La ville de Bujumbura fait face à de nombreuses catastrophes naturelles. Les glissements de terrain, les inondations, les éboulements, les pluies torrentielles…sont la manifestation du changement climatique. Ce phénomène menace les infrastructures socio-économiques et les habitants de la capitale économique. En l’espace de trois semaines, environ 40 personnes ont péri dans des incidents provoqués par les pluies diluviennes ou les glissements de terrain renseignés ici et là à travers le pays. On enregistre également de nombreux dégâts matériels. Des champs de cultures complètement englouties ou emportées, des routes et des maisons détruites, des toitures des écoles complètement délabrées, etc. Les pertes sont énormes du point de vue économique. Les catastrophes sont récurrentes, surtout pendant la saison des pluies.
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Les activités anthropiques sont à l’origine de ce phénomène souvent assimilé au « surnaturel ». Les montagnes qui surplombent la ville de Bujumbura sont dénudées. Le galop démographique fait que les populations abusent de la biodiversité. Le déboisement et l’exploitation illégale des carrières fait disparaître petit à petit le couvert végétal. Ainsi, les eaux de pluie ruissellent vers les bas-fonds au lieu de s’infiltrer dans le sol. Elles charrient les débris végétaux, les lits des rivières se creusent de plus en plus et les rives s’élargissent au file des années. Les alluvions bloquent le passage des eaux de pluie. Ce qui entraine des crues qui débordent jusque dans les habitations. D’où les inondations au niveau de la ville de Bujumbura. Les pratiques agricoles favorisent l’érosion superficielle. L’hypothèse du non-respect des règles urbanistiques de construction dans les centres urbains n’est pas à écarter. L’aménagement du territoire urbain fait défaut dans un contexte d’expansion des villes. Par conséquent, les constructions sont érigées dans un désordre total. Les canalisations pour évacuer l’eau de pluies sont quasi-inexistantes dans bon nombre de quartiers. En cas d’intempéries, les eaux se fraient un chemin pour atteindre les cours d’eau.
Pour avoir des communautés résilientes aux changements climatiques, la préservation de l’environnement est une obligation. Les autorités habilitées doivent arrêter une série de mesure pour réduire le rythme du déboisement. De plus, les actions de reboisement et de protection des terrains à forte pentes doivent être menées en amont. Le respect des normes de construction devrait être une réalité si on veut réellement avoir des villes qui résistent aux catastrophes. Le pays se dote déjà d’un cadre juridique et institutionnel en matière de prévention et de gestion des catastrophes. Nous saluons la mise en place des plateformes jusqu’au niveau décentralisé, mais encore faudra-t-il disponibiliser des fonds pour la prévention et la gestion des catastrophes. Le gouvernement et ses partenaires techniques et financiers devraient conjuguer les efforts pour voler au secours des populations. De toutes les façons, si on veut réellement riposter contre les catastrophes naturelles, la protection de l’environnement est un antidote. Cela implique la gestion rationnelle des ressources naturelles et l’investissement dans les activités de régénération de la nature. A défaut de quoi, les dégâts seront incommensurables et le coût de l’inaction sera énorme.