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Des marchés « moribonds » !

Les marchés réhabilités peinent à fonctionner. La plupart des échoppes internes sont inoccupés. Les commerçants désertent un à un les stands pour s’installer dans d’autres marchés ou à l’intérieur de leurs quartiers. L’un des facteurs de ce phénomène semble être la mauvaise organisation au niveau de ces marchés. Après la réception définitive de ces infrastructures, l’autorité municipale a morcelé les espaces en infimes parties d’environ 2 mètre carré pour y ériger le maximum de stands. Bien sûr cela aurait généré des recettes conséquentes au niveau de la Mairie, mais on n’a pas tenu compte des normes d’organisation d’un marché. Celui-ci doit disposer d’allées pour faciliter la circulation des clients. Au contraire, si les allées sont trop étroites, la mobilité des acheteurs et des vendeurs est perturbée. En plus de l’aménagement des allées, le marché doit être éclairé. S’il n’y a pas de lumière, personne ne circulera dans l’obscurité. Il importe également de bien répartir les hangars en fonction des articles. Bref, chaque marché nécessite une organisation spécifique.

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Un marché moderne ne s’improvise pas. Il se crée là où il y a l’activité commerciale. L’emplacement d’un marché par rapport à d’autres marchés joue également un rôle prépondérant. Le marché Ngagara II dit COTEBU construit pour accueillir les sinistrés du marché central de Bujumbura n’a pas jusqu’ici retrouver son élan. Des mesures ont été prises pour revitaliser ce marché, mais sans succès. Nous citerons notamment le déménagement de la gare du Nord, la fermeture du Grenier du Burundi reconnu pour la qualité de ses fruits et légumes. Cependant, ces mesures n’ont pas produit les résultats escomptés. Les échoppes internes restent pour le moment vides. On y trouve deux ou trois articles délaissés. Elles restent scellées. D’ailleurs, l’autorité municipale a décidé de détruire la plupart des stands inoccupés pour réaménager le marché. Pourvu que cette stratégie réussisse.

Les marchés de Ngagara et Jabe présentent une particularité. Après la réhabilitation, l’occupation de ces marchés a pris du retard. Ce qui fait que les anciens occupants avaient déjà acquis des stands dans d’autres marchés.  De plus, les petits marchés installés aux alentours les concurrencent. Le marché de Ngagara est presque vide. Environ 80 % des stands ne sont pas occupés. Les commerçants ne savent pas à quel saint se vouer. En tout cas, sans clientèle, aucune stratégie n’est envisageable pour accroître l’activité au niveau ce marché. Si cette situation perdure, le marché risque de fermer. Le premier objectif de tout commerçant est de générer des profits.

Les marchés ont été réhabilités sur financement de l’Union Européenne à travers le Fonds Européen de Développement (FED) à plus de 4 millions d’Euros. Le projet visait à relancer les activités commerciales après l’incendie du 27 janvier 2013 qui a ravagé le marché central. Il serait judicieux que les pouvoirs publics prennent le taureau par les cornes pour ne pas décevoir les attentes des partenaires. Sinon mobiliser autant d’investissements pour enfin se retrouver avec des marchés vides risquerait de décourager les efforts de nos partenaires techniques et financiers.

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