La pandémie de Coronavirus sévit à travers le monde. Aucun pays n’est épargné. Le Burundi enregistre un rebond de cas au cours des deux derniers jours. Le rapport de situation mis à jour le 27 juillet 2021 dénombre 697 nouveaux cas rapportés pendant une semaine. L’administration appelle la population au respect des mesures barrières pour endiguer la propagation du virus
Les campagnes de dépistage de masse à l’échelle nationale continuent avec peu d’engouement. Le respect des gestes barrières et des mesures d’hygiène n’est plus une préoccupation pour la plupart des gens. Dans la capitale économique, la rigueur affichée avec un contrôle strict et des amendes aux conducteurs ou aux passagers a été de courte durée. Au niveau des arrêts-bus, malgré la mise en place des dispositifs de lavage des mains, les passagers ne se lavent pas les mains. A l’intérieur des bus, ceux qui portent des masques se comptent sur les doigts de la main. Le ministère de la Santé Publique invite la population à ne pas baisser la garde. Le respect des mesures d’hygiènes et des gestes barrières reste de mise, rappelle le ministre Thaddée Ndikumana.
La population s’intéresse de moins en moins à la crise sanitaire. Certains vont jusqu’à minimiser l’épidémie. Ils pensent à tort que le Coronavirus n’est pas contagieux comme auparavant, ignorant carrément la vitesse de contamination du nouveau variant delta. Dans ce contexte, celui qui porte un masque fait objet de moqueries. D’autres font recours à l’automédication, une attitude hyper dangereuse.
Bujumbura, la capitale de la musique !
Durant cette période estivale, la ville de Bujumbura devient la capitale de la musique de la sous-région`. Les artistes de la sous-région de la star tanzanienne Alikiba en passant par les icônes de la musique burundaise (anciens succès) jusqu’au chanteur ougandais Josée Chameleone se relaient sur la scène.
Les mélomanes se frottent les mains. Sur les lieux des concerts, on ne peut pas prétendre au respect des mesures barrières. Il est quasi impossible de gérer une foule en liesse. Pourtant, les autorités avaient décidé de fermer les karaokés et les boîtes de nuit pour réduire le risque de contamination. Qu’en est-il de ces évènements sporadiques ? Il y a grand risque de contamination de masse.
Des chiffres en hausse…
Ces derniers jours, le Burundi enregistre une flambée de cas de Covid-19. Depuis le 21 juillet 2021, le pays enregistre des pics de cas de Covid-19 avec un chiffre record de 164 nouveaux cas le 23 juillet 2021. La moyenne journalière de cas rapportés depuis le début de cette flambée est de plus de 110 cas alors que la moyenne journalière était de 30 cas jusque-là, lit-on dans le rapport de situation du 27 juillet 2021. D’après le même rapport, la majorité des 697 nouveaux cas rapportés au cours de ces 7 derniers jours provient des districts de Kiremba avec 261 cas, soit 37,45% et de Kirundo avec 205 cas, soit 29,41%). Pour le moment, la campagne de dépistage de masse en réponse aux flambées notées au cours des 7 derniers jours se poursuit.
Au cours des 14 derniers jours (13 au 26 juillet 2021), ce sont au total 918 cas de Covid-19 qui ont été rapportés. Ils proviennent de 23 districts sanitaires sur les 47 que comptent le pays, soit 49,94% qui sont répartis dans 16 provinces sanitaires.
Trois districts cumulent 72,21% (634 cas) du total des cas rapportés au cours des 14 derniers jours. On dénombre 157 cas dans le district de Bujumbura Centre, 205 cas dans le district de Kirundo et 261 cas au niveau du district de Kiremba. Cette répartition géographique des cas de Covid-19 traduit la circulation active du coronavirus SARS-Cov-2 dans le pays.
Face à la flambée des cas, la campagne de dépistage massif est en cours dans les nouveaux foyers de contamination au Nord du pays.
