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Des réformes pour tenter de revivifier le système éducatif

Après les États généraux sur l’éducation de 2022, un groupe d’experts vient de formuler plusieurs recommandations pour améliorer le système éducatif du Burundi. Parmi les propositions clés figurent la réintroduction de la 10e année de l’école secondaire et l’augmentation des heures de cours.

Le système éducatif burundais ne respecte pas pleinement les normes internationales et régionales en matière de durée d’apprentissage.

 

Le ministère de l’Education nationale et de la Recherche Scientifique a mis sur pied une commission technique afin de proposer des solutions visant à améliorer la qualité du système éducatif. Ce groupe d’experts propose, entre autres, la réintroduction de la 10e année de l’école secondaire, qui avait été supprimée. Il propose également la suppression de la section des Sciences sociales et humaines. C’est du moins les grandes recommandations formulées lors d’un atelier organisé les 13 et 14 février 2025 à Gitega, visant à enrichir le rapport d’évaluation du système éducatif burundais. Cet atelier avait pour objectif d’aligner le système éducatif du pays avec les aspirations de la vision Burundi émergent en 2040 et développé en 2060.

Professeur André Nduwimana, cadre audit ministère et membre de cette commission a expliqué que la suppression de cette année scolaire avait entraîné une réduction significative des heures de cours. Au moment où les normes de l’UNESCO exigent un minimum de 1 050 heures de cours par an, les élèves restent en classe qu’une fraction de ce temps. Lui et ses collègues estiment que rétablir cette année scolaire serait essentiel pour améliorer la qualité de l’éducation, car le niveau des connaissances des élèves a drastiquement chuté.

Ce groupe d’experts souligne qu’il est désormais difficile pour les enfants de s’exprimer dans les langues étrangères, notamment le français comparativement à ceux qui ont fait la vieille école. Cela est le résultat de la réduction des heures d’enseignement. En outre, la section des langues n’a pas progressé comme prévu et les salles de classe sont désormais saturées. Les infrastructures obsolètes et mal adaptées aux exigences pédagogiques modernes et l’insuffisance du matériel didactique ne facilitent pas le travail de transmission du savoir. Selon M. Nduwimana, comparé à d’autres pays de la région, les élèves burundais consacrent moins d’années à leur formation.

Le groupe d’experts a également constaté que les étudiants des facultés de l’Université du Burundi, ainsi que de l’Institut de Pédagogie appliquée (IPA) et de l’École normale supérieure (ENS), manquent de compétences suffisantes dans leurs domaines d’études. Il est donc recommandé de prévoir une année supplémentaire à leur cursus afin qu’ils suivent quatre années d’études au lieu de trois. Durant cette année supplémentaire, les futurs enseignants auront l’occasion de se familiariser avec le métier à travers l’encadrement pédagogique.

Quid des réformes déjà initiées ?

Le ministre en charge de l’Éducation, Pr. François Havyarimana, a rappelé que, depuis 2013-2014, plusieurs réformes ont été mises en place dans le système éducatif, allant de l’enseignement primaire et secondaire à l’enseignement universitaire. Ces réformes ont notamment donné naissance aux écoles fondamentales, post-fondamentales, ainsi qu’au système Baccalauréat-Master-Doctorat (BMD) dans les universités. Il est désormais nécessaire d’évaluer si les objectifs fixés ont été atteints.

Malgré la mise en œuvre de ces réformes, il a noté que des inspections approfondies n’ont pas encore été réalisées. Ce qui complique la compréhension de l’état réel du secteur éducatif. Le ministre a invité les participants à examiner attentivement le rapport d’évaluation élaboré par l’équipe technique, afin de formuler des contributions qui alimenteront les innovations nécessaires pour répondre aux préoccupations de la population et du pays.

Enfin, le ministre reconnaît que l’atelier a permis de constater que le temps d’apprentissage dans le système éducatif burundais est insuffisant. Par exemple, le temps consacré à l’enseignement du français est bien inférieur à celui de l’ancien système. Ce qui se traduit par des lacunes chez les élèves actuels. Pour y remédier, les participants proposent de revoir à la hausse le temps d’apprentissage des élèves. Des stratégies ont été élaborées et seront soumises à une autorité compétente pour évaluation. En outre, il a été constaté que le système éducatif burundais ne respecte pas pleinement les normes internationales et régionales en matière de durée d’apprentissage.

Pour améliorer le système éducatif, il est essentiel d’introduire de nouvelles filières de formation, tant au niveau de l’enseignement post-fondamental que dans l’enseignement supérieur. Une requête formelle sera prochainement adressée aux ministères et aux entreprises publiques et privées pour leur contribution à l’élaboration de ces nouvelles filières, conclut le ministre Havyarimana.

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