Douze millions de FBu est le montant de l’épargne faite par 1114 membres de l’association Gira Ico Ukoze Ugihumeka (GIUU) durant 8 ans au service de la communauté. Jadis vulnérables, ses membres vivaient de la mendicité. A travers cette association, ils ont constitué des groupes de crédit solidaires via l’épargne. Ces membres apprécient leur niveau de vie actuel et ne doute pas du lendemain
Isidonie Ntakarutimana est présidente de la GIUU dans la zone Buterere en mairie de Bujumbura. Veuve, elle témoigne qu’elle n’avait pas de quoi nourrir ses 6 enfants. Ceux-ci mendiaient dans la rue. Elle affirme qu’ils ont été récupérés par Anicet Kwizera, représentant légal de cette organisation puis rescolarisés. Certains d’entre-eux ont terminé leurs études secondaires. Elle témoigne que M.Kwizera a appris aux femmes vulnérables de Buterere comment constituer une épargne à partir de 200 FBu. Elles ont évolué et aujourd’hui elles arrivent à une épargne d’au moins 7000 FBu chacune. Elles ont un compte à la Coopec. Si quelqu’un a besoin d’une somme d’argent, poursuit Mme Ntakarutimana, elle introduit une demande de crédit au sein de la GIUU et une réponse favorable lui est donné sans autres formes de manigances. Elle affirme avoir acheté des tôles pour sa maison. Elle effecte des travaux agricoles. Elle a loué un champ à 90.000 FBu pour la culture du maïs. Elle se réjouit de son rendement agricole puisqu’elle n’a pas de souci de nourriture. Elle confectionnait des nattes qu’elle vendait comme source de revenus. Elle est satisfaite de l’étape franchie. Elle parvient à nourrir et à habiller facilement ses enfants.
De l’entrepreneuriat dès le bas âge
Mariam Sabukwigura, élève au lycée municipal de Ngagara a intégré cette association à travers un groupe de danses traditionnelles. Des 50.000 FBu que son équipe gagne pour chaque évènement, la GIUU leur a appris comment épargner pour faire des économies. Ainsi le groupe se partage une partie de cette somme pour ensuite épargner le reste. Mlle Sabukwigura témoigne que les membres de son équipe se prennent en charge pour certains besoins primaires dont la satisfaction revenait à leurs parents. Une partie est déposée sur le compte et une autre est partagée pour la satisfaction de certains besoins primaires comme les produits cosmétiques et le matériel scolaire. C’est le même cas pour Steffi Igiraneza.
Un pas de géant
Anicet Kwizera, représentant légal de la GIUU a indiqué que l’idée lui est venue du constat que les enfants de la rue devenaient nombreux. « Nous avons approché leurs familles surtout les veuves vulnérables. Nous avons commencé à leur montrer comment mettre en place des activités entrepreneuriales génératrices de revenus et couper court à la mendicité. C’était en 2015 », a-t-il précisé. Il certifie que l’étape suivante a été de constituer une association. Ainsi, 58 associations sont déjà installées dans les provinces de Bujumbura-Mairie, de Gitega, de Ngozi et de Kayanza. Selon lui, les membres de ces associations réalisent des crédits mutuels et des activités d’autofinancement. Ces associations contribuent au maintien à l’école des enfants tirés de la rue.
« Ces femmes ne sont plus vulnérables, ne pratiquent plus la mendicité. Elles se servent des fonds épargnés pour s’autofinancer. Nous avons mis en place un fonds pour la réalisation des projets de grande envergure et les membres de la GIUU ont le droit de contracter un crédit variant entre un et trois millions de FBu. Une coopérative « GIUU Impact » a été établie à ce titre », a indiqué M.Kwizera. Il a fait savoir qu’après 8 mois d’activité, cette coopérative a déjà collecté 12 millions de FBu. Le taux d’intérêt est de 2% pendant 5 mois. Dans un proche avenir, la GIUU compte mettre en place une microfinance.