Une histoire traumatisante
La rédaction a réussi à contacter un patient guéri de la Covid-19 qui livre son témoignage. C’était un week-end où j’ai effectué un voyage de service dans la capitale politique, relate-t-il. Avec son collègue, ils montent à bord d’un Probox. Attention, il faut mettre vos masques, s’exclame le chauffeur du véhicule. Tous les quatre passagers enfilent leurs masques. Dès notre arrivée à Gitega, on enlève nos masques. On sillonne les rues de Gitega sans perdre de vue notre mission principale.
Vers 12h, on décide d’aller acheter les billets retour pour 13h. En attendant le bus d’une des agences de transport on étanche notre soif dans un bar d’à côté. A 13h 30 on monte à bord d’un bus on enfile de nouveau les masques qui étaient jusque-là glissés dans nos poches. En fin d’après-midi, cap sur Bujumbura. Comme c’est le week-end, on bavarde autour d’un verre avec les amis dans une buvette du quartier. Cette séance de causeries se transforme en une soirée arrosée après des tournées intermittentes. Par après, chacun rentre chez lui.
Le lendemain matin, gueule de bois, gorge sèche, maux de tête, fatigue, le calvaire commence. Notre interlocuteur affirme qu’il ne croyait pas une seconde qu’il était atteint de la Covid-19. Le lundi, il se pointe au service comme d’habitude, mais la fatigue persiste et des courbatures se manifestent. Le lendemain, son collègue avec qui il a voyagé à Gitega lui contacte par téléphone pour l’informer qu’il ne se sent pas bien. Celui-ci décide d’aller se faire dépister. A 11h 33 min le verdict tombe. Il annonce qu’il a été testé positif. L’adrénaline monte et de là la menace devient sérieuse. Comme j’avais un agenda chargé, j’ai répondu à toutes les rencontres professionnelles déjà programmées, raconte-t-il.
Une nuit plutôt agitée
Le mardi soir, la fièvre monte d’un cran. « L’appétit s’estompe. Je m’endors timidement après avoir averti mon colocataire que ma santé se détériore progressivement. Au petit matin, j’ai été réveillé par la sueur qui coule à flot et les maux de tête. Le pool cardiaque était perturbé. Je respirais difficilement », fait-il savoir.
A ce moment-là, il se remémore les derniers moments de deux personnes proches décédées simultanément à un mois d’intervalle. Ils sont décédés des suites des complications dues à la Covid-19. Les séances de réanimation ont été vaines. « Tout de suite, j’ai compris qu’il faut à tout prix effectuer un test Covid-19. A 8 heures précises, je débarque au centre de dépistage de masse « Bon accueil » de Bwiza. Sur les lieux, les dispositifs de lavage de mains ont été installés. Désormais tout le monde doit porter le masque.
Déroulement du dépistage
Les gens viennent à compte-gouttes. Vers 9h, l’enregistrement des patients commence par l’identification complète. Vous déclinez votre nom et prénom, le lieu de résidence, le numéro de téléphone, les symptômes et puis quelques questions sur votre état de santé. Ensuite, vous recevez le premier billet pour aller effectuer les prélèvements de l’autre côté où on dépose le récépissé. On attend notre tour. L’agent de santé procède au prélèvement. Il récolte les échantillons dans les narines à l’aide d’un long « tige-coton ».
