Burundi Eco

CVR : Sa façon de révéler la vérité controversée

La Commission Vérité et Réconciliation poursuit sa quête de découverte de la vérité par des enquêtes et des exhumations des restes humains à travers tout le pays. Les opinions divergent quant à la façon dont cette vérité est révélée

La population de la commune Vumbi demande une communication soignée lors de la présentation des rapports de la CVR.

« La commission vérité et réconciliation n’a pas de penchant quand elle présente son rapport comme le présentent certains », annonce la commissaire Léa Pascasie Nzigamasabo, secrétaire et porte-parole de la commission. Selon elle, les rapports de la CVR contiennent des vérités cachées. Ce qui pourrait plaire à quelques-uns.

Elle explique que plusieurs raisons sont à l’origine des perceptions divergentes de la population lorsque la CVR présente ses rapports. « Nous détenons des vérités diversifiées et lorsqu’on vient pour contredire ce que nous détenons, ce n’est pas toujours facile de sortir de son confort et d’accepter ce qui est donné par l’autre », expose-t-elle.

La vérité oui, mais elle doit être réconciliatrice

La commune Vumbi est l’une des communes où la CVR a procédé aux exhumations des restes humains dans des fosses communes datant de 1972. Les propos recueillis sur le terrain auprès de la population divergent. Ils soutiennent que la CVR puisse mettre au grand jour la vérité sur les périodes sombres de l’histoire de notre pays mais la plupart d’entre-deux ne sont pas du même avis que la commissaire de la CVR. Les discours qui sont livrés ou la manière de communiquer ressuscitent les vieux démons plutôt qu’ils ne les calment. « Le travail de recherche de la vérité est importante, mais je trouve que lors de leurs travaux d’exhumations ou de présentation de rapport, ils manquent d’empathie. Les messages qui accompagnent ce processus montrent que leur objectif n’est pas de réconcilier les Burundais », commente Charles, un sexagénaire de la colline Gasura.

« Je me souviens le jour où la CVR est venu exhumer les restes ici, tout le monde était envahi par la peur. Et comme, on disait que ce sont les Tutsis qui étaient responsables de ces tueries, il s’est installé un climat d’insécurité chez les tutsis. Dans les discours, on dirait qu’ils voulaient nous impliquer nous qui restent. Je me sentais concernés alors que je n’étais pas là au moment des faits », raconte Désiré, un jeune garçon de 28 ans.

D’après Emilienne, habitant de cette même localité, il faut que la CVR adopte une communication non violente. « Franchement, ce genre de travaux réveillent un passé lourd porté dans les cœurs des Burundais. Si vraiment le travail de la CVR est de nous réconcilier, il faut mesurer les mots. Sinon, on risque de blesser certains et de susciter un esprit triomphaliste et de vengeance chez d’autres », conseille-t-elle.

Il faut que tout le monde soit intégré dans le processus

Un autre point qui met en doute la neutralité de la CVR est le fait que cette dernière touche jusqu’à présent une partie de l’histoire sombre du Burundi. « Comment ils ont su que dans une fosse commune, il est enterré les corps des Hutus alors que les atrocités ont été commises par tous les camps », se demande Cyprien, habitant de Gasura

D’après toujours celui-ci, il faut mettre en lumière toutes les atrocités perpétrées par les Hutus et ceux qui ont été massacrés par les Tutsis afin que tout Burundais se sente impliqué dans ce processus de recherche de la vérité. « Chaque camp a été victime des atrocités et personne n’est innocent dans cette histoire ».

                                                                                                                                          

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