La recrudescence des incendies alimente les débats sur les mécanismes de prévention et la riposte face à ces incidents. En l’espace de quatre mois, les pertes économiques liées aux incendies sont incommensurables. En moyenne, cinq incendies ont été signalés dans la ville de Bujumbura entre septembre 2024 et février 2025. Les autorités municipales encouragent les occupants des centres commerciaux à prendre les mesures nécessaires pour minimiser les dégâts liés aux incendies
Les incendies à répétition alimentent les inquiétudes des hommes et femmes d’affaires de la capitale économique Bujumbura.
Les incendies à répétition alimentent les inquiétudes des hommes et femmes d’affaires de la capitale économique Bujumbura. Le 19 février 2025, la galerie dénommée DIKO a été la cible d’un incendie dévastateur. La plupart des échoppes ont été calcinées avec leurs contenus. L’endroit abritait notamment des pharmacies, des bureaux d’avocats, des boutiques d’articles divers, des maisons de décoration, ainsi que des mini-imprimeries. Bref, des centaines de personnes se retrouvent dans une situation de détresse extrême à cause de cet incendie.
Une batterie de mesures contre les incendies
Au lendemain de cet incident, le maire de la ville de Bujumbura a réuni tous les gérants de marchés et les responsables des galeries pour étudier les mesures de prévention contre les incendies. Il a été constaté que l’occupation anarchique des allées servant de passage aux camions anti-incendie ne facilite pas le travail des sapeurs-pompiers. Ce qui augmente les risques de propagation rapide des flammes en cas d’incendie.
A l’issue de la réunion, Jimmy Hatungimana a annoncé une série de mesures pour réduire les cas d’incendies, lesquels engendrent d’importantes pertes économiques. Dans tous les marchés et les galeries, les espaces réservés au passage des camions anti-incendie devront être dégagés dans les plus brefs délais. Il exige également l’installation de caméras de surveillance dans tous les marchés et galeries pour mieux détecter l’origine des incendies, bien que cette mesure soit difficile à appliquer dans un contexte d’instabilité du réseau électrique.
Une autre décision prise concerne le recrutement d’agents de sécurité formés à la détection et à l’extinction des foyers d’incendie. Cela permettra de contenir les feux en attendant l’intervention des sapeurs-pompiers.
Un phénomène qui se répète
La fréquence des incendies inquiète plus d’un dans notre pays. Les maisons d’habitation, les bus de transport, les motos, ainsi que les marchés, sont souvent pris pour cible. Il en va de même pour les infrastructures économiques. Le 26 février 2025, une antenne relais d’une société de télécommunication a pris feu en plein centre-ville. C’était vers 9h30 du matin. Les batteries servant de source d’énergie de secours en cas de coupures d’électricité auraient explosé, provoquant un incendie. La police anti-incendie est intervenue avant que les flammes n’atteignent d’autres bâtiments.
Le 27 septembre 2024, le bar très animé Win Club, situé au Boulevard de l’Uprona, a été calciné en pleine journée. Des dégâts énormes ont été déplorés et une personne y a péri en tentant de récupérer le coffre contenant de l’argent. Le même mois, deux incendies ont été déclarés dans la commune de Ntahangwa : un incendie au marché Kamenge, mais les secours sont rapidement intervenus avant que la situation ne dégénère, et un autre incendie au marché des meubles en bois de Mutanga Nord. Dans ce dernier cas, le feu a consumé l’ensemble des meubles en confection, les planches et les machines, laissant les menuisiers et les exploitants de quincailleries dans le désarroi.
En décembre 2024, un grand magasin de trois niveaux, ADAMS TRADING, situé au quartier asiatique, a été entièrement ravagé par un gigantesque incendie.
Les galeries et marchés de la mairie de Bujumbura sont exposés au risque d’incendie.
Des gestes qui sauvent
Dans la plupart des cas, l’incendie commence à un endroit précis avant de se propager. L’attitude à adopter dans les premières secondes de l’incendie est cruciale. Si vous ne maîtrisez pas la situation, il est préférable d’appeler immédiatement les secours au numéro vert 103. Chaque seconde qui passe met en danger votre vie. Malheureusement, en cas d’incendie, la plupart des gens pensent d’abord à sauver leurs biens, tandis que les flammes se propagent.
Les commerçants doivent souscrire à une assurance incendie auprès des compagnies d’assurance. Cela leur permettrait de compenser les pertes en cas d’incendie. La micro-assurance pourrait inciter les petits commerçants, ou ceux qui sont encore en phase de démarrage, à payer régulièrement leurs primes d’assurance.
Le danger reste imminent
Dans nos reportages, nous avons mis en évidence le fait que les galeries et marchés de la mairie de Bujumbura sont exposés au risque d’incendie. A titre d’illustration, la plupart des marchés ne disposent pas de systèmes anti-incendie, encore moins de détecteurs de fumée. Là où ils existent, ils ne sont plus fonctionnels. Pire encore, les dispositifs anti-incendie ne sont pas entretenus régulièrement.
En 2022, les commissaires des marchés, les commerçants et les agents de sécurité ont été formés à la lutte contre les incendies. Malgré les efforts fournis, le manque de camions anti-incendie, de camions-citernes et d’équipements pour les sapeurs-pompiers demeure un défi majeur pour la police de la protection civile.
La société civile appelle les autorités compétentes à renforcer les mesures de sécurité dans les zones commerciales du pays afin de garantir un environnement sûr pour les commerçants et les citoyens, et éviter que de tels incidents ne se reproduisent à l’avenir.