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Covid-19 : Quand les retombées des mesures préventives inquiètent les artistes

En raison de l’augmentation du nombre de cas de Coronavirus dès le début de l’année, lundi le 11 janvier 2021, le ministère de l’Intérieur, du Développement Communautaire et de la Sécurité Publique a annoncé la suspension des boîtes de nuit et des lieux de karaoké jusqu’à nouvel ordre. Mais les débits de boissons et les lieux de rassemblements publics doivent respecter strictement les mesures préventives de la Covid-19 dont le lavage des mains à l’eau propre et au savon. Une question se pose : Que deviendront les artistes qui vivaient des karaokés ?

Compte tenu des effets pervers du chômage récurrent auquel font face les jeunes burundais, certains d’entre eux se sont organisés pour subvenir à leurs besoins quotidiens. Malgré cela, avec la venue des mesures préventives prises pour limiter la propagation de la pandémie de Coronavirus, notamment la suspension des boîtes de nuit et des karaokés jusqu’à nouvel ordre, les artistes et les gestionnaires des bars qui vivent des karaokés sont particulièrement touchés. « Comme le chômage est devenu endémique au Burundi, pour y remédier, je fais recours au karaoké. Grâce à mon métier d’artiste, je parviens à payer le loyer, à satisfaire mes besoins quotidiens et à m’approvisionner en d’autres produits jugés essentiels. Malheureusement, avec les nouvelles mesures de suspension des karaokés annoncées en janvier 2021, je ne gagne plus rien par ce que mes débouchés sont quasiment fermés », confie Egide Manirakiza connu sous le nom de scène de « Meizy ». Pour lui, le métier d’artiste est considéré au même titre que d’autres métiers qui font vivre les personnes qui les exercent. Quand les activités sont suspendues à cause d’une raison ou une autre, il doit y avoir des victimes. Or, ces dernières ont sûrement besoin de mener une vie décente comme leurs collègues des autres métiers.

A l’instar du groupe musical JMC, le métier d’artiste fait vivre pas mal de personnes, y compris les jeunes chômeurs. Malheureusement, avec les mesures de fermeture des karaokés et des discothèques suite à la propagation de la Covid-19, tout a basculé.

Les victimes sont multiples

Donatien Bazishaka connu sous le sobriquet ou le nom de scène de «Mr. Polite», en collaboration avec un ami, a fondé en 2013 un groupe de musique dénommé « Les Jumeaux Music Club Burundi » (JMC). Depuis cette date, ce duo a joué le « live music » ou karaoké dans différents bars de Bujumbura et d’ailleurs. « Afin de gagner plus, nous avons pensé à créer un resto-bar qui nous est propre dans le but de jouer la musique chez nous et agrémenter la soirée avec nos clients », confie M. Bazishaka. Quelques années plus tard, ce duo a fini par s’offrir un restaurant bar à Kamenge (commune Ntahangwa) et est parvenu à embaucher au moins une quinzaine de jeunes chômeurs, musiciens comme serveurs. Ces jeunes étaient satisfaits et tout allait bien avant que la mesure de suspension des karaokés en raison du Coronavirus ne tombe sur eux.

« Il est vrai que l’Etat est responsable de ses citoyens. Dans des situations difficiles, en l’occurrence la limitation de la propagation du Coronavirus, l’Etat doit prendre des mesures nécessaires pour le bien de la population en général. Mais, malgré cela, la mesure de suspension des karaokés présente des failles », s’indigne M. Bazishaka. Il est optimiste que, dans l’optique de se protéger contre la Covid-19, les mesures applicables dans les églises, les marchés, les rassemblements divers, etc. notamment le lavage des mains à l’eau propre et au savon ou la distanciation sociale ; sont également efficaces dans les bars à karaokés. Par ailleurs, l’effectif des personnes qui fréquentent les bars est largement inférieur à celui qu’on observe dans les églises et les stades.

Que le gouvernement allège les mesures !

Aussi longtemps qu’une activité génératrice de revenus est suspendue, il doit y avoir des familles qui souffrent, notamment celles qui en vivent. M. Bazishaka demande au gouvernement d’alléger cette mesure. A l’instar des activités de même calibre, les karaokés peuvent être opérationnels tout en respectant les mesures préventives de la Covid-19 comme ailleurs. Pourtant, dans les karaokés, on ne danse généralement pas, le public n’assiste qu’aux exhibitions artistes qui jouent la musique. Les contacts sont limités, car le client se contente d’ingurgiter sa boisson tout en contemplant les prouesses de l’artiste.

M. Manirakiza abonde dans le même sens : « La pandémie de Covid-19 est évidemment dangereuse, mais nous avons toujours besoin de vivre. Pour y arriver, nous devons travailler. Il vaut mieux que les karaokés rouvrent en respectant scrupuleusement les mesures barrières. Sinon, la faim risque de nous emporter avant ladite pandémie ». Pour M. Bazishaka, même si cette mesure perdure, au moins il faudra que le gouvernement revoie à la baisse les taxes correspondant à ces mois-ci où les activités génératrices des revenus sont au point mort.

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