Site icon Burundi Eco

Cultures des marais : Un plus pour les ménages ruraux

Les agriculteurs ruraux profitent des marais pendant l’été pour essayer d’accroître la production agricole et de la mettre sur le marché en cas de surplus. Mais l’exiguïté des terres cultivables pose problème, car tout le monde ne dispose pas d’assez de marais pour en profiter. Un petit tour à Gishubi 

Il est 10h pile au chef-lieu de la commune Gishubi en province de Gitega. Nous sommes sur la route nationale No 16 (RN 16) précisément dans le marais situé près du village de paix de Gishubi (entre les collines de Gishubi et Murangara). Les cultures qui s’y trouvent sont assez verdoyantes plus particulièrement les légumes, mais la patate douce semble prédominante. Ici et là, on voit des personnes en train de travailler dans leurs champs. Les unes font le sarclage, les autres arrosent les plantes et il y en a qui labourent leurs lopin de terre en attendant le semis.

Quand on jette un coup d’œil un peu plus loin, on remarque que presque tous les marais sont cultivés et que les plantes y poussent très bien. «Pendant la période estivale, juste après la récolte du haricot, c’est le tour de mettre en valeur les marais pour y cultiver les légumes ainsi que d’autres cultures qui s’y adaptent pendant au plus cinq mois», fait savoir la prénommée Matilde, une agricultrice rencontrée dans ce marais. Son mari Nduwayo abonde dans le même sens. Il précise que la population locale exploite les marais en profitant la période estivale à condition que la saison culturale A commence après la récolte de cultures des marais. Sinon, les cultures risquent d’être emportées par les eaux de pluie qui deviennent de plus en plus abondantes vers la fin de l’année. Selon lui, cette période est très bénéfique pour sa famille ainsi que son entourage, car ce qu’ils cultivent dans les marais est consommé à la maison et le surplus est acheminé vers le marché où les produits prisés sont généralement la pomme de terre, les choux, les amarantes, etc.  Et les ménages y gagnent quelques sous.

Pendant la période estivale, les agriculteurs exploitent les marais en attendant le début de la saison culturale A.

Quand est-ce que les marais sont labourés ?

Vers le mois de mai, les agriculteurs commencent à récolter les produits vivriers qui se trouvent sur les collines, notamment le haricot qui est beaucoup plus cultivé lors de la saison culturale B dans la commune Gishubi. Au bout de deux mois, les collines deviennent presque vides. Il ne reste que les cultures qui résistent à la sécheresse comme le bananier, le manioc, etc. On dirait que c’est le moment des « vacances » parce qu’on ne cultive plus sur les collines à ce moment-là. A partir du mois de juin, en plein été, ils entament le labour des marais. La raison est que pendant la période pluviale, les marais sont beaucoup plus humides à tel enseigne que les cultures ont du mal à s’y adapter. Ce n’est que la période estivale qui est propice aux cultures des marais. « On y cultive particulièrement les légumes, les tubercules comme la pomme de terre, les choux, etc. sans oublier la patate douce qui est une culture dominante parmi les autres cultures des marais dans notre commune », souligne M. Nduwayo.

La commune Gishubi est un espace qui est caractérisé par des reliefs plus ou moins escarpés et des montagnes auxquelles les éleveurs font recours pour faire paître leurs troupeaux. Mais les marais profitent aux agriculteurs qui y cultivent des plantes diversifiées qui complètent les récoltes des saisons culturales A et B. La saison culturale C est très bénéfique, car les récoltes du haricot et du maïs ne suffisent pas elles seules, car pas mal de cultures des marais sont des compléments pour avoir une alimentation équilibrée dans les familles (protéines, glucides et lipides). Malgré tout, tout le monde n’a pas assez de marais pour en profiter pleinement au même titre que les personnes qui en disposent.

L’exiguïté des terres cultivables, un défi

Dans les marais, les parcelles à cultiver (imyāba) sont morcelées. Chaque personne exploite la parcelle qui lui appartient. Les limites de ces parcelles sont indiquées par de petits arbustes « uburimbi ». Tout le monde n’a pas sa part, mais celui qui n’en a pas peut acheter une ou plusieurs chez quelqu’un qui a besoin urgemment d’argent (des transactions pareilles se font souvent). Celui qui est dans l’incapacité de l’acheter peut la louer pendant une année ou plus. «Dans les années 1990, j’ai acheté un lopin de terre d’environ 300 m2 à 9 000 FBu. Actuellement, cette parcelle a une valeur de 500 000 FBu. Et cet argent n’est pas à la portée de tout le monde, surtout les agriculteurs», confie un enseignant à la retraite rencontré dans ce marais.

Le manque de terres cultivables est un défi majeur auquel la population rurale fait face surtout les personnes qui sont à court d’argent. Une parcelle à cultiver dans les marais est plus chère qu’un lopin de terre se trouvant sur la colline ayant les mêmes dimensions, car cette première est jugée beaucoup plus fertile et productive.

Quitter la version mobile