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De la relance à l’émergence : une utopie

Le gouvernement passe à la vitesse supérieure pour booster l’économie. L’objectif fixé est de réaliser un taux de croissance économique exceptionnel de deux chiffres au cours de l’exercice budgétaire 2022-2023. Un pari difficile à gagner à la veille d’une crise financière internationale imminente. Les agrégats macroéconomiques vont subir les effets de la crise ukrainienne qui risque d’embraser le monde entier. La volatilité des cours des matières sur le marché international pèse sur l’ensemble des économies.

Benjamin Kuriyo, Directeur de publication

Certes les indicateurs macroéconomiques servent à apprécier le niveau de développement économique d’un pays, mais ils cachent beaucoup de vices. Tout simplement la croissance économique n’est autre chose qu’une variation annuelle du Produit Intérieur Brut (PIB). Ce dernier étant la somme de toutes les valeurs ajoutées par tous les agents économiques à l’intérieur d’un pays. Les détracteurs reprochent au PIB de ne pas tenir compte des progrès sociaux.  Il accentue les inégalités au niveau des acteurs économiques. Une poignée d’hommes d’affaires hyper riches peuvent faire monter le PIB d’un pays alors qu’une grande partie de la population du pays croupit dans la pauvreté pauvreté. De plus, cet indicateur n’inclut pas l’activité du secteur informel lors des calculs.

L’économie nationale est peu diversifiée avec un déficit chronique de la balance commerciale. Pire encore, elle est fortement dépendante des importations et des aides financières internationales.  Le pays se remet peu à peu des effets de la crise socio-politique de 2015. Le rétablissement de la coopération bilatérale et multilatérale risque d’être compromis par la crise financière due à la guerre russo-ukrainienne qui préoccupe les grandes puissances économiques. Cela limite la capacité des opérateurs économiques à s’approvisionner sur le marché international dans un contexte de pénurie de devises.

Le rapport sur la politique monétaire établi par la Banque centrale montre que les réserves de devises chutent vertigineusement. Ainsi, les réserves officielles ont chuté de 35,7%. Elles sont passées de 113,5 millions USD à 73 millions USD entre 2019 et 2020. Les pénuries récurrentes de certains produits (sucre, ciment, produits Brarudi, etc.) est une conséquence directe de la baisse des réserves de change. Les économistes estiment que le déficit commercial va se creuser davantage en 2022 du fait de la dépendance du pays aux importations et des capacités de production domestiques encore faibles. La dépréciation quasi-ininterrompue du BIF continuera d’alourdir le poids des importations. Même si notre pays reste un des rares producteurs africains de terres rares, les conflits entre les exploitants miniers et le gouvernement pourraient refroidir les investissements futurs dans le secteur minier en dépit de son potentiel, alertent-ils.

Une étude réalisée par l’ISTEEBU révèle que les ménages ruraux sont plus exposés aux risques d’être pauvres comparativement à ceux du milieu urbain. Les auteurs de cette étude recommandent au gouvernement de renforcer les programmes des filets sociaux et de sécurité pour essayer de relever les ménages se trouvant dans la pauvreté absolue. Ce qui constituerait une des voies les plus appropriées pour soulager les conditions de vie des populations les plus démunies.

La priorité des priorités serait d’améliorer les agrégats macroéconomiques à travers l’augmentation de la production dans les secteurs clés (agriculture, énergie, mines, etc.) Sinon, il s’agirait d’une croissance économique de rattrapage qui n’améliore pas les conditions de vie des populations étant donné que l’augmentation du PIB ne traduit pas nécessairement une meilleure qualité de vie, l’accès aux  soins de santé de qualité, la réduction du chômage ou encore la qualité des biens et services. D’où, il faudra améliorer l’accès aux principaux services sociaux de base pour en découdre avec l’extrême pauvreté.

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