza. L’existence d’un seul centre de dépistage vient aggraver la situation. A notre passage lundi le 30 mars 2021, une centaine de gens étaient venues se faire dépister. On constatait que la distanciation n’était pas respectée. Certains portaient des masques, d’autres non. Sur la ligne d’attente les gens conversaient, bavardaient et se lançaient des blagues. Et là se rencontraient des personnes qui venaient pour la première fois se faire dépister et d’autres qui sont venues faire des contrôles. Des personnes malades et d’autres saines mais qui risquent être contaminées. Une jeune fille qui venait faire un contrôle nous a dit que sans moyens de payer un taxi, elle est venue en bus. Par la suite, elle sera encore testée positive.
Pas seulement le mauvais côté
Cependant, il n’y a pas que le mauvais côté. Certains responsables religieux ont pris les choses en main en augmentant le nombre de cultes pour permettre aux croyants de respecter la distanciation. Certaines pratiques comme se donner la main pendant le culte ou la messe ont été suspendu. Au marché chez Sion aucune personne n’entre sans se laver les mains. Des gardes sont postés à chaque entrée pour surveiller si tout le monde se lave les mains. Aussi, dans certains hôpitaux comme l’hôpital Prince Régent Charles, hôpital Kira, la rigueur est de mise. Le Burundi a confirmé ses deux premiers cas positifs le 31 mars 2020 et sous l’impulsion du Président de la République, le ministère de la Santé Publique a conduit du 6 juillet au 5 octobre 2020, une campagne de dépistage de masse. Aussi avec l’augmentation du nombre de nouveaux cas positifs en fin d’année 2020, le gouvernement a décidé la conduite d’une seconde campagne de dépistage de masse pour une durée de 30 jours à partir du 11 janvier 2021 et prolongée jusque maintenant.
Selon le rapport de situation sur la réponse à la pandémie publié le 17 mars 2021, depuis le 31 mars 2020, 166443 personnes ont été testées dont 2542 personnes confirmées positives au coronavirus. Le taux global de positivité est de 1,53%.