Le programme des cantines scolaires contribue au bien-être des élèves issus des familles démunies. Mais au cours de cette année scolaire 2021-2022, il s’observe une irrégularité dans l’approvisionnement des écoles en vivres. A titre d’illustration, dans la DCE Musigati, les élèves ont été nourris pendant seulement huit jours au premier trimestre. En conséquence, cette rupture de stocks a été à l’origine de nombreux abandons scolaires
La Direction Communale de l’Enseignement (DCE) de Musigati en province de Bubanza compte 58 écoles fondamentales dont 32 disposent des cantines scolaires. Malheureusement, il se manifeste une inquiétante rupture de stocks. Il n’y a plus des denrées alimentaires. Ce manque des vivres hantent les écoles depuis des mois. Or, quand tout va bien, les enfants n’ont pas de soucis liés à la faim et suivent sereinement les cours. En plus de cela, c’est un coup de pouce donné aux familles démunies selon Sylvestre Banzubaze, directeur communal de l’enseignement à Musigati.
A l’instar des écoles implantées aux environs du centre de Musigati, les écoles à cantines scolaires enregistrent des effectifs pléthoriques d’élèves par rapport à celles qui n’en disposent pas. A titre d’illustration, la colline de Ntamba dispose de six écoles fondamentales. Toutes sont dans le programme des cantines scolaires sauf l’Ecole Fondamentale (ECOFO) de Nyagatare. Dans cette dernière, les effectifs sont minimes par rapport aux autres écoles. Dans chacune de ses classes, les effectifs des élèves sont compris entre 10 et 20. La raison de cette situation est que les parents préfèrent beaucoup plus les écoles qui donnent à manger aux élèves. C’est l’un des critères primordiaux pour faire inscrire leurs enfants à l’école. Quand la nourriture manque, ce ne sont pas que les écoliers qui sont déçus, mais également leurs parents.
Les cantines scolaires jouent un grand rôle dans le maintien des écoliers en classe.
L’abandon scolaire, conséquence du manque de vivres
Au cours de cette année scolaire 2021-2022, il se manifeste une irrégularité notoire dans la fourniture des vivres. C’est n’est qu’au premier trimestre que les élèves ont mangé à l’école pendant huit jours vers le mois de décembre 2021. Depuis lors, ce manque de vivres pèse lourd sur la vie des élèves. Pire encore, les écoles dont dispose la commune de Musigati sont fréquentées majoritairement par des enfants issus des familles très pauvres dont celles de la communauté des Batwa. En conséquence, certains enfants ne peuvent pas tenir longtemps et ils finissent par abandonner les études.
Par exemple, l’ECOFO de Gahise qui se trouve à plus ou moins 3 km du chef-lieu de la commune de Musigati est entouré de ménages des Batwa. C’est là où on enregistre un nombre important d’abandons scolaires consécutivement à la pénurie des vivres qui s’observe dans les cantines scolaires.
« Le 3 décembre 2021 est la dernière fois que les enfants ont eu à manger à l’école », fait savoir Alexis Misago, directeur de l’ECOFO de Gahise. Il ajoute que dans la commune de Musigati seule son école accueille un bon nombre d’enfants de la communauté Batwa. Elle a un effectif de 424 élèves dont 53 Batwa.
Malheureusement, à cause du manque des vivres, les élèves commencent à abandonner l’école à une allure inquiétante et la réussite n’est pas au top. Au premier trimestre, l’ECOFO de Gahise a eu un taux de réussite de 65 % alors qu’il est rare qu’elle aille en dessous de 70%. Pire, jusqu’ici, cette école enregistre 40 abandons scolaires dont 25 des enfants Batwa. Cela est l’impact négatif de la rupture de stocks dans les cantines scolaires. Or, dans les années scolaires 2019-2020 et 2020-2021, elle a enregistré respectivement 4 et 3 abandons scolaires.
Les enseignants s’en inquiètent
Estella Dushimirimana, enseignante en deuxième année à cette école confie que les écoliers ne se concentrent plus en classe. Parfois ils somnolent, car ils viennent en classe sans rien mettre sous la dent. « Nous sommes conscients que dans leurs familles respectives, ils n’ont pas suffisamment à manger. Les cantines scolaires étaient un coup de pouce donné aux familles démunies », martèle-t-elle.
Selon Liboire Bigirimana, directeur national des cantines scolaires au sein du ministère de l’Education Nationale et de la Recherche Scientifique, dans le programme des cantines scolaires, le gouvernement travaille en étroite collaboration avec le Programme Alimentaire Mondiale (PAM). C’est ce dernier qui assure la collecte des denrées alimentaires pour les cantines scolaires. Les coopératives qui fournissent le maïs au PAM ont amené des produits qui ont un taux d’humidité élevé ; d’où le risque d’attraper l’Aflatoxine. Ce qui est dangereux à la santé des élèves. Cet organisme onusien a jugé bon d’abandonner ces produits. Un autre souci c’est que le plan B n’a pas fonctionné, car les autres fournisseurs ne se sont pas convenus avec le PAM sur le prix. Pourtant, le PAM et le ministère en charge de l’éducation nationale travaillent d’arrache-pied pour résoudre ce problème de rupture de stocks dans les cantines scolaires.