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De la rafle de maïs à la briquette

D’une aventure académique, il crée une entreprise de transformation des ordures ménagers en briquettes. C’est Delphin Kaze un étudiant de la faculté des sciences de l’environnement, qui a pensé à fabriquer du charbon à partir des déchets biodégradable et des rafles de maïs

Il est 16h du soir, Burundi Eco est sur la colline Karera 2 en province Gitega. En descendant cette colline vers les marais, on aperçoit une petite maison construite en tentes auréolée des banderoles. Devant cette bicoque, se trouvait des jeunes gens en train de tamiser une poudre noire. C’est Delphin Kaze qui nous accueille: « Soyez les bienvenus chez Kaze Green Economy (KAGE) ». KAGE, un start up qui fabrique du charbon de chauffage à partir des déchets biodégradables et des rafles de maïs. Nous voilà vite partis à la découverte d’une aventure académique qui  a fait naître une entreprise.

Du travail académique à l’entreprise

Kaze Delphin, étudiant à l’Université Polytechnique de Gitega dans la faculté des Sciences de l’Environnement, département de climat et biodiversité dit que l’idée lui est venue quand il faisait un travail de recherche sur la manière de  parier aux problèmes de déforestation via les déchets biodégradables. Il essayait de transformer des ordures ménagères en briquettes qui pourraient concurrencer le charbon de bois utilisé dans les ménages. Les briquettes ainsi obtenues ne se montrèrent du tout concurrentiel. Il se fit ainsi l’idée d’un autre ingrédient : les rafles de maïs. C’est après que le prototype fut validé qu’il a pensa à mettre sur pied l’entreprise.

Delphin Kaze, fondateur de l’entreprise KAGE: « Nous avons passé de 30 à 300 kgs de briquettes produites par jour, mais la demande reste supérieure à l’offre »

Kabiof Charcoal, énergie alternative

Tout au début, les gens n’accordaient pas de confiance à ce nouveau produit. La raison est qu’il y en a d’autres qui avaient expérimenté le même produit et qui n’avait pas été très sollicité sur le marché. On a dû chercher un autre nom pour différencier le nouveau produit des autres. Ainsi, le nom de « Kabiof Charcoal » naquit. C’est ainsi que les ménages consommateurs de charbon de bois commencèrent à s’intéresser à ces briquettes.

La transformation en briquettes est faite à base d’ordures ménagères. Kabiof Charcoal est très économique, ne noircit pas la marmite, ne fume pas et n’est pas toxique. Un kilogramme (30 briquettes) coûte 300 FBu et, d’après des témoignages concordants, il peut cuisiner tout un repas en famille.

KAGE, un collectif ambitieux

« Après que le prototype fut validé et après qu’au ministère de l’Enseignement Supérieur et la Recherche Scientifique nous ait dit que notre produit peut concurrencer le charbon de bois, j’ai pensé à en produire en grande quantité », indique le fondateur de KAGE. Il s’est associé à d’autres jeunes ambitieux que lui, dont l’un est détenteur d’un baccalauréat en santé publique, une autre jeune fille détentrice d’un baccalauréat en eau, pollution et assainissement et trois autres non qualifiés. Au total, une équipe de six jeunes.

Pour se procurer de la matière première, ils travaillent en synergie avec les associations des cultivateurs de maïs et celles qui collectent les déchets ménagers.

KAGE face aux multiples défis

Comme tout autre start up, KAGE fait face à de nombreux défis. Son emplacement (dans les marais situés en contrebas de la colline) rend  l’accessibilité  à la route très difficile. Cela se répercute sur le transport de la matière première qui est collectée dans les différents endroits. L’accès à l’électricité est un autre défi lié à l’emplacement de l’entreprise. Ces jeunes ont pu concevoir eux-mêmes une machine électrique qui donne la forme à la briquette. Cependant, à cause du manque d’électricité, ils n’utilisent pas cette machine à l’endroit où ils travaillent mais ont dû chercher là où l’installer pour y acheminer le produit semi-fini et faire retourner le produit fini après usinage pour le séchage, soit d’autres dépenses supplémentaires. 

Tous ces défis font que l’entreprise ne parvienne pas à satisfaire la demande sur le marché. « Nous avons passé de 30 à 300 kgs de briquettes produites par jour mais la demande reste supérieure à l’offre », indique Delphin Kaze, fondateur de l’entreprise.

Jusqu’à présent, cette entreprise naissante se plaint de ne pas bénéficier d’aucun soutien hormis la commune  de Gitega qui  les soutient parfois  pour ce qui est du transport. 

La mission de KAGE est de sensibiliser les populations à l’utilisation des énergies renouvelables, d’améliorer l’accès des populations vulnérables aux énergies propres tout en débarrassant les villes des déchets organiques et d’éviter la destruction de nos forêts. Cette démarche permet de contrôler les fermentations non contrôlées et les émissions de gaz à effet de serre comme le méthane. Les fumées que les briquettes dégagent au cours de la combustion ne sont pas nuisibles pour la santé des consommateurs

Toutefois, les briquettes devraient être soumises un système de vente allant du grossiste au détaillant. Les promoteurs devraient mettre l’accent sur la sensibilisation en amenant les mamans à délaisser le charbon de bois qui est plus polluant et plus coûteux que les briquettes issues des ordures ménagères. Il est urgent  donc de lancer des initiatives pour allier développement économique et préservation des forêts. 

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