Retenir son souffle
L’attente est longue puisqu’il faudra attendre les résultats pendant au moins 30 min. « Je sens que mon état de santé s’empire, je parle à peine. J’ai mille et une idées qui me traversent l’esprit », témoigne notre interlocuteur. De 1 à 12, rendez-vous dans la salle d’attente derrière ce bâtiment, lance un agent de santé avec les récépissés à la main. Le cœur bat à milles pulsations la seconde même si j’étais certainement sûr que le résultat est positif vu mon état de santé. Et voilà, l’agent donne quelques conseils aux patients testés négatifs et les laissent partir. Nous restons assis à deux dans la salle d’attente et il nous invite à le suivre. Tout d’un coup on comprendra notre sort. Derrière le shitting, dans la confidence absolue, il nous remet les récépissés sur lesquels sont marqués le centre de dépistage, le nom et prénom et la mention positif mise en évidence. Il nous dit d’attendre les médicaments de traitement du virus. Après un quart d’heure, les prestataires de soins nous distribuent les médicaments et nous répètent à maintes reprises qu’il faut respecter scrupuleusement la dose prescrite, se confiner à la maison, manger suffisamment les fruits riches en vitamine C et boire beaucoup d’eau. Nous rentrons à bord d’un véhicule jusqu’à maison. De là, aucun suivi médical n’est assuré. On croyait recevoir régulièrement des appels de contrôle, mais en vain.
Le dilemme…
Une semaine après, nous devons retourner pour un test de contrôle. Cette fois-ci, les prélèvements c’est au niveau du larynx. On plonge le tige-coton pour récolter les échantillons à analyser. On nous dit qu’il faudra attendre les résultats dans deux jours. Dans l’entretemps, on se demande si on reste à la maison confinée ou si on peut retourner au bureau. Le dilemme commence. On opte pour le retour au travail. Deux jours après, les résultats ne sont pas disponibles répliquent les agents de santé. Une semaine après le test de contrôle, la réponse est la même. On se demande quand on aura les résultats définitifs. Entretemps, le nombre de cas explose à l’échelle nationale. On n’est pas à l’abri d’autant plus que se remettre de la Covid-19 n’est pas synonyme de ne pas contracter de nouveau le virus. Finalement, au moment au moment où nous mettons sous presse notre interlocuteur nous contacte pour nous informer qu’il a été testé de nouveau et les résultats du labo sont négatifs. Enfin, il s’est rétabli. Il adresse ses remerciements au gouvernement pour la mise en place d’un programme de dépistage et de traitement anti Covid-19 gratuit.
A quand la maîtrise de la pandémie ?
Dans certains pays, la pandémie de Coronavirus est loin d’être maîtrisée. Les hôpitaux sont pleins à craquer. Les systèmes de santé sont au bout de leurs limites. Les pays maintiennent les restrictions pour échapper à l’hécatombe observée en Inde ou au Brésil. Depuis le début de la pandémie en décembre 2019, plus de 196 millions de cas positifs ont été confirmés avec 4,19 millions de décès. Sur le continent africain, les gouvernements poursuivent les campagnes de vaccination dans le cadre du programme mondial de vaccination anticovid-19. Dans certains pays européens, notamment l’Italie et la France, le passe sanitaire entre en vigueur avec le début du mois d’août malgré les manifestations contre ce système jugé liberticide. A cette date, personne ne peut prédire à quand la fin de la pandémie. Le virus mute plus vite avec l’apparition de nouveaux variants plus virulents, alerte la communauté scientifique.
La guerre des vaccins !
Face à la progression de la pandémie, les grandes puissances économiques et les industries pharmaceutiques se sont lancées dans une course contre la montre pour fabriquer les vaccins. L’administration des doses commence avec le début de l’année 2021. Les molécules les plus rependues sont Johnson and Johnson, Pfizer, Moderna et AstraZeneca. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) alerte sur les dangers d’une vaccination à deux vitesses. Sur les 3,3 milliards de doses déjà administrées, les pays les plus pauvres n’ont bénéficié que d’1% des vaccins. Les panafricanistes montent au créneau en ce qui concerne l’équité à l’accès aux vaccins. Ils réclament des vaccins 100 % africains. Or, même pour les vaccins traditionnels, seulement 1% sont fabriqués sur le continent. Pour le cas du Burundi, il est le dernier pays à accepter l’administration du vaccin anti Covid-19 à la population sur proposition de la Banque Mondiale.