Le lac Tanganyika prend d’assaut les habitations riveraines. Le deuxième lac le plus profond dans le monde (1 470 m) après le lac Baïkal est enragé. La montée des eaux du lac Tanganyika s’observe depuis bientôt 3 ans. Les vagues oscillent jusqu’au niveau des bâtiments installés le long du littoral. Ce qui provoque des mouvements des populations qui n’ont d’autres choix que de déménager. Les infrastructures socio-économiques sont sous emprise des crues du lac Tanganyika. La route qui relie la ville de Bujumbura au centre urbain de Rumonge présente des séquelles à différents endroits. Les poteaux électriques et le réseau de distribution de l’eau au niveau des villes côtières courent un grand risque.
Benjamin Kuriyo, Directeur de publication
Dans la capitale économique, les conséquences socio-économiques se font sentir. Pour certains, il est quasi impossible de se présenter à leurs postes d’attache alors que d’autres tentent d’évacuer désespérément les eaux de leurs parcelles. Les motopompes et les sacs de sable ne vont pas stopper la progression des eaux du lac. Le lac Tanganyika devient une menace au lieu d’être une opportunité, commentent certains opérateurs économiques.
Les conséquences économiques de la montée des eaux du lac Tanganyika risquent de perdurer. Le port de Bujumbura et d’autres unités de production risquent d’être complètement inondés. Cela va fragiliser le tissu industriel du pays et, partant, impacté l’économie nationale. Des milliers de personnes pourraient se retrouver en chômage technique. Le danger est imminent !
Les experts parlent d’une montée périodique des eaux du lac : tous les 100 ans. Ils associent ce phénomène aux changements climatiques. La forte pluviométrie enregistrée au niveau des bassins versants expliquerait cette montée spectaculaire des eaux du lac Tanganyika. D’autres restent prudents quant aux causes de cette montée des eaux du lac. Pour les riverains, c’est le déluge. Pour regagner leurs ménages, ils utilisent des pirogues. Les propriétaires des pirogues se frottent les mains. Ils gagnent leur vie en transportant des passagers à bord de leurs petits bateaux.
A quelque chose malheur est bon ! Les pouvoirs publics devraient tirer les leçons de ce phénomène. Dans certains endroits, l’attribution des parcelles a été faite en violation du Code de l’eau. Ce document promulgué en 2012 est clair en ce qui concerne le respect de la zone tampon. L’article 5 établit la zone tampon dans les 150 m à partir des bords du lac Tanganyika. Malheureusement la lecture que nous faisons de cette disposition est fausse, interprète Albert Mbonerane, ami de la nature. En principe, les 150 m ne devraient pas être comptés à partir du bord du lac, mais plutôt compte tenu de la géomorphologie de l’espace. C’est à partir du niveau le plus élevé de la dernière crue. Ce qui n’est pas le cas. Les constructions ont été érigées jusque dans l’eau.
Pour reprendre les propos de l’environnementaliste Albert Mbonerane, quand l’environnement se révolte, il n’y a pas d’armes pour y faire face. La terre nous parle, écoutons ce qu’elle dit. Pour le cas précis, Tanganyika nous parle, écoutons ce qu’il essaie de nous dire. Le lac réclame ses droits. Ce spécialiste recommande des études d’impact environnemental avant d’ériger des constructions.