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Désarroi de certains burundais suite au changement climatique

Les conséquences liées au changement climatique ne cessent de s’aggraver sur une partie non négligeable du pays. Pour les prévenir, le respect des lois, la mise en place  de la cartographie des risques de catastrophes, l’implication de tout le monde dans la protection de l’environnement sont une nécessité

Les radios Isanganiro, Rema FM et Izere FM ainsi que le groupe de presse Iwacu, le journal Burundi Eco et le collectif des blogueurs Yaga sous l’appui financier de la Benevolincia ont organisé  ce jeudi le 10 septembre 2020 une synergie des médias sur les effets du changement climatique au Burundi.  Au chef- lieu de la province Muyinga, on a précisé que les habitants du quartier Kinyota vivent la  peur au ventre suite au ravin qui ne cesse de s’agrandir à cause des crues des fortes précipitations.  Selon Mme Nadia Habonimana, certaines infrastructures riveraines se sont déjà effondrées quand d’autres sont au bord du gouffre. Le robinet d’eau qui se trouve à cet endroit a été endommagé par les eaux de ruissellement. De plus, on nous a signifié qu’un enfant nous a aussi quittés suite aux eaux de pluies qui passent par ce ravin. Selon Ibrahim Niragira, le traçage des haies anti érosives est une nécessité pour combattre l’érosion qui contribue à la création des ravins.

Le phénomène de ravinement fait des ravages dans certains quartiers de la municipalité de Bujumbura. L’exemple le plus emblématique est le ravin qui sépare les quartiers Kamesa et kinanaira II de la zone Musaga.

A Bujumbura, la montée des eaux du lac Tanganyika pose aussi problème aux riverains. Ils lancent un cri d’alarme du fait que leurs infrastructures sont submergées. Certaines paillotes implantées sur des plages comme Petit Bassam, Karera Beach, Borabora, Saga plage, etc ont été inondées. Et d’ajouter le phénomène de ravinement qui fait des ravages dans certains quartiers de la municipalité de Bujumbura.  L’exemple le plus emblématique est le ravin qui sépare les quartiers de Kamesa et de kinanaira II dans la zone Musaga. Les habitants s’en inquiètent.  Ils sont au four et au moulin. A Rumonge, les quartiers comme Kanyenkoko sont inondées.  On est entrain de réhabiliter les infrastructures endommagées suite aux eaux de pluie. Les poteaux électriques estimés à trois sont tombés dans les eaux du lac Tanganyika.

Les effets du changement climatique sont énormes

Selon Anicet Nibaruta, directeur adjoint de la protection civile et secrétaire exécutif de la plateforme nationale pour la prévention et la gestion des catastrophes, les conséquences liées au changement climatique sont énormes. Chaque année, on enregistre des pertes en vies humaines et matérielles. Des blessés et des déplacés aussi. En 2014, 78 cas de décès ont été enregistrés suite aux inondations à Gatunguru en commune Ntahangwa. 20 000 personnes ont été déplacées. Des routes et des ponts ont été abimés.

Vers la fin du premier semestre de l’an 2020, la population de la zone Gatumba a été aussi victime des inondations liées au débordement des eaux de la rivière Rusizi associée à la montée des eaux du lac Tanganyika.  Les victimes ont été  à toute bride délocalisées. Elles ont été installées dans 4 sites. Le 1er site est  Maramvya Sobel où ont été installés 572 ménages avec une population de 2850 personnes dont 1309 de sexe masculin et 1581 de sexe féminin. Le 2ème est Kinyinya II qui compte 2525 ménages avec une population de 13 635 personnes dont 6409 de sexe masculin et 7226 de sexe féminin. Le 3ème est Kigaramango où ont été installés 1314 ménages avec une population de 6766 personnes dont 2921 de sexe masculin et 3845 de sexe féminin. Le 4ème est Maramvya Kirwati-Mafubo où ont été installés seulement 133 ménages avec une population de 746 personnes dont 362 hommes et 384 femmes.  Au total, on a dénombré 4544 ménages avec une population de 24 034 personnes dont 11 001 de sexe masculin et 13 036 de sexe féminin victimes des inondations de Gatumba. De plus, Nibaruta cite les victimes des inondations survenues au quartier Uwinterekwa estimés à 101 ménages. A ce même endroit, on a enregistré 15 cas de décès. Le site de Mubone abrite plus de 740 ménages victimes des inondations de Buterere et de Kinama.

A Cibitoke, et plus particulièrement dans la commune Mugwi plus de 20 personnes ont perdu la vie. Plus de 250 ménages n’ont pas où loger. Selon Nibaruta, toutes ces statistiques montrent réellement que le Burundi est confronté aux effets du changement climatique.

Certaines victimes accusées d’être à l’origine de leurs malheurs

Omer Niyonkuru de l’Office Burundais de l’Urbanisme et de l’Habitat (OBUHA) affirme que les dégâts liés aux catastrophes naturelles sont énormes au Burundi.  Néanmoins, il indique que les victimes ont une part de responsabilité dans les malheurs qui les frappent. On construit pêle-mêle et n’importe où. Même dans les marais ou dans les ravins. Selon Niyonkuru, l’OBUHA n’est pas omniprésent pour décourager toute personne ayant l’intention de construire anarchiquement. Il demande donc aux administratifs locaux de donner leur contribution pour inverser la tendance. Il fait remarquer qu’un numéro vert va être mis en place pour alerter dans de tels cas.

Selon Jean Marie Sabushimike, professeur à l’Université du Burundi, les dégâts ne sont pas seulement liés au changement climatique. Il y a aussi d’autres facteurs. La population ne sait pas ce que c’est le changement climatique et ses effets. Même si on accuse les administratifs locaux de ne pas contribuer à la lutte contre les constructions anarchiques, Sabushimike réfute cela en arguant que ces derniers ne sont pas à mesure de se rendre compte si cela va générer des conséquences graves après un certain temps. De plus, il y a un problème d’aménagement du territoire, de non respect des textes comme les codes de l’eau et de l’urbanisme. Et d’ajouter la pauvreté des ménages associée à la démographie galopante qui fait qu’on se permet de construire  n’ importe où et n’importe comment. Un autre défi est qu’il n’existe pas de législation sur la gestion et la prévention des catastrophes. De surcroît, on n’a pas mis en place une cartographie des risques de catastrophes qui détermine les zones à très haut risque.

Pour inverser la tendance, Nibaruta demande le respect strict des lois et la suspension de l’extraction anarchique des matériaux de construction dans les rivières.

Notons que le budget destiné à la prévention des risques de catastrophes au cours de l’année 2020-2021 est estimé à 100 millions de FBu. 

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